La présentation n’est pas de moi. Elle se retrouve au tout début du premier tome de l’intégrale consacré aux aventures de Yoko Tsuno, l’une des rares héroïnes féminines de la bande dessinée franco-belge qu’a créée le scénariste et dessinateur Roger Leloup. Celle-ci apparaît pour la première fois dans les pages du journal Spirou, en septembre 1970, et a vu, depuis, 27 albums la mettant en vedette, elle et ses compagnons d’aventure que sont Vic, Pol, les Vinéens, ainsi qu’Émilia, une jeune fille aux origines russes et écossaises qui compte déjà quatre participations actives successives (tomes 24, 25, 26 et 27) dans les récits de la Japonaise.
Cependant, dans le tome 27, qui vient de paraître et qui a pour titre Le secret de Khâny (Dupuis), la jeune Émilia a un rôle secondaire dans cette nouvelle aventure qui permet à Yoko Tsuno de renouer avec ses amis Vinéens. Ces derniers, qui ont la peau bleue, sont des extraterrestres exilés depuis 400 000 ans dans les entrailles de la Terre. Depuis sa première rencontre, dès le premier album, Le trio de l’étrange (1972), Yoko Tsuno a croisé les Vinéens à 10 reprises, dont la plus récente dans ce 27e tome qui vient de paraître. Dans celui-ci, Yoko devra faire grande confiance à son amie Khâny qui lui révèle un fait étonnant, tout en lui cachant un autre secret&#8230; L’aventure mènera Yoko et ses amis jusqu’à la planète mars.
Comme toujours, Roger Leloup, un ancien collaborateur d’Hergé et de Jacques Martin, et adepte des romans de Jean Ray, Jules Vernes, Edgar Poe, Conan Doyle, pour ne nommer que ceux-là, offre ici un récit des plus palpitant et a toujours ce souci de rendre le tout très crédible. Après 45 ans, Leloup a surtout toujours le don de nous surprendre!
Paul à Québec
Un mot pour signaler que l’adaptation cinématographique de l’album Paul à Québec (La Pastèque) sera à l’affiche dans les salles de cinéma du Québec, à partir de ce vendredi 18 septembre. Mettant notamment en vedette François Létourneau, Gilbert Sicotte, Julie LeBreton et Louise Portal, le film raconte le récit de Paul, de sa conjointe Julie et de leur fille qui doivent apprivoiser l’idée de la mort. En effet, le beau-père de Paul, Roland, qui vit à Saint-Nicolas, en banlieue de Québec, est frappé d’un cancer et doit être admis dans un centre de soins palliatifs.
La bande dessinée Paul à Québec, publiée en 2009 et signée par Michel Rabagliati, est le sixième de la série Paul, qui comporte, à ce jour, sept titres. Un huitième, Paul dans le nord (La Pastèque), est prévu pour cet automne. Paul à Québec a valu à son auteur de nombreuses récompenses et constitue certainement l’un des meilleurs récits de cette série. Son adaptation cinématographique est, dit-on, fort proche du récit original. C’est donc à voir sans faute!

Le duo québécois Delaf (dessins) et Dubuc (scénario), tous deux originaires de l’Estrie, signe donc ici un septième titre en 10 ans, décennie pendant laquelle la série Les Nombrils a pris bien des galons. Depuis la publication des premières planches dans le magazine québécois Safarir, en 2004, puis dans le journal Spirou, nos trois jeunes héroïnes ont fait, il faut l’avouer, tourner bien des têtes. Si bien que la série Les Nombrils, avec plus de 100 000 albums vendus à ce jour, est l’une des plus populaires publiées par les éditions Dupuis et dans l’ensemble de la francophonie. Chaque nouvel album est maintenant attendu avec grande impatience.
Le septième ne fait pas exception, et c’est dans l’amour que celui-ci débute. Vicky sort avec le beau James, promis à un bel avenir, ce qui en fait la fille préférée de papa et maman. Jenny, pour sa part, partage son amour entre le musculeux (et pas très brillant) Jean-Franky et, en cachette, avec le gentil, mais non moins obèse, Hugo.
De son côté, la grande Karine qui, à ses débuts, se laissait marcher sur les pieds et faisait office de faire-valoir, la voilà à remonter le moral de son Albin qui vit une grande dépression depuis qu’il a failli être victime d’un tueur en série qui n’était nul autre que son meilleur ami. Depuis, Albin n’a plus goût à la musique et c’est Karine qui s’affaire, non seulement à le remettre sur pied, mais aussi à mener son groupe vers la signature d’un important contrat avec tout ce que cela peut comporter.
Comme dans les précédents albums, Marc Delafontaine et Maryse Dubuc nous présentent leurs jeunes héroïnes dans des gags d’une, deux ou trois planches qui font rire, bien sûr. Mais les deux auteurs ont aussi ce souci de faire évoluer, au fil des pages et des gags, l’ensemble de leurs personnages. On verra ainsi la mère de Jenny délaisser l’alcool pour l’amour, de nouveaux personnages faire leur entrée ou prendre davantage d’importance dans la vie de nos trois adolescentes.
Tout cela est bien mené, bien ficelé. Mais, ce qui retient l’attention, au bout du compte, c’est cette finale tout à fait inattendue que nous offrent ici – encore une fois – Delaf et Dubuc. Les 11 dernières pages de ce septième tome ont, en effet, de quoi surprendre. Mais n’en disons pas plus, ne gâchons pas ce plaisir renouvelé de découvrir un nouvel album des Nombrils&#8230; Voilà, certes, un de ces petits plaisirs que le neuvième art sait si bien nous offrir!
Ben: Intégrale – Volume 6
Prépubliée tous les jours dans plusieurs journaux du Québec, d’Ottawa et du Nouveau-Brunswick, sans oublier sur le portail Bell/Sympatico et dans le magazine Le Bel Âge, la série de comic strip québécoise Ben, qui met en scène un sympathique retraité, a droit depuis quelques années à une intégrale, maintenant publiée par les Éditions de la Pastèque. Après le volume 5, voici donc le volume 6, qui regroupe les tomes 11 et 12, jamais parus en album.
Rappelons que la série Ben a été créée en 1996 par Daniel Shelton, né en 1965 à Sherbrooke. Bien que son personnage principal soit un retraité, l’auteur a choisi de ne pas se limiter aux stéréotypes pour personnes âgées, abordant, au travers ses strips, la vie de tous les jours, et cela, avec affection et délicatesse.

