Née au mois de mars 1989, ce qui signifie qu’elle n’a donc pas eu conscience des évènements qui sont survenus à l’été suivant à Oka, l’actuelle députée fédérale de la circonscription d’Argenteuil-Papineau-Mirabel, Mylène Freeman, dit cependant toujours avoir eu de la sympathie pour la cause des autochtones, et pour ceux évidemment de Kanesatake.
«Je crois avoir toujours été sensibilisée par les différentes problématiques que vivent les autochtones. Et puis, pour moi, Oka et Kanesatake, ce n’était pas vraiment nouveau puisque, toute jeune, je visitais durant l’été ma grand-mère qui résidait à Deux-Montagnes. Nous prenions alors que le traversier pour arriver à Oka. Donc, j’étais un peu courant de ce qui s’y passait», de raconter la jeune députée néo-démocrate, âgée de 26 ans, dont l’immense circonscription (42 municipalités en tout) regroupe notamment les territoires d’Oka et de Kanesatake.
Depuis son élection, au mois de mai 2011, Mme Freeman dit avoir eu à communiquer à de nombreuses reprises avec la communauté mohawk de Kanesatake, que ce soit avec l’actuel grand chef Serge Simon ou encore avec des membres du conseil de bande ou de la communauté. «Je crois que c’est important d’avoir un dialogue avec eux. J’ai à quelques reprises soulevé certaines problématiques que ceux-ci vivent à la Chambre des communes, notamment en ce qui a trait au financement à l’éducation qui a été limité aux enfants vivant seulement sur des terres fédérales par le gouvernement conservateur. Cela signifie que beaucoup d’enfants de Kanesatake, une centaine environ, ne peuvent se prévaloir de ce financement pourtant nécessaire», de déplorer la députée néo-démocrate, ajoutant que, dans plusieurs dossiers, le gouvernement de Stephen Harper n’a pas été respectueux, de façon générale, à l’égard des autochtones.
«C’est important d’avoir de bonnes relations avec les Premières Nations, de prendre le temps de dialoguer dans un respect mutuel, d’avoir de l’écoute. Il semble que l’actuel gouvernement, en particulier, est peu sensibilisé aux nombreux défis qui se posent dans les communautés autochtones, comme dans le dossier des femmes autochtones portées disparues ou assassinées, dont de nombreux cas n’ont pas été résolus à ce jour», de dire Mme Freeman.
Vingt-cinq ans plus tard, est-ce qu’une nouvelle crise comme celle de 1990 pourrait survenir de nouveau? «Je ne crois pas! Les peuples autochtones sont davantage mobilisés, notamment grâce aux réseaux sociaux. Mais, il faut aussi que le gouvernement fédéral fasse sa part, qu’il soit notamment respectueux des droits des peuples autochtones. Mon collègue Roméo Saganash, député néo-démocrate d’Abitibi-Baie James–Nunavik–Eeyou, a d’ailleurs déposé un projet de loi visant à assurer l’harmonie des lois fédérales avec la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones [NDLR: le Canada a voté contre son adoption, en 2007, de même que les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande]. Pourtant, son projet de loi a été rejeté au printemps dernier…», de répondre la députée d’Argenteuil-Papineau-Mirabel.
Selon Mylène Freeman, ce qu’il faut surtout retenir, c’est que les peuples autochtones, y compris celui de Kanesatake, ont tout aussi droit à aspirer à un avenir meilleur que les autres Canadiens. «Comme tout le monde, ils y ont droit. Mais cela commence par du respect, de l’écoute et de la compréhension», de conclure celle-ci.