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Ces infirmières qui interviennent auprès de personnes à risque de surdose

Photo iStock – Le programme SIDEP aide les populations vulnérables avec des services de prévention et réduction des méfaits.

Ces infirmières qui interviennent auprès de personnes à risque de surdose

Publié le 31/01/2025

Depuis quelques années, la Direction de la santé publique tente une nouvelle approche auprès des populations vulnérables aux infections transmises sexuellement ou par le sang en déployant directement sur le terrain une équipe d’infirmières cliniciennes avec tout le matériel d’intervention et de prévention, tel que le prévoit le programme SIDEP.

En 2024, les infirmières cliniciennes du SIDEP sont intervenues à 1016 reprises dans les municipalités des MRC Thérèse-De Blainville et MRC de Deux-Montagnes avec leur matériel, contribuant ainsi à sauver des vies. 

Mais qu’en est-il exactement de ce programme de Services intégrés de dépistage et de prévention (SIDEP) mené dans la région par le CISSS des Laurentides ? Dans un entretien accordé au Journal, le Dr Catherine Aubut et l’infirmière clinicienne Julie Boisclair ont bien voulu en expliquer les grandes lignes.

Catherine Aubut est l’une des responsables du Programme Prévention des surdoses et de Réduction des méfaits à titre de médecin-conseil à la Direction de santé publique du Québec alors que l’infirmière clinicienne Julie Boisclair vient récemment de se joindre à l’équipe Conseil de la santé publique après avoir longtemps agi directement sur le terrain auprès de la clientèle à risque.

Ensemble, elles veillent au bon fonctionnement de ce programme par lequel on tente de joindre une clientèle ayant des besoins importants et qui ne franchit pas facilement la porte des centres de santé.

Intervention terrain

Un programme pourtant nécessaire et qui a été mis sur pied en vue de rejoindre une clientèle plus vulnérable aux Infestions transmises sexuellement et par le sang et qui ne consulte ou ne se rend pas dans les points de services du CISSS.  Une clientèle tout de même diversifiée :  homosexuels, transsexuels, consommateurs de drogues par injection ou inhalation, prisonniers, jeunes en difficulté, travailleurs du sexe ou encore des autochtones ou individus provenant de région en forte présence du VIH.

Certains d’entre eux ne connaissent pas l’étendue des services du CISSS ou ne sont pas capables de prendre rendez-vous par téléphone ou en ligne.

« La mission de ce programme-là, c’est d’établir une approche plus humaine envers des populations vulnérables », affirme la Dr Catherine Aubut.

Trois infirmières cliniciennes s’activent quotidiennement sur le terrain, sur appel d’un client ou à la demande d’organismes qu’elles visitent régulièrement.

« On essaie vraiment de rejoindre des gens qui sont désaffiliés de nos services ou qui ne sont pas capables, qui ne sont pas en mesure de planifier, de prendre rendez-vous de façon usuelle ou des gens qui sont méfiants des services ou encore des gens qui ont peur d’être stigmatisés », explique Julie Boisclair.

Sauver des vies

Dans leur travail quotidien, les infirmières transportent avec elles du matériel précieux dans leur valise et glacière : vaccins, contraceptifs, tests de grossesse, pilules du lendemain et du matériel d’injection sécuritaire ou des trousses de Naloxone, afin de renverser les intoxications et surdoses aux opioïdes. Entre autres.

Parfois, l’infirmière ira jusqu’à fournir une pipe à crack, un garrot, des tampons de désinfection, afin de limiter les dégâts, gestes qui trouvent tout leur sens avec l’approche de «réduction des méfaits».

Il faut savoir que le nombre de décès dû aux opiacés est en hausse dans la région, depuis quelques années. De 22 décès enregistrés en 2018, ce nombre a atteint 32, en 2024 sur le territoire du CISSS des Laurentides.

Mais les surdoses ne sont pas toutes mortelles, signalent au passage les deux professionnelles. D’ailleurs, le CISSS des Laurentides veut revoir son plan de surveillance des cas de surdoses régionales, question de mesurer l’impact de son programme de prévention.

« On n’a pas beaucoup de déclarations qui nous sont faites pour les surdoses non mortelles pour le moment. On a vraiment juste la pointe de l’iceberg et on fait des efforts en ce moment pour essayer d’avoir plus d’informations sur les surdoses qui sont non mortelles. »

Prévenir et sensibiliser

La vigie des surdoses ne concerne pas strictement les cas d’opioïdes, mais comme le Naloxone permet de les prévenir, l’équipe du programme SIDEP privilégie une approche interventionniste. Et auprès des consommateurs de crack, de cocaïne ou encore d’amphétamines, des substances injectées ou inhalées et souvent coupées avec des opiacés.

L’équipe du programme SIDEP s’assure d’agir en collaboration avec l’équipe de la santé mentale ainsi qu’avec les organismes communautaires et les banques alimentaires où ils font connaître leurs services.

C’est que les intervenants, notamment les infirmières terrain, doivent établir un lien de confiance avec la clientèle visée. Ils se rendent donc dans les banques alimentaires, dans des événements ponctuels comme La nuit des sans-abri pour faire de la sensibilisation.

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