Virginie Fortin a beau être vraiment rigolote, c’est aussi une personne, non pas tourmentée, mais qui se pose continuellement les questions existentielles d’usage: pourquoi j’existe, qu’est-ce que je suis venue faire ici, c’est quoi l’espace?
Voilà qui explique pourquoi son premier spectacle solo (en nomination au prochain Gala de l’ADISQ) s’intitule poétiquement Du bruit dans le cosmos, une façon pour l’humoriste de relativiser les choses, de donner peut-être la juste mesure, le juste poids du rôle qui nous est dévolu dans ce truc infiniment complexe qui s’appelle l’univers. Nous n’y ferions alors qu’un peu de bruit, avant de disparaître.
Les choses qui l’habitent
Tout cela paraît bien sérieux, mais il suffit de s’approcher un peu pour constater que l’artiste sait pertinemment dans quel créneau elle évolue. «Quand j’ai commencé en humour, j’enfilais des blagues sur tout et sur rien. Maintenant que j’ai pris de l’expérience, que je suis plus en confiance, je me permets de parler des choses qui m’habitent réellement et d’en rire. Sans être un aboutissement, le spectacle est une étape importante dans mon cheminement d’artiste» , dit-elle.
Pour la mécanique de la chose, l’approche Fortin demeure inchangée, c’est-à-dire que l’humoriste s’amuse toujours à jouer avec des concepts sociaux, des réflexes culturels acquis, toutes ces choses que nous faisons machinalement et qu’elle remet en question devant nous, pour la simple et bonne raison que nous ne le faisons jamais.
En partageant ses réflexions comiques sur la surconsommation, la mode ou le don d’organes, par exemple, elle croit mettre le doigt sur des réflexions qui nous traversent parfois l’esprit et que l’on s’empresse de chasser aussitôt. «Je parle de nos petits stress de Terriens, ceux qu’on s’efforce d’oublier parce qu’ils nous empêchent de dormir. C’est ça, le spectacle» , résume-t-elle, en suggérant qu’il s’agit bien d’une matière dans laquelle le public se reconnaît. Et le fait d’en rire, ajoutera-t-elle, apporte l’apaisement recherché, aide à prendre ses distances, disons-le, avec tous ces petits facteurs anxiogènes de l’existence. «On s’en fout, c’est juste la vie» , s’exclame-t-elle en faisant référence au titre du spectacle. En jurant, aussi, que tout cela est rempli de bonnes blagues!
Le «ton» Virginie Fortin
L’idée, en fait, quand on parle de trucs sérieux, c’est de toujours bien doser les choses. «Il ne faut surtout pas que ce soit moralisateur, mais en même temps, je n’ai pas envie d’écrire des jokes juste pour écrire des jokes. Dans l’histoire, l’humour a toujours servi à remettre en question les détenteurs du pouvoir. L’humour a toujours été notre dernière ligne de défense, mais ça s’est un peu perdu. On a plus souvent tendance, maintenant, à rire du plus faible» , dit-elle en confirmant cette conscience sociale et environnementale qui la caractérise.
Il y a aussi le «ton» Virginie Fortin, cette manière sobre, lente et posée de livrer le message et que les juges du concours télévisé En route vers mon premier Gala Juste pour rire (qu’elle a gagné haut la main en 2013) hésitaient à cautionner… tout en reconnaissant que ça marchait.
«Je suis très têtue, mais en même temps, je sais que ce ton-là fonctionne très bien pour de courtes apparitions. Pendant une heure et demie, ça peut devenir ennuyeux» , dit-elle, ajoutant que cette manière, qu’elle n’a pas inventée et qui demeure intimement liée à ce qu’elle est dans la vraie vie, a tout de même évolué. «Mais quand j’arrive sur scène, je n’ai pas envie d’être énervée. Je trouve qu’il y a quelque chose de puissant dans le silence, dans le calme. Mais bon, puisque ça dure une heure et demie, c’est sûr que je me laisse aller à quelques petits emportements. Mais il n’y a pas de calcul. Je suis moi-même» , exprime l’artiste qui aime aussi composer avec l’ambiance, la salle, le public, tout ce qui fait que l’humour, avec ses codes, sa mécanique, sa rythmique et son écriture, demeure toujours un art vivant.
Et dans ce cas précis, l’humour de Virginie Fortin vivra dans un environnement sobre, avec le bon vieux tabouret, le verre d’eau et le micro, tout cela tenant dans un décor cosmique, un ciel étoilé conçu par Robin Kittel-Ouimet, concepteur de l’environnement sonore, des éclairages et directeur technique de la tournée Du bruit dans le cosmos.
Pour accéder à la billetterie du Cabaret BMO Sainte-Thérèse, passez par le site [http://odyscene.com].
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