À ce jour, il estime avoir soutenu, avec le concours d’amis et de collègues de travail, quelque 1 000 Ukrainiens soit en leur distribuant de la nourriture et diverses fournitures, soit en allant, pour une centaine d’entre eux au moins, les transporter à la gare de train la plus proche du poste frontalier de Tiszabecs d’où ils arrivent.
« Ma mère est d’origine autochtone [qui vit aujourd’hui à Saint-Jérôme] et vient du Nord québécois. Elle m’a inculqué, assez tôt dans ma vie, des valeurs de solidarité. J’ai donc beaucoup de compassion face à tout ce qui se passe ici. Je me suis dit que la seule façon de faire honneur à ces valeurs que j’ai reçues, c’était en essayant de contribuer le plus modestement possible à aider des réfugiés. Ce n’est pas parfait, mais je fais du mieux que je peux, car je savais, dès le jour 1, que la situation allait être compliquée pour eux », de raconter celui qui, jeune, a habité à Saint-Eustache, Deux-Montagnes et Sainte-Marthe-sur-le-Lac, puis étudié au Collège Lionel-Groulx, à Sainte-Thérèse, en sciences humaines.
Un accueil déficient aux réfugiés
Actuellement à compléter à distance un baccalauréat en affaires communautaires et publiques à l’Université de Concorda, Christopher a donc, dès les premiers jours de la guerre, réussi à mettre en ligne une campagne de financement via la plateforme JustGiving et tenté d’identifier les lacunes logistiques quant à la façon dont les autorités locales s’occupaient de l’accueil des réfugiés qui arrivent de l’Ukraine.
« Très vite, nous avons réalisé que des lacunes, il y en avait plus d’une. Le gouvernement hongrois est loin d’être démocratique, disons-le comme cela. En 2014, lors de la crise migratoire avec les Syriens, il a expulsé la plupart des organisations non gouvernementales (ONG) du pays pour des raisons politiques disant qu’elles étaient des agents perturbateurs. Les grosses organisations, comme la Croix-Rouge, ne sont pas présentes ici, comme c’est le cas en Pologne ou en Roumanie où se dirigent la plupart des réfugiés. Même si les autorités religieuses locales s’en occupent, l’accueil des réfugiés en Hongrie [quelque 500 000 à ce jour] s’avère pas mal broche à foin », de mentionner Christopher.
Celui-ci explique que les Ukrainiens qui arrivent en sol hongrois transitent via trois postes frontaliers, dont celui de Tiszabecs, un tout petit village isolé où il n’existe aucune liaison de transport en commun directe vers Budapest ou une gare de train à proximité. C’est à cet endroit que Christopher et son groupe ont décidé d’agir.
Des kilomètres de route pour aider
Au moins une fois par semaine, parfois deux et même trois fois, Christopher loue donc, d’abord avec des fonds personnels, puis avec ceux amassés sur JustGiving, un autobus ou une camionnette, embauche un chauffeur expérimenté [car la route n’est pas nécessairement sécuritaire] et un traducteur, achète de la nourriture et se rend avec des collègues de travail jusqu’à Tiszabecs pour y distribuer dans un premier temps, après presque quatre heures de route, de la nourriture aux réfugiés présents.
Puis, pendant que les volontaires de son groupe s’occupent de cette distribution, Christopher et son chauffeur effectuent au moins un aller-retour, des fois deux, avec des réfugiés entre Tiszabecs et Nyíregyháza, ville où s’y trouve, à une heure et demie de route, la gare de train la plus proche. Un seul voyage entre ces deux points nécessite donc trois heures de route.
« Le train est gratuit pour tous les réfugiés, mais encore faut-il s’y rendre et savoir comment, car les Ukrainiens ne comprennent pas la langue hongroise, ni même la langue anglaise », explique Christopher dont les grands-parents sont eux-mêmes des réfugiés qui ont quitté la Hongrie pour le Québec lorsqu’il y a eu invasion de leur pays par la Russie dans les années 1950. Au retour pour Budapest, d’autres réfugiés sont invités à occuper les sièges disponibles à bord de l’autobus. Dans cette ville, ils recevront aussi accueil et soutien de la part du Laurentien et de son groupe.
Christopher avoue que le travail que ses collègues et lui effectuent n’est pas des plus évidents, compte tenu du peu de soutien qu’ils obtiennent des autorités locales. « Elles ne sont pas vraiment solidaires. Ce sont des gens de bons cœurs, comme toi et moi, et l’Église baptiste dans notre cas qui le sont », mentionne-t-il.
Aider via la plateforme JustGiving
Pour financer cette aide qu’ils apportent à ces personnes âgées, ces femmes et enfants qui arrivent à pied de diverses villes ukrainiennes, comme Kiev, Christopher et ses collègues de travail misent beaucoup sur la campagne qu’ils ont initiée sur la plateforme JustGiving.
« Nous avons amassé environ 2 355 £ [environ 3 750 CAD$] à ce jour et plus de la moitié de cet argent a déjà été dépensée. Un voyage nous coûte environ 300 $ à 400 $, une somme que les Hongrois ne peuvent payer eux-mêmes, car cela représente la moitié du salaire d’une enseignante d’expérience, comme ma belle-mère par exemple. On a amassé cela au départ en pensant que la guerre allait durer quelques mois au maximum, mais là ça semble vouloir perdurer jusqu’à la fin de l’année. Mon but, c’est de continuer tant et aussi longtemps que la guerre va durer. Les gens ne vont pas arrêter d’arriver [aux frontières]. Si tu as un cœur, tu ne peux rester insensible à ce qui se passe ici », de lancer Christopher qui souhaite que les gens de la région des Laurentides le soutiennent à leur tour pour qu’il puisse continuer à offrir cette aide.
Pour contribuer, il suffit de se rendre sur le https://www.justgiving.com/crowdfunding/helpingukrainianrefugees?utm_term=mz6ArvXNx. Il est important de noter que les dons se font en livres sterling et qu’une livre équivaut à environ 1,60 CAD$.
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