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Le chef Serge Otsi Simon appelle à aider le peuple mohawk

Photo: Benoît Bilodeau –

Serge Otsi Simon, chef au conseil de bande de Kanesatake.

Le chef Serge Otsi Simon appelle à aider le peuple mohawk

Publié le 31/10/2024

Profitant du lancement de la Charte d’engagement pour la protection du lac des Deux Montagnes, le chef Serge Otsi Simon, du conseil de bande de Kanesatake, a appelé les intervenants présents, provenant des milieux municipaux, environnementaux et récréotouristiques, à aider le peuple mohawk à « rétablir sa propre place en société ».

« Je vous le demande à chacun [d’entre vous]. Si vous êtes capable de faire ça, vous allez voir du progrès. Parce que les Mohawks sont très résilients. Ils veulent une économie stable, un environnement stable. La même chose que vous. On a plus en commun que ce qu’on a qui nous divise. Et on l’oublie », a lancé celui qui a réintégré le conseil de bande de Kanesatake comme chef en janvier 2023, après en avoir été le grand chef pendant 10 ans, de 2011 à 2021.

Invité à prendre la parole à la toute fin de cette cérémonie de lancement qui a réuni une cinquantaine d’intervenants au Parc national d’Oka, le mardi 1er octobre dernier, le chef Serge Otsi Simon a mentionné que la protection du lac des Deux Montagnes passait nécessairement par un appui envers la communauté de Kanesatake.

Des Mohawks démunis de toute voix

« On le sait, on le pense tous, la présente situation n’est pas favorable. Ce n’est pas en l’ignorant que ça va changer. C’est sûr que votre influence va pouvoir aider. Et pas juste le lac des Deux Montagnes. Mais aider le peuple de Kanesatake à se rétablir comme une société responsable. La majorité des gens par chez nous, ce n’est pas leur volonté de voir ce que vous voyez là. C’est parce qu’ils sont démunis de toute leur voix, de toute leur capacité de faire les changements eux-mêmes », a poursuivi le chef mohawk, faisant remarquer qu’on avait « presque oublié » d’inviter sa communauté à ce lancement.

Pour illustrer son propos montrant que son peuple est ignoré par les gouvernements fédéral et provincial, le chef Serge Otsi Simon a rappelé ces camionneurs qui déversaient des sols possiblement contaminés dans les eaux du lac des Deux-Montagnes. « M. Quevillon [maire de la Municipalité d’Oka] s’est prononcé devant les médias, et le lendemain, les camions, on les arrêtait. On a fait quelque chose. Nous, ça fait 10 ans que personne ne nous écoute… », a-t-il dit.

Enfin, le chef mohawk a insisté sur le fait qu’il fallait « trouver une manière de travailler ensemble, de vivre, de coexister en paix ». « Comme j’ai dit, je suis démuni de toute illusion. J’ai abandonné l’idée de la réconciliation avec les gouvernements, pas avec la société. Ce sont deux différentes choses. Les gouvernements parlent de réconciliation, mais les principes de base qui nous aideraient à nous réconcilier, il n’y a [à cet égard] aucune volonté au niveau fédéral, même au niveau provincial. On essaie de se rapprocher. Les gouvernements nous en empêchent. Ce sont eux le mur qui nous empêche de parler entre nous, de protéger notre environnement […] C’est clair que vous avez une position de leadership pour pouvoir influencer les gouvernements qui nous ignorent. Je suis ici tout simplement pour vous rappeler qu’on est là et que nous pouvons commencer un nouveau chapitre ensemble ».

Des propos appuyés par le maire d’Oka

Interrogé à la suite de cette intervention, le maire d’Oka, Pascal Quevillon, a appuyé les propos du chef Serge Otsi Simon.

« Pendant 10 ans, comme grand chef, il a demandé à plusieurs reprises d’avoir des interventions, que ce soit de la Sûreté du Québec, du ministère de l’Environnement et tout [… ] Ce qu’ils veulent, c’est d’être écoutés. Ils ont droit à la même sécurité, ils ont le droit aux mêmes services que l’ensemble des citoyens et à la même écoute », de commenter M. Quevillon.

Celui-ci juge, en outre, que la Loi sur les Indiens représente un frein à la réconciliation : « C’est une loi qui a été adoptée dans les années 1800 [NDLR: en 1876, pour être précis]. Si l’on veut les intégrer, si l’on veut une réconciliation, il faut revoir cette loi qui est hyper raciste ».