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Serge Baker et ses milliers d’enfants

Photo Dany Baribeau – Serge Baker devant l’école Horizon-du-Lac où son nom fut donné au local de musique, avec en main son livre : 28 chansons du temps qui passe.

Serge Baker et ses milliers d’enfants

Publié le 22/05/2024

Serge Baker a enseigné pendant 31 ans à l’école Horizon-du-Lac, à Sainte-Marthe-sur-le-Lac, où il a transmis son amour de la musique à trois générations de Marthelacquois. 

C’est à l’entrée du local de musique qui porte aujourd’hui son nom que j’ai vu Serge pour la première fois. Dès cet instant, il était clair qu’il n’était pas un prof comme les autres et le reste de sa carrière fut un long témoignage en ce sens.

Pour moi, comme pour des milliers d’autres, Serge fut le premier musicien dans ma vie. À travers ses cours et sa méthode pédagogique unique, fusionnant la théorie musicale et l’Histoire, il a su donner vie à la musique. Tous ceux qui ont passé le seuil de sa porte se rappelleront d’ailleurs son exposé sur la façon dont Beethoven était reçu à la cour, et comment il parvenait à composer même après être devenu sourd. 

Pendant notre rencontre, alors que j’essaie de parler de lui, Serge parle plutôt de ses élèves : « Les enfants d’Horizon-du-Lac, c’était comme mes enfants », résume-t-il. Il raconte l’histoire de cette jeune fille, amputée de trois doigts et qui est parvenue à jouer de la flûte à bec malgré tout. « Il y a eu Christopher aussi, un élève extrêmement timide à qui j’ai demandé de lire un texte devant moi, et graduellement, en lui donnant des trucs, il a été capable de le lire en spectacle. » Il y a aussi cette jeune fille qui avait pris du poids à cause d’un médicament, pour qui il a adapté sa mise en scène afin qu’elle se sente mieux dans sa peau.

Serge a fait de sa classe de musique un outil d’émancipation, peu importe si l’enfant aimait la musique ou s’il était doué.

Mélyssa Dubois, une ancienne élève, témoigne : « Serge était bienveillant, gentil et s’adressait à notre intelligence. Je me souviens de sa guitare Mélodie (qui appartient aujourd’hui à sa fille). Je chante encore des chansons comme “Je m’appelle Bibolo” à mes enfants. »

Son influence va au-delà de son illustre carrière, car même à la retraite, Serge a continué à composer et à publier ses livres de comptines. Souhaitant en faire profiter le plus grand nombre, il en a donné plus d’un millier à des enfants dans le besoin récemment. 

On dit souvent qu’il ne faut pas rencontrer ses héros ; Serge est l’exception qui confirme la règle. Avoir la chance de le revoir 30 ans après avoir quitté l’école Horizon-du-Lac et confirmer avec mon regard d’adulte ce que mes yeux d’enfant ont admiré fut un moment privilégié.