En fait, ce sont pas moins de 500 organisations de tout horizon et plus d’une cinquantaine de personnalités publiques qui, à l’initiative du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Photo de Karolina Grabowska (Pexels) – Il est devenu maintenant quasi impossible d’espérer d’emménager dans un nouveau logement, même dans la région des Laurentides.ont réclamé la semaine dernière une telle politique basée, insiste-t-on, « sur le droit au logement, la réalisation massive de logements sociaux, tant coopératifs, sans but lucratif que publics, et un meilleur encadrement du marché privé. »
Dans la région des Laurentides, l’Association communautaire d’économie familiale (ACEF) des Basses-Laurentides, l’Association de promotion et d’éducation en logement (APEL), Droits et recours Laurentides, La Mouvance, Centre de femmes, le Mouvement Personne d’Abord de Sainte-Agathe et le Réseau des femmes des Laurentides appuient plus particulièrement la demande du FRAPRU, un regroupement national pour le droit au logement basé à Montréal.
Violence conjugale et manque de logement
Dans la région immédiate, le Réseau des femmes des Laurentides (RFL) affirme être plus que soucieux de l’impact du manque de logement abordable et sécuritaire pour les femmes de la région des Laurentides. Trois de ses groupes membres portent d’ailleurs chacun un projet de maisons d’hébergement de deuxième étape pour les femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants, dont une aura pignon sur rue à Saint-Jérôme dans environ un an.
« Malheureusement, le manque criant de logement abordable dans la région ne cesse d’empirer. Les maisons d’hébergement pour les femmes victimes de violence conjugale et leurs enfants dénombrent à regret de plus en plus de femmes qui choisissent de retourner dans leur foyer violent, à défaut de trouver un logement dont elles peuvent assurer le paiement du loyer. Plusieurs d’entre elles, au terme de leur séjour en hébergement, se résignent même à se loger dans une chambre de motel », fait notamment valoir Myriam Gagné, coordonnatrice générale du RFL.
Une situation qui perdure depuis 10 ans
De son côté, l’Association de promotion et d’éducation en logement (APEL) rappelle qu’elle réclame depuis de nombreuses années une politique particulière en habitation pour les Laurentides. La région connaît, mentionne Serge Gilbert, coordonnateur de l’organisme régional basé à Saint-Eustache, « des défis particuliers qui ne sont pas ceux des espaces métropolitains. Le manque de logements abordables se fait cruellement sentir depuis près de 10 ans dans la MRC de Deux-Montagnes. »
« Les Basses-Laurentides ont commencé à pâtir du manque de logements depuis un peu plus de cinq ans. Les Hautes-Laurentides ont suivi depuis un peu plus de deux ans. Cependant, la pandémie a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, pour utiliser une expression populaire. L’exode des citadins de Montréal vers les couronnes de Montréal a imprimé une pression à la hausse sur le coût des logements. Le peu de logements qui restait fait maintenant l’objet d’une surenchère indécente. Les locateurs, flairant un bon coup d’argent, utilisent toutes sortes de tactiques pour évincer et expulser les locataires. Ils procèdent à des reprises illégales, à des ‘’rénovictions’’ », constate M. Gilbert.
Ce dernier a d’ailleurs de nombreux exemples d’expulsions ou de cas de ‘’rénovictions’’ en tête, que ce soit dans les Basses-Laurentides, mais aussi dans les Hautes-Laurentides. « À APEL, nous sommes un peu débordés avec les demandes des clients. Pour les mois de janvier et février, nous sommes déjà à près de 50 dossiers ouverts» , dit-il.
La classe moyenne aussi concernée
L’Association communautaire d’économie familiale (ACEF) des Basses-Laurentides juge aussi qu’une politique d’habitation s’avère nécessaire, et plus maintenant seulement pour les personnes et familles à faible revenu, mais désormais pour celles à revenus moyens.
« On sait que pour avoir un budget équilibré, la dépense logement ne doit pas dépasser 30 % des revenus nets. Nous constatons quotidiennement que cette proportion est largement dépassée. Auparavant, nous pouvions suggérer à la personne de déménager afin de diminuer sa dépense habitation, ou se rapprocher de son réseau ou du travail. Aujourd’hui, cette solution est utopique. L’étau se resserre. Et pourtant se loger est un besoin de base », mentionne Jacinthe Nantel, agente de solidarité citoyenne pour l’organisme basé à Sainte-Thérèse.
« Des personnes nous disent préférer accepter une augmentation de loyer déraisonnable plutôt que de contester, de peur d’une ‘’rénoviction’’. D’autres vivent dans des conditions de logement inadéquates, mais sont prises au piège parce qu’il n’y a pas de logement abordable. Et ici on ne parle pas des personnes à très faible revenu qui n’ont pas un bon dossier de crédit; pour elles c’est le cauchemar », ajoute celle-ci, non sans insister sur le fait qu’une politique en habitation vise « à ce que personne ne soit mis de côté. »
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