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Domaine Pelchat Lemaître-Auger : réactions et réplique

Photo : courtoisie –

Plusieurs ont tenu à réagir à la suite de la décision de la CPTAQ d’interdire des spectacles au Domaine Pelchat Lemaître-Auger.

Domaine Pelchat Lemaître-Auger : réactions et réplique

Publié le 27/06/2025

Alors que le milieu agricole et des citoyens appuient la décision de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ) quant à l'interdiction de spectacles au Domaine Pelchat Lemaître-Auger, à Saint-Joseph-du-Lac, le chanteur et viticulteur Mario Pelchat appelle plutôt à ce que l’agriculture se réinvente.

Rappelons que la CPTAQ a maintenu, dans une décision rendue le 27 mai dernier, la première interdiction imposée le 8 mars 2024 qui interdit au Domaine Pelchat Lemaître-Auger de présenter des spectacles dans une salle aménagée à cet effet sur le site du vignoble joséphois.

Mario Pelchat, qui avait annulé les 45 spectacles à l’horaire de la saison 2024, a cependant décidé de maintenir la programmation déjà annoncée qui a débuté le 12 juin dernier et qui doit se poursuivre, en principe, jusqu’au jeudi 11 septembre prochain. En tout, 45 spectacles sont prévus durant ces trois mois.

Un appui de l’UPA à la CPTAQ

Dans un communiqué de presse daté du 10 juin dernier, l’Union des producteurs agricoles (UPA) exprime de façon non équivoque qu’elle « adhère aux arguments et conclusions » formulés par la CPTAQ.

« Nous appuyons depuis toujours les activités d’agrotourisme, mais dans la stricte mesure où elles sont complémentaires aux activités agricoles et servent à les mettre en valeur. La CPTAQ, dans sa décision rendue le 27 mai, démontre clairement que cette complémentarité n’est pas au rendez-vous […]  Le projet [du Domaine Pelchat Lemaître-Auger] s’éloigne beaucoup trop de la pratique de l’agriculture et de sa valorisation. Notre garde-manger est là prioritairement pour nourrir les Québécoises et les Québécois », de déclarer, dans un communiqué de presse, le président général de l’UPA, Martin Caron.

Pétition et lettre d’opinion de deux citoyennes

Aussi, deux citoyennes de Saint-Joseph-du-Lac, Denise Proulx et Lynda De Laplante, font actuellement circuler une pétition demandant que la décision de la CPTAQ soit respectée et appliquée. En date du mercredi 18 juin, 54 personnes avaient signé cette pétition qui s’ajoute à une première qui avait été envoyée à la CPTAQ le 3 juillet 2024 et qui comprenait alors 29 signatures.

« La pétition est en format papier et a été complétée à l’ancienne méthode du porte-à-porte. Elle a donc du poids car elle a été signée par des Josephois et Josephoises directement concernés et non par des supporteurs répartis au travers de la province qui ne connaissent même pas la réalité de Saint-Joseph-du-Lac », de soutenir Mme De Laplante.

Également, les deux citoyennes ont publié une lettre d’opinion adressée aux médias dans laquelle elles souhaitent centrer le débat non pas sur la pertinence de permettre une salle de spectacle au Domaine Pelchat Lemaître-Auger, mais bien sur ce que la population veut comme agriculture dans les Basses-Laurentides. Cette lettre peut être consultée sur le groupe Facebook « Saint-Joseph-du-Lac – vie politique et citoyenne  ».

« Décrier la CPTAQ et laisser tout et rien s’installer en milieu agricole, c’est revenir à l’anarchie et tuer dans l’œuf les prochaines générations d’agriculteurs dans notre région. Des salles de spectacle, des salles de réception, des tours d’hélicoptère n’ont rien à voir avec l’agrotourisme. C’est du commerce qui ne soutient pas l’agriculture, même si l’entreprise y vend des produits agricoles. Ce dont notre région a besoin, ce n’est pas plus de commerces non agricoles, mais des politiques réelles d’achat local […] C’est une politique réelle de soutien des agriculteurs entre eux, avec une imagination et une volonté politique respectueuse du monde rural pour améliorer la mise en œuvre efficace de cette façon nouvelle de nourrir le Québec », écrivent Denise Proulx et Lynda De Laplante disant avoir, même si elles ne sont que deux à signer cette lettre, « plusieurs appuis ».

La réplique de Mario Pelchat

Rappelant qu’il est à la tête d’un vignoble de 58 000 vignes qui produit actuellement 50 000 bouteilles de vin, et qui doublera sa production sous peu, Mario Pelchat a tenu, sur la page Facebook du Domaine Pelchat Lemaître-Auger, à répliquer « respectueusement » aux propos des deux citoyennes, les qualifiant comme étant « une vision étroite de l’agriculture moderne ».

« L’agrotourisme n’est pas une menace, c’est un vecteur de vitalité rurale. Les spectacles que nous organisons, dans un entrepôt agricole vidé l’été, ne sont pas des activités commerciales hors-sol. Ils s’inscrivent dans une démarche agrotouristique complète […] qui attire des gens venus de partout au Québec, voire de France, dans une région qu’ils n’auraient peut-être jamais visitée autrement. Résultat ? Ces visiteurs dorment dans nos auberges, mangent dans nos restaurants, achètent chez nos producteurs locaux, et font vivre notre région bien au-delà des limites de notre vignoble. C’est une retombée directe pour toute la communauté agricole et économique », d’écrire le chanteur et viticulteur.

« Nous ne contestons pas la nécessité de protéger les terres agricoles. Mais il est dangereux de confondre préservation rigide et évolution intelligente. L’agriculture n’est pas un musée figé dans le temps. Elle doit se réinventer, s’ouvrir, se faire connaître, pour survivre et inspirer une relève qui, trop souvent, fuit le milieu agricole faute de vision d’avenir. Le Domaine Pelchat Lemaitre-Auger ne remplace pas l’agriculture par du spectacle, il ajoute de la valeur à l’agriculture par la culture. Et cela, c’est profondément québécois », d’ajouter Mario Pelchat qui, lui, a mis en ligne une pétition demandant à ce que la CPTAQ revoie sa position dans ce dossier. En date du jeudi 19 juin, la pétition avait obtenu l’appui de 22 667 signataires.