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«Tout ce qu’on veut, c’est une eau claire»­ – Tommy Mourdoukoutas

Photo : Courtoisie

Les citoyens se disent inquiets quant à la qualité de l’eau du robinet à Sainte-Marthe-sur-le-Lac.

«Tout ce qu’on veut, c’est une eau claire»­ – Tommy Mourdoukoutas

Publié le 20/05/2025

C’est une demande claire et sans appel que Tommy Mourdoukoutas adresse au maire de Sainte-Marthe-sur-le-Lac face à la crise de l’eau brune à laquelle fait face l’ensemble des citoyens. Résident de la ville depuis quatre ans et demi, Tommy dit vivre ce problème depuis trop longtemps.

Au début, l’eau était jaunâtre, explique-t-il, mais le problème s’est aggravé avec le temps : « Quand la baignoire se vide, à la fin, elle reste noire. » Depuis les épisodes d’eau brune, M. Mourdoukoutas voyage chez ses parents à Laval pour donner le bain à son enfant ainsi que pour laver son linge. Il confie que lorsque sa sœur est venue habiter chez lui avec un nouveau-né pendant trois mois, la famille entière devait se déplacer pour permettre au bébé d’avoir un bain avec de l’eau de qualité.

« Les deux derniers mois, c’était quelque chose hors de l’imaginaire », ajoute-t-il, précisant que la situation s’est considérablement détériorée récemment. « La couleur jaune est encore là. »

Pourtant, il ne réclame aucune compensation. « Tout ce qui m’importe c’est que l’eau redevienne normale », clame-t-il, inquiet pour sa santé ainsi que pour celle de sa famille.

Pour faire face au problème, le citoyen a décidé d’investir dans un système de filtration d’eau pour sa maison. Une dépense de 4 000 dollars qu’il doit lui-même assumer. « Ma femme ne veut plus rien savoir de l’eau ici », explique-t-il, surtout avec l’arrivée imminente d’un autre bébé dans la famille.

Pas de panique, dit le maire

François Robillard se veut rassurant. D’un calme olympien, il évoque un phénomène saisonnier : « On remarque depuis une année ou deux qu’il y a un changement qui se produit au printemps sur l’eau brute ». Ce changement printanier, assure-t-il, fait l’objet de recherches actuellement.

En 2020, alors conseiller municipal, François Robillard estimait que la situation-déjà vieille de plusieurs années- n’avait que trop duré. Faisant de l’eau brune son cheval de bataille, il réclamait de la mairesse Sonia Paulus davantage de transparence, et une action soutenue, afin d’éviter que la situation stagne.

Le maire estime que la qualité de l’eau s’était améliorée ces dernières années, particulièrement « les trois ou quatre dernières années », précisant que « la situation est plus marquée cette année. »

L’aggravation du problème cette année est principalement due à un bris survenu à l’usine de filtration, croit le maire, « ce qui a contribué à avoir beaucoup plus de désagréments cette année ». Plus précisément, il s’agit « d’un équipement qui traite le manganèse […] »

 « Il faut comprendre que c’est une usine où on va capter de l’eau souterraine. Donc, on travaille avec une eau minéralisée […] Les équipements de filtration utilisent des traitements biologiques vivants »

– François Robillard, maire de Sainte-Marthe-sur-le-Lac

La Ville a annoncé la semaine dernière des interventions à la station de traitement de l’eau, notamment le remplacement d’un média filtrant avec la collaboration de différentes chaires de recherche telle que l’École de technologie supérieure (ETS), de Polytechnique de Montréal et de Véolia Canada. Toutefois, M. Robillard restait vague quant aux résultats concrets attendus de ces interventions.

M. Mourdoukoutas affirme quant à lui que c’est un problème « dont on parle toute l’année » et que les citoyens endurent depuis plus de 10 ans. Les épisodes d’eau brune ont été plus fréquents et plus marqués cette année, confirment plusieurs résidents sur une page Facebook dédiée aux citoyens de la Ville-de-Sainte-Marthe.

Potable malgré sa couleur brunâtre

L’eau brune, parfois jaunâtre qui coule du robinet, est potable, a réagi le maire face aux inquiétudes des citoyens concernant la potabilité de l’eau. Il se veut rassurant : « L’eau, malgré la couleur, on s’entend que c’est une réaction chimique entre les minéraux et le chlore qui crée une coloration de l’eau. Mais en aucun temps, l’eau n’est devenue non potable. »

Il précise que des contrôles sont effectués régulièrement : « On fait des tests tous les jours, puis il y a des tests en laboratoire qui sont fréquemment envoyés. C’est pourquoi la Ville n’a pas jugé nécessaire d’émettre un avis de non-consommation ou une alerte sanitaire.

Ce qui est loin de rassurer Tommy qui évite d’utiliser cette eau pour sa famille : « Je ne pouvais pas mettre l’enfant dans le bain », « On ne va jamais goûter à ça », dit le citoyen qui indique utiliser de l’eau en bouteille pour la consommation.

Un appel à la patience

Le maire invite les citoyens au calme et à la patience, précisant que les équipes municipales et scientifiques travaillent d’arrache-pied afin de résoudre le problème. Il annonce que la situation devrait s’améliorer prochainement. « La réparation de l’appareil et le fonctionnement de ce traitement-là vont se faire graduellement au cours des prochaines journées ». Il ajoute que « le réchauffement de l’eau va contribuer à régler la problématique qu’on connaît au printemps ».

Sur le terrain, la confiance est ébranlée. Si plusieurs citoyens ont décliné notre demande d’entrevue, jugeant la situation tolérable malgré la couleur de l’eau, d’autres, comme Tommy, se disent à bout de patience. Il affirme ne plus croire aux promesses de la Ville, rapportant même avoir entendu, de façon informelle, que le problème pourrait perdurer.

Pour financer ces travaux, la Ville compte investir près de 15 M$, dont 7,5 M$ pour l’aménagement d’un réservoir et 6,9 M$ pour bonifier les installations existantes. Le maire dit prévoir aussi la mise en place d’un règlement d’emprunt.