C’est qu’on n’avait prévu que quelques dates d’une première mouture de ce spectacle solo, question de tâter le terrain, mais le bouche à oreille faisant efficacement son œuvre, les dates se sont accumulées à un point tel qu’on a décidé d’inscrire la chose dans une démarche sérieuse de rodage, en route vers un spectacle officiel qui prend résolument forme et que l’humoriste peaufinera jusqu’à la première fonte des neiges.
Sam le raconteur
Si vous parcourez le Web à la recherche de ce que Sam Breton a accompli jusqu’ici, vous risquez de tomber la plupart du temps sur des numéros de standup dans lesquels il aborde des sujets de la vie très ordinaire de tous les jours, les magnifiant énergiquement dans une surabondance de mots, construisant des phrases qui ne se terminent pas toujours ou qui demeurent en suspens, le temps qu’il faut à un doute pour planer comme il faut, le tout livré à grande vitesse, avec la dégaine d’un Louis-Josée Houde et la fronde d’un Olivier Martineau.
«C’est assez juste, sauf que je me considère davantage comme un raconteur. C’est quand je raconte une histoire que je me sens vraiment dans mes pantoufles» , exprime-t-il, tout en reconnaissant que le mode de livraison qu’on lui accole, une phrase plus haut, le décrit assez bien. «Mais dans mon spectacle, nuance-t-il, je me plais à jouer avec différents rythmes, à me remettre en première vitesse pour jaser avec le monde. J’adore moduler, autrement dit. Je prends le temps de m’installer, je dis au public: on est chez moi, sur mon territoire, prends ton temps, assieds-toi, je m’occupe de toi.»
Partir de soi
Or, en alternant les numéros qui partent sur des chapeaux de roues et d’autres qui s’appuient sur une respiration normale, Sam Breton nous parle, entre autres, de sa relation trouble avec les enfants (il n’en veut pas, mais puisqu’il vient d’une grosse famille…), de son amoureuse, de sa mère, de son passage de la campagne à la ville (il est originaire de La Baie), depuis son entrée à l’École nationale de l’humour, en 2011. «Tu peux sortir le gars de la campagne, tu ne sors pas la campagne du gars» , dit-il, confirmant de la sorte que tout ce qu’il raconte est intimement lié à ce qu’il vit: «Je ne pourrais pas faire autrement, c’est viscéral. Si je ne l’ai pas vécu, je peux le raconter, mais à long terme, ça me fatigue.»
Vive la pression!
Bien entendu, puisque la vie n’est pas toujours aussi drôle que dans un numéro d’humour, Sam Breton se plaît à romancer le tout, à en inventer des bouts, et c’est par l’improvisation que passe tout d’abord son processus d’écriture. «Je pars d’une idée, je détermine le début et la fin, puis je pars roder le numéro dans les bars, en improvisant tout le reste. J’adore la pression. Quand je me mets en danger, quand je suis obligé d’être drôle, c’est là que mes meilleurs gags sortent» , explique l’artiste.
Quand il l’a fait une quinzaine de fois, qu’il a compris que cette histoire-là peut vivre, c’est alors qu’il s’assoit pour l’écrire. Dans sa forme, cependant on aura toujours l’impression que cette histoire naît au moment où il la raconte. En tout cas, c’est l’effet recherché.
À la Petite église, Sam Breton poursuivra donc cet exercice de rodage en tentant d’intégrer de nouveaux éléments à des numéros déjà bien en selle. Et comme il songe ajouter trois ou quatre numéros à la mouture finale, il est fortement possible que le public eustachois en humera les effluves, dans un spectacle modeste dans sa forme: une musique d’entrée, une musique de sortie, des éclairages de base, l’attention étant volontairement dirigée vers l’artiste.
Pour assister au spectacle de Sam Breton, informez-vous au [http://www.lapetiteeglise.com]. «Au prix que ça coûte, viens me voir! Même si tu me trouves pas drôle, tu vas rire!» invite-t-il.
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