C’est, en effet, plus du tiers des 334 personnes qui ont été aidées et accompagnées au cours de la dernière année par l’organisme basé depuis 1988 à Saint-Eustache, toutes ressources confondues, qui étaient en situation d’itinérance.
En fait, ce sont exactement 227 personnes en pareil cas que l’ACJ+ a aidées et accompagnées. C’est l’équivalent de 67,9 % de l’ensemble de sa clientèle, soit 35,9 % de plus qu’en 2018-2019, alors que 167 personnes avaient fait appel aux ressources d’itinérance offertes par l’ACJ+.
« La réalité frappe durement la MRC de Deux-Montagnes. Il y a une forte hausse de personnes en situation d’itinérance ou qui risquent de se retrouver à la rue. Juste à l’Accueil de jour, nous accueillons à tous les jours entre 15 à 20 personnes qui sont à la rue et qui viennent pour répondre à leurs besoins de base […] À l’hébergement du Répit de la rue [services de dépannage de jour mixte pour les personnes itinérantes de 18 ans et plus] et de l’Accueil communautaire jeunesse [services d’hébergement mixte pour les 16 – 25 ans], c’est toujours plein et il y a de l’attente », témoigne Marie-Claude Renaud, directrice de Les Ressources communautaires ACJ+.
Une clientèle qui provient d’un peu partout
Celle-ci explique que la majorité de la clientèle de son organisme est constituée d’hommes, quoique, fait-elle remarquer, la clientèle féminine est en hausse. « L’âge moyen est de 45 ans. La clientèle provient d’un peu partout. Mais, difficile de spécifier cela puisque la clientèle itinérante est par définition en mouvement […] L’itinérance a plusieurs visages. Il y a des personnes que l’on connaît depuis longtemps, d’autres qui sont nouveaux. Certains qui développent une chronicité, d’autres où c’est situationnel. Parfois, souvent, des problèmes de santé mentale, de la polytoxicomanie. Ou des coups durs de la vie : séparation, deuil, perte d’emploi; parfois toutes ces situations arrivent en même temps. Ou des problèmes de dépendances de toutes sortes : drogue, alcool, jeu. Difficulté avec la justice, difficulté financière. Encore une fois, ce n’est pas qu’une chose, c’est multifacteurs », précise Marie-Claude Renaud qui gère un budget de 1,5 M par année, dont environ 600 000 $ sont dédiés spécifiquement à l’itinérance.
Des pistes de solution, mais…
À son avis, cela prendrait des lieux d’accueil plus grands et pouvant accueillir plus de personnes, car, dit-elle, « tous nos lits sont toujours pleins et l’accueil de jour déborde ». Du même souffle, celle-ci ajoute : « Nous aimerions offrir davantage de services, de places, offrir des logements de transition, de l’hébergement à plus long terme pour permettre aux personnes de prendre le temps de se réorganiser. Avoir plus d’argent pour payer des épiceries, des loyers en retard pour ceux qui ont un lieu de résidence et qui sont à risque de le perdre. Offrir davantage de présence en soutien communautaire en stabilité résidentielle avec accompagnement et du soutien à la recherche et au maintien du logement.
Mais, nuance-t-elle : « En même temps, nous n’avons pas le budget nécessaire pour avoir plus de ressources humaines. La difficulté de recruter et la rétention du personnel frappent cruellement. Nous n’avons pas les ressources financières pour payer le personnel adéquatement. La réalité de la clientèle qui s’alourdit et où la recrudescence de la violence est de plus en plus importante et rebute plus d’un employé ».
Et quelles seraient les solutions à mettre de l’avant pour aider l’ACJ+ à offrir des services jugés satisfaisants dans les circonstances ? « S’unir, acheter [des immeubles] ce qui est sur le marché et le convertir. Travailler rapidement sur des projets concrets et présenter des projets porteurs, qui coûtent plus chers et qui sont réalisables à plus longs termes », énumère, sans hésiter, Marie-Claude Renaud
Enfin, questionnée sur le constat à faire sachant que des milliers de personnes – jeunes, aînés, hommes, femmes, autochtones, immigrants – se retrouvent et vont se retrouver en 2025 en situation d’itinérance au Québec, la directrice de Les Ressources communautaires ACJ+ y va de cette réponse : « Le mal de vivre et la perte de sens ont des impacts majeurs sur la qualité de vie des personnes. Nous pouvons constater les effets pervers du choix que nous faisons collectivement de vivre dans une société de consommation. Le capitalisme mène notre société vers le déclin. N’assistons-nous pas au déclin de l’empire américain ? ».
Pour en savoir davantage, consultez le site web de l’ACJ+ ou encore sa page Facebook.
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ACJ+
Itinérance Saint-Eustache et environs
Marie-Claude Renaud
Ressources communautaires ACJ+