Atteint d’un cancer colorectal de stade 4, avec de multiples métastases au foie, Jérémie Thiffault sait pertinemment qu’il n’en a que pour quelques mois à vivre encore, sinon, au mieux, un an ou deux. Ce verdict, implacable pour un jeune homme qui aura 26 ans au début du mois de janvier prochain, ne l’empêche pas de continuer à s’accrocher à la vie.
« Je n’ai pas dit mon dernier mot. Je continue de garder espoir que ma chimio va ralentir la progression des métastases [qui se développent dans son foie] et que cela permettra de trouver un autre traitement plus efficace », confie, en entrevue, ce résident du secteur de Saint-Janvier, à Mirabel, pour qui la vie a complètement chaviré en mai dernier, lorsqu’on lui a annoncé qu’il était atteint de ce cancer.
À l’âge de deux ans, ce même Jérémie avait subi une importante chirurgie pour lui enlever une tumeur crânienne ; une opération qui avait nécessité qu’on lui « ouvre » la tête, d’une oreille à l’autre. Et voilà que, 23 ans plus tard, sa vie bascule à nouveau.
En mai dernier, « Jay », comme on le surnomme, accompagné de son père Christian Thiffault, va consulter son médecin en raison de sévères maux de ventre. Deux jours plus tard, il va en voir un autre qui décide de l’envoyer à l’urgence. On découvre alors qu’il est atteint de la polypose adénomateuse familiale, une rare maladie caractérisée par l’apparition de nombreux polypes du côlon et provoquant fréquemment un cancer du côlon, souvent avant l’âge de 40 ans.
Un cauchemar
À partir de ce moment, raconte sa mère, Julie Larouche, copropriétaire d’un centre orthopédique qui porte son nom à Saint-Eustache, Jérémie commence une succession de traitements de chimiothérapie qui, malheureusement, ne donnent pas les effets escomptés.
Au contraire, la masse cancéreuse a augmenté, voire triplé de volume, constatent, en novembre dernier, ses médecins qui indiquent que Jérémie n’en a que pour trois ou quatre mois à vivre. À cela s’ajoute, en cours de route, une chirurgie à l’intestin en raison des problèmes digestifs provoqués par ce cancer.
« C’est un cauchemar, c’est vraiment un cauchemar. Au moins, un cauchemar, quand on se réveille, c’est terminé. Mais, malheureusement, c’est ce qu’on vit tous les jours. Une chance que Jérémie est résilient. Il a un moral d’acier. Il est toujours souriant. C’est mon petit rayon de soleil. Il a dit à une médecin : ‘‘Ça servirait à quoi de m’écraser dans mon appartement et pleurer toute la journée ? Moi, je veux vivre’’. Il veut profiter de chaque petit moment », révèle, admirative, la maman.
Du déni à l’acceptation
Comme le diagnostic sur le temps qu’il lui reste à vivre est basé sur des cas de personnes ayant 60, 70 ou 80 ans, Jérémie, plus jeune, en excellente forme avant que tout cela débute, croit qu’il en a pour plus longtemps à vivre et compte bien en profiter au maximum. Mais, cette soif de vivre à tout prix n’est pas arrivée subitement.
« Au début, ça a été vraiment un choc. J’ai été dans le déni pendant un bout de temps parce que je n’étais pas capable d’admettre que j’avais le cancer. […] Ça m’a pris du temps… Ça a été beaucoup d’adaptation mentale, beaucoup d’acceptation. Quand on a constaté, cet automne, que les masses avaient augmenté, c’est là que je me suis rendu compte que, effectivement, j’avais le cancer », admet-il.
C’est aussi à partir de ce moment que Jérémie a choisi de parler de son cancer ouvertement sur sa page Facebook, question de ne pas avoir à répéter tout ce qu’il vivait chaque fois que quelqu’un s’informait de son état de santé. Certaines de ses vidéos ont rejoint presque 100 000 personnes.
« Je me suis dit que ça allait être plus simple comme ça. Depuis que j’ai commencé à faire des vidéos, j’ai reçu énormément de commentaires, de soutien, d’amour, et tout ça. De voir tout le support que j’ai de tout le monde, ça me donne une force de plus de continuer, de me battre », admet-il, ajoutant que son objectif est aussi de sensibiliser les 40 ans et moins sur l’importance du dépistage des différents cancers.

Jérémie Thiffault et sa fiancée Amélie Hotte sont à préparer leur mariage qui aura lieu à la fin du mois de janvier prochain.
Du soutien et des projets pour l’avenir
Cette vague d’amour se traduit aussi par une campagne de financement en cours sur GoFundMe qui a permis de récolter à ce jour, grâce aux quelque 500 dons reçus, près de 37 500 $ afin d’alléger le « stress financier » que vivent Jérémie et sa fiancée Amélie Hotte. Également, 1 250 $ ont été amassés lors d’un spectacle bénéfice organisé au club de billard Le Patriote, à Saint-Eustache, début décembre.
Aussi, Jérémie, un passionné des voitures qui rêve de faire de la ‘‘drift’’ avec sa Lexus, a eu droit à une belle surprise en novembre dernier quand la compagnie Advanced SimRacing lui a donné l’occasion d’essayer un simulateur de course professionnelle qui a par la suite été installé chez lui.
Jérémie ne le cache pas : il n’a pas dit son dernier mot. Le Noël à venir ne sera pas le dernier qu’il vivra, pas plus que son prochain anniversaire de naissance qu’il célébrera le 3 janvier.
Il prépare aussi son mariage avec sa fiancée pour la fin du mois de janvier et souhaite avoir un enfant avec elle, même si ses traitements de chimiothérapie ne lui facilitent pas la chose.
« C’est sûr que je n’ai pas le choix de regarder les deux éventualités en face. Mais, je continue de me battre. Je continue de garder espoir. Mon but, c’est de rester ici le plus longtemps possible, d’avoir ma petite famille. C’est vraiment ça qui me donne la force de continuer », de conclure Jérémie.
Il est possible de suivre Jérémie Thiffault sur sa page Facebook et, si désiré, de contribuer à sa campagne de soutien financier sur GoFundMe.

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