Je lui adresse cet hommage sous forme de lettre au nom de toutes les personnes qui l’ont côtoyé, connu, chéri et aimé, sachant que le fait d’écrire à la personne aimée tout ce qu’on n’a pas eu l’occasion de lui dire de son vivant est une des façons qui peut nous aider à traverser le deuil.
Cher pape François,
Nous voulons vous rendre hommage et vous exprimer toute notre reconnaissance pour tout ce que vous avez été et pour tout ce que vous avez semé et accompli durant vos douze années de pontificat marquése par le thème de la Miséricorde qui rend ce monde plus juste et moins froid.
Vous avez réussi à rendre ce monde meilleur, ce qui vous a valu l’attachement et l’admiration d’une multitude de personnes de différents pays, religions et cultures.
L’image la plus forte et la plus vraie qui nous vient à l’esprit quand on pense à vous, c’est une magnifique explosion, de foi, de convictions, d’enthousiasme, d’énergie, de dévouement, d’humanisme, de confiance et ce fort désir de « changer le monde », que vous avez réussi à accomplir tout au long de votre de sacerdoce.
Vous avez été une personne remarquable, un modèle à suivre, d’une personnalité inclassable et vous ne vous en vantiez jamais. Vous étiez discret comme une source qu’on découvre presqu’au hasard dans un coin ensoleillé du jardin.
D’un grand courage et malgré votre maladie et vos souffrances, vous avez tenu à donner votre bénédiction ” Urbi et Orbi ” à l’occasion de Pâques 2025 à la ville de Rome et à ”l’univers”, depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre.
Nous avons aussi remarqué votre courage, lorsque vous êtes venu au Canada, en chaise roulante à cause de vos douleurs dans les genoux, présenter des excuses officielles aux peuples autochtones pour les traitements qu’ils ont subis dans les pensionnats par certains membres de l’Église catholique.
Homme de foi, de paix, de prières et d’une grande spiritualité, vous saviez mettre votre cœur en toutes choses. Vous nous avez non seulement enseigné en prêchant la Parole, mais vous nous avez inspirés par votre exemple, la simplicité, l’humilité, la patience, la foi et l’espérance, malgré les moments difficiles et les problèmes de santé qui ont jalonnés tout au long de votre pontificat.
Votre mémoire phénoménale et vos connaissances ont su ébahir les uns et épater les autres. Très informé de ce qui se passe en société, vous étiez en mesure d’émettre des opinions débordantes de vérités. Vos propos étaient accessibles, courageux, clairs, lucides et répandaient la lumière autour de vous.
Vous saviez aller droit au but sans tambour, ni trompette. Quel plaisir nous avions tous à vous lire et à vous écouter!
D’une grande franchise, vous avez su éclairer les profanes, réveiller les endormis, confirmer les faits auprès des personnes qui cherchaient la vérité, mettre en garde et secouer certaines personnes, certaines institutions et même certains pays.
Déterminé, tenace et avant-gardiste, vous étiez fort et inspiré comme le roc d’une île naissante, défendant avec fougue et passion la vérité. Vous avez réalisé plusieurs voyages, réformes, documents, restructurations ecclésiales, engagements en faveur de la paix, des pauvres et des migrants, dans une perspective d’innovation et de fraternité. Plus que quiconque, vous avez confié des rôles de responsabilité à des figures féminines. Vous n’avez jamais cessé de rappeler le «génie» féminin et la dimension maternelle de l’Église (qui «est une femme»). Vous avez nommé des religieuses, des missionnaires, des professeures, des expertes, des théologiennes aux côtés des cardinaux et des évêques.
Vous avez su inviter tout le monde, à se mettre à l’écoute du « cri de l’humanité » pour « briser les chaînes de l’injustice » et répandre la paix.
Et que dire de vos capsules de réflexion spirituelle basées sur votre connaissance des Écritures et de la foi chrétienne, et conçues avec le désir d’un renouveau spirituel de l’Église d’aujourd’hui. Votre don de la parole réussissait à ouvrir les cœurs et à réveiller la foi des uns et à stimuler celle des autres dans notre société corinthienne qui va à la dérive où l’homme, ayant perdu la tête, et essaie de se prendre pour Dieu.
Votre dévouement était à l’état brut, parfois sans concession, toujours sans limites. Vous mettiez votre cœur en toutes choses : travail sans relâche, persévérance, service. Et comme le disait Gandhi : « Vous vous retrouviez en vous perdant au service des autres. » C’était votre carte de visite.
Vos ressources intérieures étaient inépuisables et vos qualités humaines et sacerdotales transparaissaient dans chacun de vos gestes. Elles étaient toutes teintées d’une certaine générosité ou plutôt d’une générosité certaine, tel un ruisseau qui coule doucement, encore et encore, sans jamais s’arrêter.
D’une grande sagesse et d’une grande patience, vous avez su faire du temps votre allié. Comme un fruit qui mûrit à l’automne, vous saviez attendre le bon moment pour intervenir et pour donner forme aux nombreux projets humanitaires et environnementaux qui germaient dans votre tête. Vous avez été le premier pape écolo et ardent défenseur de la maison commune.
Par votre manière d’être, votre témoignage de vie, entièrement consacré au Seigneur et au service des autres, par votre approche faite de respect et de reconnaissance, vous avez su partout où vous passiez, vous entourer de fidèles admirateurs et non seulement de fidèles catholiques.
Vous avez su laisser votre sceau, marquant ainsi nos vies en laissant derrière vous une traînée de lumières qui seront à tout jamais présentes dans nos esprits et nos cœurs. Sachez, que tout ce qu’on a appris avec vous nous permettra maintenant de vivre sans vous.
Malgré votre absence terrestre, il y a une chose dont nous sommes certains, c’est que pour nous tous, quoiqu’il advienne, vous resterez toujours présent dans nos esprits et nos cœurs. Vous serez toujours là pour nous éclairer, nous guider et nous accompagner. Vous serez pour nous une source d’inspiration par votre exemple et l’on ne cessera jamais de vous en remercier.
Bien sûr, vous allez nous manquer, mais il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants (Jean d’Ormesson), car même si vous n’êtes plus là où vous étiez, vous serez toujours présent partout là où nous sommes. (Victor Hugo)
Confucius a dit un jour : « Il reste toujours un peu de parfum dans la main de celui qui offre des roses aux autres ». Que de roses, vous nous avez offertes, durant toutes vos années de sacerdoce. À notre tour, nous nous unissons, pour intensifier ce parfum que vous avez gardé dans vos mains, en guise de reconnaissance, afin qu’il puisse vous embaumer et que son effluve vous enveloppe pour toujours.
La gerbe de bonnes semences que vous nous avez offerte en nous quittant est tellement grosse que Dieu seul saura la lier, tellement lourde que le Christ seul saura la soulever pour l’offrir à son Père comme un bouquet céleste en vous accueillant chez Lui dans la cinquième saison, cette saison de la paix, de la plénitude, la saison où il n’y a plus de douleurs et où Jésus dans son Amour vous a préparé une place à ses côtés, c’est pourquoi nous ne vous disons pas adieu, mais, reposez en paix, car maintenant vous êtes à Dieu.
Fidèlement vôtre,
Monique Khouzam Gendron,
Une citoyenne canadienne d’origine égyptienne et de cœur québécois et universel