En 1993, à 18 ans, Alain Boivin, alors membre du Régiment de la Chaudière à Lévis, décide de se porter volontaire pour une mission de six mois en Bosnie-Herzégovine avec le Royal 22e Régiment. Sous l’autorité de l’Organisation des Nations unies (ONU, le jeune soldat est affecté à la protection de Srebrenica situé à proximité de la Serbie. Quelques mois après son départ, le petit village, qui abrite à ce moment environ 50 000 réfugiés, deviendra, en juillet 1995, le théâtre du massacre de plus de 8 000 hommes et adolescents musulmans bosniaques âgés de 15 à 60 ans.
Policier pour la Ville de Saint-Eustache depuis 2010, âgé aujourd’hui de 49 ans, Alain Boivin entreprend donc, en 2022, ce qu’il appelle « une quête vers une reconstruction intérieure », car ce génocide l’a profondément touché ayant développé durant son séjour à Srebrenica des liens avec plusieurs des personnes qui ont été massacrées.
Accompagné du réalisateur et caméraman Jean-Sébastien Levan, policier pour la Ville de Lévis, ce retour aux sources se transforme, dit-il, en une « exploration poignante et humaine », mais donne aussi naissance à un documentaire, estime Alain Boivin, « empreint de sensibilité ».
Celui-ci se dit particulièrement privilégié d’avoir pu vivre cette nouvelle expérience en Bosnie avec son ami Jean-Sébastien Levan. « Ce projet est le fruit de notre passion, de notre engagement et, surtout, de notre profonde amitié. Nous nous sommes investis pleinement, et grâce à nos efforts, les gens pourront mieux comprendre ce que vivent les militaires en mission, mais surtout ce que subit la population civile en période de conflit armé », lance fièrement, en entrevue, Alain Boivin.
Créer de nouveaux souvenirs
Surtout, celui-ci mentionne ressentir une profonde satisfaction d’avoir pu créer de nouveaux souvenirs liés à Srebrenica. « La population n’a pas oublié, mais j’ai pu constater la résilience du peuple bosniaque. Voir de mes propres yeux ces lieux, désormais reconstruits, où la paix règne à nouveau, m’a procuré un immense bien-être », raconte le policier originaire de Québec.
Le documentaire qu’il présentera fait aussi office de « devoir de mémoire », car, d’expliquer l’ancien soldat, il constitue une preuve et un témoignage pour les générations futures. « Il est essentiel que les gens puissent comprendre et voir ce que nous avons vécu […] afin que les leçons du passé ne soient jamais oubliées », mentionne Alain Boivin.
Laisser aller ses émotions
Et, enfin, que souhaite-t-il que les gens retiennent de ce documentaire lorsqu’ils l’auront vu ?
« Qu’il est essentiel de reconnaître que, pour guérir de nos traumatismes, il est parfois nécessaire de se laisser aller à nos émotions, de ventiler nos pensées sans la crainte d’être jugé et d’affronter directement ce qui nous fait souffrir! Il est impératif que le public prenne conscience que ce film aborde ces thèmes avec une grande sensibilité, tout en étant parsemé de moments authentiques et véritablement émouvants. Cette approche permet non seulement d’illustrer la complexité des expériences humaines, mais aussi de favoriser une meilleure compréhension des luttes intérieures auxquelles de nombreuses personnes sont confrontées », de répondre le principal intéressé.
Le documentaire « Rendez-vous à Srebrenica » pourra être vu le jeudi 21 novembre prochain, à 18 h 30 (ouverture des portes), à La Petite église, (271, rue Saint-Eustache, Saint-Eustache).
L’entrée à la projection est gratuite, mais il faut réserver sa place en visitant la page Facebook. Il est aussi possible d’envoyer directement un courriel à l’adresse isa920.music@gmail.com, en précisant son nom dans le message.
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