C’est que Laurence Lévesque, 31 ans, est originaire de la région des Laurentides. Elle est née à Saint-Eustache, a grandi à Deux-Montagnes et a étudié au Collège Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse. De voir son documentaire « Okurimono », un mot japonais signifiant « cadeau précieux », être ainsi présenté dans sa région natale constitue un moment qu’elle attend avec certes fébrilité, d’autant plus que le Cinéma St-Eustache fera partie des endroits, avec le Cinéma Carrefour du Nord et le Cabaret BMO Sainte-Thérèse, visités.
« C’est sûr que ça me fait vraiment plaisir. J’espère qu’il va y avoir des gens qui vont s’y présenter. J’ai hâte de voir comment les gens vont réagir. Mais oui, c’est aussi particulier pour moi de présenter un film dans un cinéma que j’ai tellement fréquenté, où j’ai vu mes premiers films. Jamais, je n’aurais pensé présenter un film là. Il y a quelque chose de nostalgique et de vraiment le ‘’fun’’. Ça permet de voir le chemin parcouru. Je me sens comme une petite fille », raconte, en entrevue téléphonique, Laurence, fille de Roger Lévesque et Danielle Cameron.
Une quête à la fois personnelle et universelle
Le sujet de ce premier long métrage, qui suit deux courts métrages documentaires – « Perséides » (2023) et « Port d’attache » (2019) – , n’est pas anodin puisqu’il porte sur la quête que va mener sa belle-mère Noriko Oi [femme du père de son conjoint Sébastien Blais, également directeur photos du film] qui doit se rendre au Japon, à Nagasaki, sa ville natale, pour aider ses frères et sœurs à vider la maison familiale qui, bientôt, sera vendue.
Ce sera l’occasion pour Noriko Oi de reconstituer le passé de sa mère, Mitsuko, une survivante (hibakusha) du bombardement atomique de Nagasaki survenu en 1945, dans l’espoir d’apprivoiser son héritage familial et de panser les sombres réminiscences du passé tragique de son héritage culturel. Sa quête s’annonce ardue, car Mitsuko, décédée il y a plus de 30 ans, n’a jamais partagé son histoire.
« C’est un film qui s’est mis en branle très naturellement, dans la mesure où je connaissais déjà Noriko. On avait eu plein de conversations. Mais, pour moi, ce qui a été comme la bougie d’allumage du projet, c’est vraiment cette idée-là de se questionner sur un passé, d’essayer de le reconstruire. Noriko, elle avait cette quête-là qui lui était très personnelle. Bien qu’elle se passe au Japon, bien qu’elle parle de la bombe atomique, cette quête, c’est très universel [comme démarche]. On a tous des histoires familiales, des traumas familiaux qui sont difficiles d’aborder. J’avais envie de faire un film sur la mémoire, sur ce qui reste, sur les impacts du passé sur le présent », explique la documentariste, saluant le « courage » de sa belle-mère, âgée aujourd’hui de 60 ans, pour avoir mené cette quête « devant la caméra ».
Redécouvrir le film avec le public
Celle-ci avoue que cela a été particulier pour elle, après toutes ces années de travail, de voir ce premier long métrage à porter sa signature être projeté sur grand écran lors de Vision du Réel, un festival de cinéma en Suisse, en avril 2024, et, surtout, de voir la réaction des gens.
« Moi, je connais chaque seconde du film. Mais, ce qui est bien, c’est de le redécouvrir en salle avec un public nouveau. On a eu la chance quand même de voyager avec le film. J’ai pu voir les différentes réactions […] C’est bien de voir comment les gens réagissent à certaines scènes quand ils le voient pour la première fois. Ce n’est pas tant que ça me surprend, parce que c’est exactement ce que je souhaitais. Mais la réaction qui revient le plus souvent, c’est celle des gens qui se reconnaissent dans la quête de Noriko. Malgré le fait que ce soit un film tourné au Japon, en japonais, les gens sont touchés et se reconnaissent dans cette quête-là. Je suis contente parce que c’était ça l’objectif pour moi », de confier Laurence Lévesque.
Le film « Okurimono » sera à l’affiche du Cinéma Carrefour du Nord le mercredi 12 février prochain, à compter de 13 h, et au Cinéma St-Eustache, toujours le mercredi 12 février, cette fois à compter de 19 h. La réalisatrice sera sur place pour ces deux représentations afin de répondre, à la toute fin, aux questions du public.
Il sera aussi possible de voir le film « Okurimono » dans le cadre de la programmation de Ciné-Groulx, au Cabaret BMO Sainte-Thérèse, le mercredi 7 mai, à 19 h.
Voir la bande-annonce.
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