logo journal leveil
icon journal
La Passion d’Augustine: Entre long-métrage et documentaire

Éric Bouchard

La Passion d’Augustine: Entre long-métrage et documentaire

Publié le 20/03/2015

Niché entre le long-métrage et l’esprit du documentaire, la fin d’un Québec d’antan et le début de la révolution tranquille, une critique du système de l’éducation et celui du clergé, le tout nouveau film de la réalisatrice Léa Pool, La Passion d’Augustine, en salle au Cinéma St-Eustache depuis le 20 mars, plonge les moins jeunes dans les souvenirs d’une belle province en pleine ébullition et les jeunes dans une fresque patrimoniale de notre passé.

Dès les premières images, qui font parfois penser à des tableaux de Jean-Paul Lemieux, l’histoire fait pénétrer le spectateur dans l’univers d’Augustine, une sœur religieuse, directrice d’un petit couvent aux abords de la rivière Richelieu, déterminé à maintenir son institution ouverte (axée sur la musique) dans la bourrasque du changement de régime de l’enseignement au Québec et l’ouverture du clergé sur la modernité.

«C’est un film qui questionne notre système d’éducation, l’école publique l’école privée, le financement de l’État, l’égalité salariale, les grèves d’enseignants et la charte des valeurs avec les femmes voilées. Il y a une modernité dans cette histoire-là puisqu’on se retrouve aujourd’hui avec des problématiques, pas similaires, mais cycliques», a souligné la réalisatrice en entrevue lors de la première du film présentée à Saint-Eustache.

Digne d’un documentaire

L’œuvre, inspirée de la coscénariste Marie Vien, a exigé beaucoup de recherche de la part de la cinéaste, afin de livrer des images d’une authenticité remarquable. «En fouillant l’histoire de ces femmes-là, la musique que je pouvais exploiter de façon extraordinaire, les jeunes comédiennes, les artistes de renom, il y avait suffisamment d’éléments pour m’allumer complètement quoi», d’ajouter Léa Pool.

Soulignons le jeu sans reproche de Céline Bonnier, en Mère Augustine (on est loin d’Unité 9), Diane Lavallée, en sœur Lise, Valérie Blais, en sœur Claude et Pierrette Robitaille, en sœur Onésime. La bouleversante et talentueuse Lysandre Ménard, dans la peau d’Alice, la jeune nièce de la directrice, donne toute une réplique aux doyennes du septième art lorsque son personnage prend place dans l’histoire. Sa mère, Marguerite (Maude Guérin), qui doit partir pour Toronto (en principe) la confie à sa sœur religieuse. La présence de la jeune Alice viendra d’ailleurs prendre presque toute la place de l’intrigue principale bien tenue par Marie Tifo, en sœur Générale. Mais le maillage des deux péripéties réussit à maintenir le spectateur en haleine. Sans compter les présences remarquées de plusieurs autres comédiennes pour ne nommer que Marie-France Lambert et Andrée Lachapelle.

L’ambiance du plateau

Pour les deux comédiennes présentent à la première du film, Diane Lavallée et Pierrette Robitaille, il s’agissait d’une nouvelle expérience dans un environnement religieux. «Hé que c’était plaisant! Les communautés, moi, j’ai toujours aimé ça. Et là, de jouer avec un paquet de femmes comme ça, c’était assez unique. Au départ, on se connaissait plus ou moins. Mais le plaisir qu’on avait à se retrouver, ça paraît dans le film», a souligné Pierrette Robitaille.

«Avec Léa Pool, on s’est adapté au costume, ce qui a été déterminant. Lorsque tu embarques dedans, c’est comme ton enveloppe. Et là, veux veux pas, il y a un silence, une intériorisation qui s’impose. Ça nous gardait dans une ambiance de recueillement. C’était magnifique», a conclu Diane Lavallée.