Les préjugés, assumés ou non, poussent le commun des mortels à imaginer davantage un jeune homme absorbé par son entreprise, ses loisirs ou ses projets personnels. Mais voilà : à 26 ans, il a choisi d’investir une partie de son temps dans une cause qui dépasse sa trajectoire individuelle.
« En 2016-2017, ma grand-mère a terminé ses jours à la Maison Sercan suite à un combat contre plusieurs cancers. J’ai pu voir un peu c’était quoi, Sercan. Ça m’est resté dans la tête », dit-il. En 2020, alors qu’il accompagne le député de l’époque, Luc Désilets dans une visite à l’organisme, il entend la directrice générale expliquer qu’au-delà des dons, la maison a besoin de jeunes pour siéger au conseil d’administration. « Je me suis laissé aller à envoyer ma candidature en tant qu’entrepreneur. J’avais envie d’apporter du renouveau, une vision plus jeune. Même si je n’avais aucune expérience en CA, je me suis dit que je pouvais contribuer. »
Un engagement qui demande du temps
Depuis, Vincent mesure le poids de cette implication. « Je ne te cacherai pas que c’est de l’implication, puis c’est du temps aussi où je dois être présent. C’est difficile de garder des gens. Souvent, la famille ou la job font que certaines personnes quittent. Mais avec Sercan, ils sont assez compréhensifs. Ça fait plus d’un an que je suis là et j’espère être là pour encore un bon cinq ans », lance-t-il, optimiste.
Il décrit un CA vivant, où les départs et arrivées renouvellent constamment la dynamique. « Le CA qu’on a, c’est un très beau CA. Que ce soit des plus jeunes, des plus vieux, des plus expérimentés, c’est un beau mélange. »
La richesse du mélange générationnel
Cette diversité est ce qu’il apprécie le plus. « Je trouve qu’en mélangeant des jeunes et des plus expérimentés, ça fait un bon mélange. Il y a des points de vue différents, des discussions qui permettent de mener des projets à terme. Ce ne sont pas des discussions qui tournent en rond dans le même cercle depuis cinq ans. Il y a une évolution. »
Les décisions, souvent liées aux finances ou aux événements, prennent parfois du temps. « On a déjà passé trois semaines à discuter avant de prendre une décision. Mais je pense qu’en mélangeant les points de vue, les choses se font plus concrètement », résume-t-il.
Si les réunions abordent des budgets, des investissements ou des choix logistiques, Vincent rappelle qu’il ne faut pas perdre de vue l’essentiel. « On parle souvent de chiffres, mais il faut aussi se rappeler qu’il y a des gens qui viennent à la Maison Sercan pour finir leur vie. C’est ça qu’on a en tête. On doit offrir un service impeccable, en même temps qu’on parle d’argent ou de levées de fonds. »
Il dit trouver dans ces rencontres un équilibre précieux : « Il y a des bons moments de rire et des moments très sérieux de réflexion. On découvre aussi sur soi-même, sur des situations qui peuvent se passer dans la maison. C’est complexe, mais c’est ce qui me manquerait si j’arrêtais. »
Donner du temps, donner du sens
Pour Vincent, la reconnaissance personnelle n’est pas ce qui compte. « En public, c’est plus pour amener les gens à venir à la Fondation et non pour m’enfler la tête. Oui, c’est gratifiant dans le sens où j’apprends beaucoup, mais je retourne toujours la médaille de l’autre côté. Ce que je regarde, c’est que je donne de mon temps, de mon énergie, de mon expertise à une cause. »
Et d’ajouter, avec ses mots : « Je ne ramasse pas des déchets au sol, je ne reconstruis pas une maison… mais en étant présent sur ce CA, j’apporte une vision, quelque chose qui est là pour la population. Ce n’est pas concret sur l’instant, mais plus tard, c’est un service auquel n’importe qui pourra avoir accès. »
Il insiste sur ce qui distingue la maison : « Un jour ou l’autre, un concitoyen que je connais ou pas va avoir accès à cette place-là pour finir ses jours de manière confortable et entourée de ses proches. J’ai déjà connu des gens qui sont morts à l’hôpital. Ce n’est pas pareil. Ici, c’est un environnement calme, serein, avec la dignité que les gens méritent. »
En conclusion, il lance un appel à sa génération. « Ce n’est pas nécessairement en lien avec la Maison Sercan, mais que ce soit des entrepreneurs ou des jeunes qui travaillent, je les encourage à donner au moins un minimum de leur temps. Cogner à la porte d’un organisme, demander s’ils ont besoin de bénévoles pour un événement. Ça peut être sur un CA ou dans du bénévolat. Mais donner un peu de temps, ça fait une différence. »
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