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Budget fédéral 2025 : De la défense à la résilience

Photo Benoit Bilodeau –

Le budget fédéral 2025, premier du gouvernement Carney, mise sur la défense et la résilience économique tout en affichant un déficit record de près de 80 milliards $.

Budget fédéral 2025 : De la défense à la résilience

Publié le 13/11/2025

Avec la certitude que l’incertitude est là pour durer, il faut savoir continuer à danser.

Le 4 novembre dernier, le ministre des Finances du Canada, François-Philippe Champagne, déposait le premier budget du nouveau gouvernement fédéral de Mark Carney. Alors que plusieurs l’attendaient au printemps dernier, ce sera maintenant la norme d’avoir le budget en automne et une mise à jour économique avant l’été.

Le document de 559 pages contient cinq chapitres : Bâtir une économie canadienne plus forte; Passer de la dépendance à la résilience; Donner plus de pouvoir aux Canadiens; Préserver la souveraineté et la sécurité du Canada et Rendre le gouvernement plus efficace et efficient. Pour y voir plus clair, la rédaction s’est entretenue avec M. Jean-Philippe Brosseau, associé, Conseil en performance financière chez Raymond Chabot Grant Thornton.

Un déficit record

Le chiffre qui retient l’attention est le déficit prévu de presque 80 milliards. « Seules les années pandémiques auront vu un budget plus élevé. C’est beaucoup plus déficitaire que la mise à jour économique déposée avant les élections », déclare M. Brosseau  

Le budget actuel est le premier à distinguer les dépenses d’investissement des dépenses de fonctionnement. Il est difficile à comparer avec les budgets passés puisque cette distinction n’y était pas explicite.

« D’un côté, il y a d’importantes dépenses qui sont prévues pour soutenir les secteurs de l’activité économique qui sont touchés par les différents droits de douane avec les États-Unis. L’autre élément où il y a d’importantes dépenses, c’est la défense, surtout avec l’objectif avoué d’atteindre la cible prévue par les pays membres de l’OTAN ». (2% du PIB, actuellement sous 1% au Canada)

D’un autre côté, il y a ce que le gouvernement appelle des dépenses de fonctionnement qu’il souhaite plafonner et même réduire de beaucoup dans les prochaines années avec des suppressions de postes dans la fonction publique (près de 40 000 postes) ou dans la fin de certains programmes.

Alors que le gouvernement Carney vise à atteindre l’équilibre budgétaire au niveau de son fonctionnement, les dépenses qu’il qualifie d’investissements sont classées ainsi puisqu’il s’attend à des retombées à plus long terme. Cette stratégie lui semble nécessaire pour sortir de sa dépendance à son voisin du Sud et pour créer les conditions favorables à cet engagement.

M. Brosseau a également attiré notre attention sur les prévisions de croissance du Produit intérieur brut (PIB) attendu dans ce budget : « Les prévisions du gouvernement sont un légèrement plus optimiste que les indices de la Banque du Canada (BDC), du Fonds monétaire international (FMI) et du Directeur parlementaire du budget (DPB) de quelques points de pourcentage ». Cet optimiste se retrouve à partir de 2027 avec 2,0% (BDC : 1,6%; FMI : 1,9%; DPB : 1,8%), en 2028 avec 1,9% (FMI : 1,7%; DPB : 1,8%) et 2029 avec 2,0% (FMI : 1,7%; DPB :1,7%)

Des réactions

« Le militaire comme priorité absolue, la fin de la lutte aux changements climatiques, encore plus de crédits d’impôt pour les pétrolières, des dizaines de milliers de coupes d’emplois […] on a un déficit libéral avec des priorités conservatrices […] et à travers tout ça, pourquoi n’y a-t-il rien pour les priorités des Québécois? », a demandé le député du Bloc Québécois dans Mirabel Jean-Denis Garon en réaction au dépôt du budget à la Chambre des communes.

Aucune des priorités incontournables du Bloc Québécois n’a été satisfaite dans ce budget. Le vote sur le budget se tiendra le 17 novembre. 

De son côté, dans une entrevue donnée à Cime FM, la députée de Rivière-des-Milles-Iles Linda Lapointe estime « qu’il y a beaucoup d’opportunités pour les entreprises des Basses-Laurentides avec les investissements dans le secteur de la défense prévu au budget. »

Reste à voir maintenant comment ces grandes orientations se traduiront sur le terrain.