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Au-delà du papier : Le destin de Benoit Bilodeau

Photo Dany Baribeau –

Un peu inconfortable au début d’être le sujet plutôt que celui qui pose les questions, Benoît s’est montré bon joueur et a partagé ses riches anecdotes avec le sourire.

Au-delà du papier : Le destin de Benoit Bilodeau

Publié le 20/12/2024

« Peut-être que j’aimerais interviewer Peter Gabriel. Je crois même qu’il parle un peu français. » Après 40 ans passés à écrire l'actualité de notre région, voilà le seul "regret" auquel Benoit Bilodeau arrive à penser lorsqu'on lui demande.

Toujours aussi humble, lorsqu’on essaie de le confronter à l’ampleur de son lég, il offre un haussement d’épaules : « Je n’ai rien fait d’extraordinaire », semble-t-il dire.

La vérité est pourtant que, quiconque cherchera à s’informer sur un événement ou une personne de la région des Deux-Montagnes entre 1984 et aujourd’hui, risque fortement de tomber sur l’un des 17 000 articles signés Benoit Bilodeau… et le compteur tourne toujours.

« On s’habitue à voir ses articles publiés et à voir ses photos en première page. Ce qui compte, ce sont les personnes que tu rencontres. Aller à la rencontre des gens, c’est ça qui me porte encore ». — Benoit Bilodeau

Benoit a commencé sur des machines à écrire, coupant ses erreurs aux ciseaux et montant physiquement, lui-même, “ses colonnes”. Puis il a été le premier à adopter l’ordinateur quand l’objet s’est installé au bureau. Il a vu le métier se transformer et s’est adapté à chaque avancée technologique.

Sur la droite, Benoît Bilodeau parmi une mer de journalistes lors de la couverture de la Crise d'Oka en 1990.
Sur la droite, Benoît Bilodeau parmi une mer de journalistes lors de la couverture de la Crise d’Oka en 1990.

Benoit est un professionnel remarquable. Évoluant à ses côtés depuis peu, je sais de première main, pour en avoir moi-même bénéficié, qu’il fait toujours le détail de plus pour sauver du travail à ses collègues. D’ailleurs, Benoit est devenu le collègue qu’il est aujourd’hui au contact de ceux qui ont fait le chemin avec lui.

Il parle de Jean-Claude Langlois comme d’un homme d’affaires dur mais juste, vraiment intéressé à son produit, qui descend à l’atelier les jours de tombée pour regarder les pages et qui prend le temps de faire en sorte que le gens se sentent écoutés. Il parle de l’estime et du respect qui se sont développés avec son directeur, Rémi Binette, à ses premières années. Ou Claude Desjardins, qu’il décrit comme « le littéraire » du lot.

Quant à lui, sa plume est authentique et efficace. C’est un amoureux de l’écriture qui, à ce stade de sa carrière, adore pouvoir s’y consacrer davantage. Mais c’est aussi un sentimental! Il raconte, amusé : « À mon dernier déménagement, mes amis se plaignaient du poids des boîtes et demandaient ce qu’elles contenaient. Quand je leur ai dit que c’était de mes articles et des coupures de journaux, ils n’en revenaient pas de déménager ‘que du papier’! »

En coupant l’enregistrement, je lui confesse que je suis heureux d’avoir gardé cette entrevue pour la fin de l’année, moi qui ne le côtoie que depuis janvier dernier. Il me coupe : « Ce n’était pas nécessaire. Je veux juste que les gens sachent que j’écris toujours. »

Le jeune journaliste Benoît Bilodeau lors d'une séance de signature de René Lévesque.
Le jeune journaliste Benoît Bilodeau lors d’une séance de signature de René Lévesque. Signé « D’un confrère journaliste à un autre » – René Lévesque.

En effet, il est parfois difficile de ne pas prendre pour acquis les choses que l’on a depuis longtemps. Benoit n’est même pas né dans la région, il l’a adoptée. Il s’y est encré pour le travail, il y est resté pour la vie.

Merci pour ces quarante années à écrire nos vies, nos exploits, nos joies et nos drames. Merci de continuer à faire de toutes ces histoires avec un petit h, notre Histoire avec un grand.

En terminant, Benoit, en grand fan de bande dessinée que tu es, laisse-moi te dire que comme Tintin, mais sans les poursuites, et sans tambours, ni trompettes, tu as su rester pertinent en traversant les générations, et ça, Benoit, ça n’a rien d’ordinaire.