Pour Priscilla Lamontagne, l’engagement n’est pas seulement personnel, il est aussi générationnel : « Je me sens une responsabilité d’être un modèle, et de m’assurer que ma fille et les gens qui vont suivre aient envie de s’impliquer », dit Priscilla.
Sans dire que les absentes ont toujours tort, pour elles, la présence en soi est un acte politique, une manière de dire que l’espace public n’appartient pas à un seul genre.
Marie-Noëlle Closson-Duquette, elle, confie avoir été tentée de se confiner à des thèmes jugés plus “naturels” pour une femme. « Par réflexe, je disais peut-être itinérance, communautaire. » Mais un jour, son chef Yves-François Blanchet l’a interpellée : « Tu, es avocate en droit des affaires, tu étais présidente de Chambre de commerce, tu vas prendre les dossiers économiques. »
Cette expérience lui a fait comprendre que l’auto-censure existe aussi. « Souvent, on se limite à la culture ou au communautaire. Mais nous-mêmes, on a cette responsabilité de lever la main et de dire : les dossiers économiques, ça m’intéresse. »
Ce pas de côté, nécessaire, devient une étape clé pour occuper pleinement l’espace décisionnel.
Une question de mission
Pour Jacynthe Prince, le sens de son engagement va au-delà de sa propre trajectoire. Elle parle d’une mission :
« Je veux porter la voix de ceux qui n’en ont pas. C’est l’élément principal pour lequel je me suis présentée. »
Cette volonté de représenter les sans-voix ramène la discussion à l’essence même de la démocratie : élargir la conversation, inclure ceux qui en sont exclus, diversifier les regards.
Toutes mesurent aussi la montée des courants hostiles, souvent portés par un masculinisme assumé. La démocratie, rappellent-elles, peut basculer vite. Les reculs sont possibles, parfois rapides. D’où l’urgence de continuer à occuper l’espace, à revendiquer, à former une relève.
Au fond, leur message converge : la démocratie ne peut se contenter de demi-mesures. Pour Linda, la formule est simple : « On est la moitié de la population, ça prend la moitié de la table. »
Et cette moitié n’est pas qu’une affaire de chiffres. Elle incarne une diversité de vécus, de sensibilités, d’approches qui enrichissent le débat public et rendent les décisions plus justes.
Assises à la même table, inspirées au point d’en épuiser les batteries des caméras, Linda Lapointe, Priscilla Lamontagne, Marie-Noëlle Closson-Duquette et Jacynthe Prince incarnent la politique au féminin au-delà du symbole.
À lire dans le cadre de la série Ici, elles s’engagent
Entre doutes et détermination
Le climat politique et la bataille pour l’authenticité
Conseils et outils pour les femmes souhaitant se lancer en politique municipale
MOTS-CLÉS
Ici, elles s'engagent!