« Je n’ai jamais senti l’inégalité » – Geneviève Everell

Aujourd’hui, on ne compte plus le nombre de femmes qui continuent de se heurter à des barrières liées au genre dans quelque domaine que ce soit. Dans un monde des affaires où les inégalités de genre persistent, la fondatrice de Sushi à la maison affirme pourtant n’avoir jamais fait face à l’inégalité dans son parcours entrepreneurial.

C’est vrai que cette affirmation contraste fortement avec l’expérience de nombreuses femmes entrepreneures. Mais la cheffe d’entreprise, invitée d’honneur à la 12^e édition du dîner de la femme, organisée par la chambre de commerce et d’industrie de la MRC Deux-Montagnes, peine à croire que ces inégalités existent dans le monde professionnel. En plein 21^e siècle.

« Non, ça ne se peut pas », lâche Miss Sushi. Est-ce par naïveté? Elle l’assume sans équivoque. « Je suis un peu naïve dans ce volet-là, dans le sens où je ne peux pas croire que ça se peut ». Malgré des décennies de luttes et de réussites substantielles, nombre de femmes se retrouvent systématiquement confrontées au plafond de verre, révélateur d’un sérieux déséquilibre entre hommes et femmes en matière de réalisation personnelle.

L’entrepreneure est consciente qu’il s’agit d’une problématique sur laquelle il est urgent d’agir. Elle confie être tombée des nues en apprenant que dans certains domaines, des stagiaires féminines ne sont pas rémunérées, tandis que leurs homologues masculins le sont pour un travail identique. Cette situation, estime-t-elle, est une aberration.

Une entreprise dirigée par des femmes

96% du personnel de Sushi à la maison est constitué de femmes. Jusqu’à notre entretient, la cheffe d’entreprise n’était pas consciente du choix de l’environnement de travail majoritairement féminin qu’elle a elle-même créé autour de son entreprise. Peut-être direz-vous que cette absence d’expérience d’inégalité s’explique en partie par cette approche qu’elle qualifie elle-même d’instinctive.

« J’imagine que c’est ma façon inconsciente de faire travailler des femmes extraordinaires avec moi et autour de moi ».

Une forme de solidarité féminine qui prend racine dans la pratique plutôt que dans le discours. Sans aucune revendication, ni prise de position féministe, celle qui s’est construite toute seule a bâti un modèle d’entreprise qui valorise les compétences des femmes.

Loin des sentiers battus

Sushi à la maison est, à ce jour, le plus populaire au Québec, s’enorgueillit l’entrepreneure qui travaille jour et nuit à la réinvention de son entreprise. Sa popularité, laisse-t-elle entendre, est attribuable à sa passion pour le métier qu’elle exerce depuis plus de 16 ans.

Loin de percevoir certains traits souvent associés aux femmes comme des faiblesses, Geneviève Everell y voit, en revanche, des atouts dans le monde des affaires. « On est plutôt incisives, on est sensibles, on est parfois trop à l’écoute, supposément. Mais je trouve qu’au contraire, c’est un peu notre mine d’or à nous, les femmes, cette sensibilité-là et cette écoute-là. »

« On l’a souvent vu comme une lacune, mais j’aurais le goût de dire que c’est une force ».

Geneviève Everell a tracé sa voie vers une entreprise florissante, loin des schémas prédéfinis, et loin des inégalités systémiques. C’est pourtant loin d’être la règle. Beaucoup de femme devront continuer à se battre pour se tailler une place dans le monde entrepreneuriale, sans obstacles du fait d’être femme.