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La crise d’Oka – Il y a 25 ans: Construire des ponts et les entretenir au fil du temps

La députée de Mirabel

La crise d’Oka – Il y a 25 ans: Construire des ponts et les entretenir au fil du temps

Publié le 24/07/2015

(NDLR) — Il y a 25 ans, une crise sans précédent allait secouer le Québec, mais plus particulièrement la Municipalité d’Oka et ses résidants, ainsi que la population de la MRC de Deux-Montagnes: la fameuse crise d’Oka. Vingt-cinq ans plus tard, votre hebdo L’ÉVEIL rencontre différents intervenants pour dresser un portrait de l’actuelle situation. Cette semaine: la députée provinciale de Mirabel, Sylvie D’Amours.

Vingt-cinq ans après la crise d’Oka, l’actuelle députée provinciale de Mirabel, Sylvie D’Amours, de la Coalition Avenir Québec (CAQ), estime, malgré le fait que des cicatrices soient toujours présentes, que le dialogue entre les deux nations et les échanges d’égal à égal demeurent la voie à privilégier pour éviter que de tels évènements se répètent.

«Nous devons être à l’écoute de la population autochtone, mais également s’assurer qu’un dialogue existe bel et bien sur le terrain entre la population d’Oka et les autochtones. Il faut également travailler à sensibiliser les gens des deux communautés aux différences culturelles. Cela fait peut-être un peu cliché, mais il faut construire des ponts et les entretenir au fil du temps. Ensemble, je suis persuadée que nous pouvons améliorer la qualité de vie des autochtones et s’assurer qu’ils puissent s’épanouir pleinement afin de participer eux aussi, à leurs façons, à l’économie québécoise», croit la députée D’Amours pour qui la confrontation n’est ni porteuse de solutions, ni porteuse d’espoir.

Il y a 25 ans, Mme D’Amours, qui était âgée de 30 ans et mère de deux enfants, travaillait pour la Caisse populaire d’Oka, donc au cœur même de la communauté touchée par cette fameuse crise. «Avant les évènements de 1990, nous avions plutôt le sentiment qu’une certaine harmonie s’était installée entre les deux communautés. Nous avons donc été surpris par la crise. Comment deux communautés qui s’entendent bien, et dont la violence ne faisait ni partie des comportements, ni des paroles, pouvaient en arriver à devenir des guerriers? Dans la communauté, je me rappelle très bien que c’était des sentiments de désarroi, voire de honte, qui étaient présents. Est-ce comme ça que nous allions nous rappeler de notre communauté, de notre région et de ces deux nations?» se souvient celle-ci.

Malgré le fait qu’Oka ait été au centre de l’actualité et que les images diffusées n’étaient pas des plus positives, la députée caquiste assure que ces évènements n’ont pas changé sa perception vis-à-vis la communauté autochtone: «J’avais une excellente opinion des Mohawks de Kanesatake, et elle est demeurée intacte. Dès 1990, je refusais que l’on attribue la responsabilité de ce qui se passait sur le territoire de la pinède, soit l’action d’une poignée d’individus, à l’ensemble de la nation autochtone. À ce jour, ma perception reste la même.»

Celle-ci croit aussi qu’à l’époque, il y a eu un manque de jugement politique de la part des acteurs en place, et que les faits et gestes posés n’ont peut-être pas été adéquats dans les circonstances.

Est-ce qu’une nouvelle crise comme celle de 1990 pourrait survenir de nouveau? «Oui et non. Je crois que le dialogue avec la communauté politique de la Municipalité d’Oka est plus ouvert et la cohabitation se passe mieux. Or, le gouvernement n’étant pas proactif et ne faisant rien tant et aussi longtemps que les médias ne parlent pas de la situation autochtone, une crise peut survenir. C’est structurellement possible», répond Mme D’Amours, ajoutant, au passage, que les gouvernements qui se sont succédé depuis 1990 ont fait preuve d’immobilisme pour le Québec, tant au niveau économique que culturel, et que cela est dommage pour les autochtones de Kanesatake.

La députée caquiste est, par ailleurs, d’avis que le gouvernement doit régler les différentes revendications autochtones, dont celles territoriales, une fois pour toutes, et que cela passe nécessairement par des négociations.

Enfin, Mme D’Amours dit s’être sentie privilégiée d’avoir participé à la commémoration du 11 juillet dernier et d’avoir été témoin de ce rapprochement. «Seules deux grandes nations qui se respectent agissent ainsi. Les Mohawks de Kanesatake peuvent certainement aspirer à un avenir meilleur, prétendre le contraire serait révéler ne pas connaître leur force de caractère et leur détermination», de conclure la députée de Mirabel.