Pluies diluviennes : Saint-Eustache moins touchée qu’ailleurs

Même s’il est tombé jusqu’à 140 mm de pluie en moins de deux heures dans certains secteurs de la Rive-Nord, la Ville de Saint-Eustache n’a, pour sa part, pas été touchée aussi durement qu’au mois d’août 2024, à la suite du passage de la tempête Debby.

« C’est bien moins pire », ont reconnu d’entrée de jeu le maire Pierre Charron et la directrice du Service des communications et des relations avec les citoyens Stéphanie Bouchard lorsqu’invités à faire le point sur la situation au lendemain de ces pluies diluviennes.

Malgré tout, ce sont tout de même de 25 à 50 millimètres de pluie, selon les secteurs, qui sont tombés sur Saint-Eustache en moins d’une heure, selon les pluviomètres de la Ville. Des appels ont commencé à entrer au « 911 » vers 15 h 22, avec une pointe vers 15 h 28. Dès lors, les services d’urgence se sont immédiatement mobilisés pour répondre aux quelque 45 appels reçus, principalement pour des problèmes en lien avec le réseau d’égout.

Déploiement d’une cellule de crise

Aussi, une cellule de crise, regroupant des représentants de la direction générale, des travaux publics, des incendies, de la police, des communications, du service des eaux, du 911, du développement de la communauté, de même que du génie et de la géomatique, a été déployée dès 15 h 30, afin de suivre et d’informer la population de la situation au fil de son évolution.

Au moment d’écrire ces lignes, la Ville de Saint-Eustache était d’ailleurs toujours à analyser les derniers événements et à dresser une cartographie des secteurs les plus touchés, mais aussi à se concentrer sur les cas des sinistrés qui lui ont été signalés et à coordonner ses interventions avec sa liste des personnes vulnérables pour s’assurer de leur bien-être.

« La Ville organisera de nouveau une collecte spéciale d’encombrants pour les sinistrés (détails à venir) et ne chargera pas de frais pour les demandes de permis en lien avec les réparations des habitations », de révéler Mme Bouchard, ce qui a été confirmé, dans la journée de lundi, dans un communiqué de presse.

Toujours à Saint-Eustache, des voies de circulation ont dû être temporairement fermées, mais ont pu être rouvertes une fois que la pluie a cessé. Cela a été le cas sur la 25^e Avenue, face à l’ancien BMR et au sud du chemin de la Grande-Côte, sur le boulevard Industriel, des rues Albert-Mondou à Poirier, et sur la rue Yves, à l’intersection de la rue Saint-Eustache.

Mesures prises et à venir

Questionnés sur les mesures prises pour pallier ces pluies diluviennes soudaines de plus en plus fréquentes, tant le maire Pierre Charron que la directrice Stéphanie Bouchard expliquent que la Ville a entamé, dans plusieurs secteurs de son territoire, des travaux majeurs de séparation de réseaux, car, avant 1972, au Québec, les réseaux d’égouts étaient du type ‘’unitaire’’, c’est-à-dire qu’une seule conduite recevait à la fois les eaux usées et les eaux de pluie.

En 2013, la Ville a donc entrepris un « ambitieux » plan d’action sur dix ans pour contrer le problème de débordements dans le réseau d’égouts, avec le soutien des gouvernements provincial et fédéral. « La Ville a ainsi investi plus de 14,5 M$ sur une période de 10 ans. Elle travaille présentement sur la mise à niveau des 43e à 45 Avenues, des rues Caron, Ducharme, Constantin et boulevard Pie-XII afin de séparer les eaux de pluie au réseau d’égout d’eaux usées », mentionne, en entrevue téléphonique, le maire de Saint-Eustache.

M. Charron et Mme Bouchard ajoutent, comme autres mesures, la tenue, en 2024, de rencontres d’information citoyenne afin d’améliorer la résistance des propriétés face aux inondations, de l’aide financière aux citoyens pour l’identification, par des professionnels, des vulnérabilités de leur propriété et la mise en place, dans un délai de cinq ans, de projets d’infrastructures vertes permettant de contenir les eaux de pluie.

Reconnaissant qu’il ne soit pas évident de se préparer tout à fait adéquatement à un ‘’acte de Dieu’’, le maire Pierre Charron se dit tout de même satisfait de la manière dont sa ville a géré la situation cette fois-ci.

« Nous avons beaucoup appris du mois d’août 2024. Notre cellule de crise a été mise en place moins de 10 minutes après les premiers appels à nos services d’urgence. Le Service de sécurité incendie a visité les propriétés qui ont l’objet de ces appels dans une période de 90 à 100 minutes. On a été très rapide, proactif. Depuis 2013, nous avons entrepris des travaux majeurs de séparation de réseaux qui vont bon train. Il faut aussi travailler à aménager des [bassins] de captation d’eau dans des parcs et terrains qui nous appartiennent », d’énumérer M. Charron.

Celui-ci est, enfin, d’avis que le défi du prochain conseil municipal dont il ne fera pas partie, puisqu’il a décidé de ne pas se représenter pour un autre mandat, sera donc de poursuivre ce fameux programme de séparation des réseaux et de s’assurer que les égouts pluviaux de la Ville soient bien nettoyés en tout temps.

« Il faut aussi penser à offrir de nouveau le programme d’aide financière pour l’identification des vulnérabilités d’une propriété afin de s’assurer que les installations en place (clapet antiretour, pompe de puisard et autres) sont adéquates », de conclure M. Charron.

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