Depuis le 19 janvier et jusqu’au 15 mai, le manoir Globensky, à Saint-Eustache, présente une quarantaine de ses figures bibliques et historiques, sous le thème Colle, papier, ciseaux. Une exposition qui émerveillera à coup sûr tous les membres de la famille.
Lorsqu’il est sorti de l’École des beaux-arts de Montréal, Claude Lafortune ne pensait jamais gagner sa vie avec une paire de ciseaux, du papier et de la colle. Et pourtant, les studios de télévision ont rapidement remarqué son talent incomparable de bricoleur. Il y a eu Télé-Métropole, Radio-Québec, mais surtout Radio-Canada où il animera L’Évangile en papier et Parcelles de soleil, entre 1975 et 2000.
Certains se souviendront peut-être des décors cartonnés des émissions enfantines Bobino, Sol et Gobelet, La Ribouldingue et le film X-13. C’était ses créations.
Le samedi 14 mars, celui qui se définit comme créateur et sculpteur, plus qu’un artiste, était de passage au manoir pour livrer une conférence et commenter son exposition.
Bien attentifs aux propos de Claude Lafortune, les visiteurs ont ainsi pu en apprendre davantage sur ce qui anime le bricoleur lorsqu’il fabrique ses personnages en papier.
L’ensemble est aussi diversifié que fascinant. Il y a bien sûr quelques grands noms de la bible tels Abraham et Sainte-Anne, François D’Assise, mais également des représentants d’autres religions comme Luther, Conficius et Ganesh.
Parmi les personnages transportés dans des boîtes de bois, le créateur n’a pas oublié ceux qui ont fait l’Histoire: Jeanne-Mance, Marguerite Bourgeois, Paul Chomedey de Maisonneuve, le grand chef indien Pontiac, Napoléon Bonaparte.
Les grands artistes ayant aussi participé à l’Histoire, quelques-uns figurent parmi les illustres privilégiés: Chopin, Beethoven, Léonard de Vinci. D’autres, relevant davantage de l’imaginaire se sont glissés parmi les autres: Don Quichotte et Dante avec sa Béatrice.
Pour chacun des personnages qu’il a créés, Claude Lafortune a fait ressortir un trait de caractère ou qu’il perçoit comme marquant de sa contribution à la société. On découvre ainsi une Marguerite Bourgeois enneigée de la tête aux pieds puisque, selon la légende, celle-ci se serait rendue de Montréal à Québec à la marche.
«C’est plus qu’un portrait ce que je fais. C’est l’âme de la chose, du personnage, que je veux illustrer, plus que le fait. La création, c’est vraiment l’expression de ce que l’on est, de notre nature», a-t-il confié à l’assistance.
Les gens qui assistaient à la visite écoutaient sagement l’artiste aux cheveux blancs. Les grands comme les petits, tous paraissaient émerveillés de voir de leurs yeux les créations extraordinaires de Claude Lafortune.
«C’est un métier que j’inventais et je n’ai pas de méthode. Je ne peux pas donner de cours, partager mon talent. L’art, c’est la nature en nous qui passe par notre âme et notre sensibilité. C’est pour cela qu’il n’y a pas deux œuvres pareilles», a révélé l’artiste, avant de sortir ses ciseaux et ses feuilles de papier pour découper de beaux animaux devant l’assistance.