Bulles à lire: Les Nombrils – Ben

Signée par le regretté René Goscinny au scénario et Albert Uderzo aux dessins, cette aventure raconte le récit d&#8217;Astérix et d&#8217;Obélix qui, à la suite d’un pari avec les Romains, font le tour de plusieurs villes de Gaule (aujourd’hui la France), afin d’en ramener des spécialités de chacune de celle-ci. Partis ensemble, Astérix et Obélix reviendront dans leur village avec un nouveau compagnon apparu justement dans la neuvième planche de cette aventure. Astérix et Obélix sont à ce moment à Lutèce (ou Paris) et entrent dans une charcuterie pour y acheter du jambon. À la porte, un petit chien noir et blanc, de race indéterminée, les voit entrer et décide de suivre nos deux amis gaulois dans leur périple. Jamais, il ne perdra leurs traces par après. Il sera récompensé à la toute fin du récit, lors du traditionnel banquet, par une caresse d’Obélix, accompagnée d’un bel os.
Sans le savoir, Goscinny et Uderzo venaient, avec ce qui devait être un simple running gag, de créer un personnage que les lecteurs du journal Pilote, en 1963, ont immédiatement adopté. Le petit chien a donc été de l’aventure suivante et un concours a même été organisé à l’époque pour lui trouver un nom. Quatre lecteurs ont alors soumis, parmi la panoplie de suggestions (entre autres Patracourcix, Papeurdurix, Trépetix, Paindépix et Toutousansprix), le fameux nom d’Idéfix qui, aux yeux des deux auteurs, résumait à merveille l’obstination dont avait fait preuve le petit chien. Celui-ci, on le sait maintenant, deviendra l’inséparable compagnon d’Obélix qui, malgré les réticences d’Astérix, l’amènera dans les aventures qu’ils vivront par après, dont, immédiatement après Le tour de Gaule d’Astérix, Astérix et Cléopatre, dans laquelle Idéfix aura un plus grand rôle.
Pour souligner donc le 50e anniversaire de la publication du tout premier album dans lequel Idéfix a figuré, et en attendant la sortie du nouvel album d’Astérix et Obélix qui aura pour titre Le papyrus de César, prévue pour le 22 octobre prochain, la maison d’édition Albert René réédite donc cette aventure aux allures d’un véritable Tour de France, version 50 ans avant Jésus-Christ. L’album est enrichi, à la toute fin, d’un dossier spécial de 16 pages qui relate la petite histoire d’Idéfix, bien sûr, mais aussi ce qui a entouré la publication de cette fort belle aventure.
Encore une fois, c’est surtout la joie de redécouvrir tout le génie que possédait René Goscinny à l’écriture qui s’impose à la lecture de cette aventure. Et ça, malheureusement, Goscinny n’a pas eu la chance de l’exploiter comme on l’aurait souhaité, lui qui est décédé prématurément d’une crise cardiaque en 1977, à l’âge de 51 ans. Mais, son œuvre est toujours là, et il fait bon, malgré les centaines de nouveaux albums de bande dessinée qui paraissent chaque année, d’y replonger avec le plus grand plaisir!

Yoko Tsuno – Paul à Québec (le film)