Véritable alchimiste de la pomme, Éric Lafrance a créé, au cours des 20 dernières années, une vingtaine de cidres, qu’ils soient apéritifs, tranquilles, mousseux, de glace, liquoreux, effervescents ou encore aromatisés, et cela à partir des 17 variétés de pommes récoltées sur les 13 000 pommiers des Vergers Lafrance.
Du nombre, mentionnons plus particulièrement le Tonnelet, résultat d’une fusion exclusive d’une eau-de-vie de cidre et du cidre de glace Domaine Lafrance. Ce cidre apéritif, vieilli en fût de chêne, est le premier, avec un taux de 18 % alc./vol., à avoir figuré dans la liste des alcools du Domaine Lafrance.
Mais voilà qu’Éric Lafrance réalisait un rêve en se portant acquéreur, en mars 2013, d’un alambic, devenant ainsi le premier producteur possédant un appareil spécialisé haut de gamme de ce genre au Canada. L’appareil en question, un Alambic Stupfler, fabriqué à Bordeaux, en France, est d’ailleurs considéré comme le meilleur de sa catégorie par bon nombre de spécialistes.
Une première production réalisée à même cet alambic, l’eau-de-vie Pure Légende, voit donc le jour l’an dernier. Elle a été élaborée à partir de huit variétés de pommes et possède un taux d’alcool de 42 % alc./vol. Elle est le résultat de la fermentation du cidre d’abord produit à partir des variétés de pommes retenues, puis de sa distillation dans le fameux alambic.
«Le produit, vendu seulement dans les succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ), a connu un bon succès de vente. J’en suis assez fier», raconte le Joséphois qui, avec son épouse Julie Hubert, représente la troisième génération de Lafrance à cultiver les pommes sur les terres d’origine.
Une vodka qui a pour nom Amarok
Et voici maintenant, fraîchement sortie de l’alambic, une vodka made in Saint-Joseph-du-Lac, l’Amarok, née d’un mariage de pommes Melba et Honeycrisp soigneusement choisies et macérées, pour débuter, dans un alcool de maïs canadien pendant trois mois. Puis, l’alcool qui en résulte est dilué avec l’eau de source qui coule depuis plus de 200 ans sur les terres familiales. Le précieux liquide passe ainsi, par étapes, de 72 % alc./vol. à 40 % alc./vol. Le spiritueux est alors prêt à passer à la phase de l’embouteillage.
«Cette fois, l’alcool traverse toutes les composantes de l’alambic: la chaudière, la colonne et le réfrigérant. Cela permet d’aller chercher tous les aromes des pommes. C’est vraiment, je crois, un produit de qualité qui peut se déguster tout simplement avec un glaçon dans un verre», mentionne fièrement Éric Lafrance.
Ce dernier précise qu’il a commencé à élaborer cette vodka aromatisée à la pomme au mois de février dernier, et qu’il a travaillé sur cette production tout au long de l’été. Au total, la première cuvée de nouveau spiritueux représente 1 000 bouteilles prêtes à se faire découvrir – et à être dégustées – juste à temps pour la période des Fêtes à venir.
Des projets plein la tête pour Éric Lafrance
Tout comme l’eau-de-vie Pure Légende, la vodka Amarok est vendue seulement dans les succursales de la SAQ puisqu’elle possède un taux supérieur à 20 % alc./vol., ce qui pourrait changer si le projet de loi 395 modifiant la Loi sur la Société des alcools du Québec et la Loi sur les permis d’alcool est adopté un de ces jours.
«Cela nous permettrait de pouvoir vendre ces produits, les faire goûter sur place, là même où nous les produisons, ce qui est actuellement interdit pour le moment», d’indiquer M. Lafrance.
Pour l’heure, celui-ci se dit surtout très fier de sa vodka Amarok. «Ce que j’aime, c’est de tout faire de A à Z, étape par étape. J’apprends continuellement. Je redécouvre constamment les saveurs des fruits», de confier le Joséphois.
Mais n’allez surtout pas croire qu’Éric Lafrance s’arrêtera là. Ce serait bien mal connaître ce passionné de la pomme. Un brandy de pomme vieilli en fût de chêne est déjà en processus d’élaboration, des vignes, des poiriers et des pruniers ont été plantés sur les terres, un deuxième alambic s’ajoutera d’ici peu au premier, déjà acheté, et des plans d’agrandissement de la cidrerie et de la distillerie, de l’intérieur pour le moment, sont dans la mire de celui qui vend, tous produits confondus, quelque 250 000 bouteilles via la SAQ chaque année, mis à part les ventes faites sur place, à Saint-Joseph-du-Lac.
Il faut donc s’attendre à ce qu’Éric Lafrance nous étonne encore une fois d’ici peu. Quatre nouveaux produits signés Domaine Lafrance sont d’ailleurs prévus pour 2016. Personne ne s’en plaindra!