Dans l’attente des résultats d’un sondage sur leurs effets, les nouvelles directives semblent porter leurs fruits.
Un coup de sonde réalisé auprès de 7 000 enseignants de la Fédération des syndicats de l’enseignement du Québec (FSE-CSQ) démontre que les trois quarts, soit 76 %, appuient l’interdiction totale du cellulaire à l’école. La décision du ministère est pour l’instant limitée aux salles de classe.
L’école secondaire d’Oka quant à elle, prend les devants, instaurant des mesures plus strictes. Selon la directrice Isabelle Martel, leur démarche « s’étend à l’ensemble de l’établissement et couvre toute la journée scolaire, du débarquement de l’autobus le matin, jusqu’à l’embarquement de l’autobus le soir. La mesure inclut les pauses, les périodes de dîner et les moments passés sur le terrain de l’école. Les montres intelligentes et les écouteurs sont également proscrits.
Seuls les Chromebook utilisés à des fins pédagogiques en classe et les ordinateurs fournis comme outils d’aide à l’écriture ou à la lecture pour certains élèves, précise-t-elle, sont autorisés. Pour le reste, ils sont « complètement déconnectés ».
Déconnexion
L’approche radicale zéro téléphone à l’école secondaire d’Oka favorise une meilleure concentration des étudiants, note la directrice. Madame Martel souligne un important changement de paradigme, précisant que désormais, ses élèves « se parlent entre eux ». Selon elle, ils vont jusqu’à réduire leur temps d’écran à la maison.
Plus qu’une simple mesure disciplinaire, cette approche, insiste madame Martel, s’inscrit dans une vision éducative plus large. « Notre mission à nous, à l’école, ce n’est pas juste de les diplômer, c’est aussi de développer leur socialisation ».
Le téléphone coupait, naguère, les élèves du reste du monde.
« On avait des élèves assis par terre, couchés par terre, sur leur téléphone. Ils ne se parlaient plus. Tout le monde avait des écouteurs dans leur trajectoire. On ne pouvait pas parler aux élèves. Aujourd’hui, le portrait est bien différent. » — Isabelle Martel, directrice générale de l’école secondaire d’Oka
Une décision collective
Une formation sur la santé mentale des jeunes dispensée à l’ensemble du personnel a mis en lumière les impacts négatifs du temps excessif d’écran sur la santé des adolescents. Laquelle a mené au processus de réflexion ayant guidé la prise de décision collective de l’équipe-école d’interdire les portables à l’école secondaire d’Oka.
En effet, le consensus scientifique indique que l’usage excessif des écrans nuit à la concentration, réduisant la rétention d’information et la mémoire de travail (INSPQ, 2023). Sur le plan de la santé mentale, des études (OCDE, UNESCO) montrent une corrélation entre un temps d’écran élevé et une hausse de 27 % des symptômes anxieux chez les adolescents. Des résultats mesurables ont été observés dans les écoles restreignant les écrans : une étude britannique révèle une hausse de 6 % des résultats aux examens, atteignant 14 % chez les élèves en difficulté (FSE-CSQ, 2024). Les recommandations incluent un encadrement strict et une éducation à l’usage responsable des écrans (UNESCO, INSPQ).
« Ils ont tous embarqué dans le projet pour dire qu’on est prêt, et on va faire le changement ».
La mesure n’a pas suscité de résistance auprès des élèves, se réjouit madame Martel. L’institution scolaire poursuit son travail éducatif pour développer chez les élèves une utilisation plus responsable des technologies.
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