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Les maires « quêteux » appellent à la collaboration et à une vision porteuse

Photo Benoît Bilodeau – La question concernant le financement du transport collectif suscite l’intérêt depuis quelques semaines.

Les maires « quêteux » appellent à la collaboration et à une vision porteuse

Publié le 09/05/2024

Bien qu’ils n’aient guère apprécié de se faire traiter de « quêteux » par le premier ministre François Legault, les maires de la MRC de Deux-Montagnes demandent au gouvernement du Québec de plutôt travailler avec eux main dans la main pour trouver une solution durable au financement du transport collectif et éviter ainsi de surtaxer les contribuables.

Ceux-ci ont, en effet, été invités à réagir à la suite des propos du premier ministre québécois, qui, le 25 avril dernier, face aux déficits qu’ont accumulés les sociétés de transports collectifs et qu’il faut combler, avait lancé qu’il était pour les maires « plus facile d’aller quêter à Québec » que de faire « le ménage » dans les finances municipales.

La déclaration a évidemment froissé les élus municipaux à travers le Québec, y compris les maires de la MRC de Deux-Montagnes. Ces derniers, à l’exception de celui de la Municipalité de Saint-Placide, doivent tous financer les coûts du transport collectif qui leur sont refilés par l’Agence régionale du transport métropolitain (ARTM). Une facture qui ne cesse de grimper à coup de millions de dollars chaque année.

Un document à relire

« Je trouve profondément regrettable que le premier ministre ait cru bon de traiter les maires de ‘’quêteux’’. Les maires et mairesses sont des partenaires du gouvernement, pas des mendiants, et ce n’est pas à coup d’invectives qu’on établit un partenariat profitable et respectueux », a fait savoir le maire de Saint-Eustache, Pierre Charron, également préfet de la MRC de Deux-Montagnes.

Celui-ci a aussi invité M. Legault et les élus de la Coalition avenir Québec (CAQ) à relire leur document « Plan de décongestion : Une réponse sensée pour améliorer la mobilité dans la région de Montréal », déposé un peu avant les élections provinciales de novembre 2018.

« Je présume qu’ils croyaient à ce qu’ils ont écrit, mais ça ne se passe pas du tout comme envisagé. Par exemple, en termes d’investissements accrus. Ils disaient ‘’qu’une part croissante de l’enveloppe budgétaire pour les infrastructures en transport devrait être réservée au transport collectif’’. C’était en réponse à un sondage dévoilé lors du Forum sur la mobilité et le transport collectif, le 23 avril 2018, à Laval, qui indiquait que la moitié de la population de la Couronne Nord souhaitait que le gouvernement investisse en transport collectif dans une proportion moitié-moitié par rapport au volet routier. À mon sens, ce n’est pas du tout cela qui arrive aujourd’hui », mentionne M. Charron pour qui il faut améliorer [et investir] dans les déplacements est-ouest sur la Couronne Nord.

Des exigences gouvernementales à considérer

De son côté, le maire de Deux-Montagnes, Denis Martin, qui siège au conseil exécutif de la Communauté urbaine de Montréal (CMM) et sur le conseil d’administration de l’ARTM, tient à signaler que les instances municipales sont contraintes, avec les conséquences financières qui s’en suivent, de suivre les orientations gouvernementales en financement et en développement de projets.

« L’exemple frappant est la décision du gouvernement du Québec d’investir dans le Réseau express métropolitain (REM). Sans consultation, il remplace la ligne de train Deux-Montagnes (qui avait peu de déficits d’exploitation), par le REM. Le gouvernement du Québec se chargera de 80 % du déficit d’exploitation annuel de 500 M$ et le 20 % résiduel sera à la charge des municipalités. Pour Deux-Montagnes, la facture annuelle du train passe de 275 000 $ à 2 260 000 $ », illustre-t-il, tout en ajoutant : « Les exigences gouvernementales en densification nous obligent à bonifier l’offre en transport collectif, alors que nos routes ne suffisent plus à la demande ».

Abondant dans le même sens, le maire de Sainte-Marthe-sur-le-Lac, François Robillard, souligne aussi le défi qu’il y a de répondre à la fois aux enjeux en habitation et en densification du territoire, tout en ayant un transport en commun adéquat. « Le gouvernement souhaite que les municipalités contribuent à augmenter l’offre locative afin d’atténuer la crise du logement, tout en exigeant qu’elles densifient leur développement pour contenir l’étalement urbain. J’estime qu’il nous faut une stratégie d’habitation et de densification, appuyée par une vision porteuse et un financement structurant de la mobilité et du transport collectif », d’indiquer l’élu marthelacquois.

Des impacts financiers considérables

Par ailleurs, la mairesse de Pointe-Calumet, Sonia Fontaine, insiste sur le fait que sa municipalité, qui ne siège pas aux conseils d’administration de l’ARTM et d’exo, est directement affectée par les décisions gouvernementales en matière de tarification et que cela peut avoir un impact financier considérable sur ses citoyens.

« La hausse fulgurante de la facture annuelle pour Pointe-Calumet, passant de 240 000 $ à 570 000 $, exerce une pression financière [importante] sur nos résidents déjà confrontés à une augmentation constante du coût de la vie. Nous espérons que la ministre [Geneviève Guilbault] prendra en compte ces préoccupations, car sans une aide de notre gouvernement, il nous sera impossible de ne pas ajouter une autre surtaxation à nos citoyens qui, pour plusieurs, sont déjà au bord du gouffre », de faire savoir Mme Fontaine.

Lutter contre les changements climatiques

Pour sa part, le maire d’Oka, Pascal Quevillon, a tenu à rappeler que les villes et les municipalités ne sont pas que des organismes relevant du gouvernement, mais aussi « des partenaires à part entière! » À ce titre, il demande au gouvernement du Québec d’être à l’écoute des besoins et des préoccupations des villes et municipalités, car, dit-il, « c’est souvent au niveau local que les défis et les opportunités sont mieux compris, permettant ainsi une prise de décision nationale plus informée et des investissements mieux répartis. »

« Le financement du transport collectif joue un rôle crucial dans la lutte contre les changements climatiques; il contribue au décongestionnement des routes et favorise l’inclusion sociale et économique pour rendre les déplacements plus accessibles à tous. Les plans de développement urbain exigés par le gouvernement ont besoin d’être bien réfléchis et surtout soutenus », d’indiquer M. Quevilon pour qui, enfin, il importe de « laisser de côté les insultes et de travailler ensemble, main dans la main ».