Il s’agit d’un seul événement avec trois visions différentes. Les policiers parlent de sécurité routière, les automobilistes de pouvoirs abusifs et la direction du circuit fermé ICAR de mauvaise stratégie policière.
La Sûreté du Québec (SQ), en collaboration avec le Service de police de la Ville de Mirabel, ont réalisé une opération visait à effectuer de la prévention et un contrôle des véhicules modifiés, le 31 juillet dernier.
Les policiers ne cachent pas avoir ciblé un endroit stratégique pour passer à l’action, aux abords de l’autoroute 50, sur la rue Henri-Fabre, la route menant directement au circuit ICAR, endroit de prédilection pour les amateurs de conduite automobile qui veulent « essayer » en toute sécurité leur bolide, généralement modifié.
Une stratégie payante
Une stratégie payante pour les policiers qui, en quelques heures à peine, ont pu vérifier des centaines de véhicules puisque cette journée-là se tenait un événement où les amateurs de voiture s’étaient donnés rendez-vous ayant fait une grosse campagne de marketing sur les réseaux sociaux. « Plus de170 constats d’infraction ont été émis et des véhicules particulièrement dangereux ont été remisés pour des raisons de sécurité », a précisé la SQ.
« Les amendes données sont principalement pour des silencieux modifiés. Ces jeunes repartent après avec leur voiture et dérangent les habitants dans les quartiers résidentiels. Il est interdit de modifier son silencieux », renchérit Jacques Caza, du Service de police de la Ville de Mirabel.
Colère sur les réseaux sociaux
Une stratégie frustrante pour les automobilistes qui n’ont pas hésité à exprimer leur colère sur les réseaux sociaux, la journée même et ça se poursuit. Des commentaires de toutes sortes inondent la page Facebook de « ICAR Route 66 », accessible au www.facebook.com/Icarroute66.
« La police ne veut plus que nous allions à ICAR. Parfait, on fera nos courses et notre ‘’racing’’ dans les rues de Mirabel », écrit un internaute.
« Les policiers devraient surveiller ceux qui se promènent avec des bagnoles, pas de break, au lieu d’écœurer les jeunes fiers de montrer leur bébé sur 4 roues », ajoute un homme qui semble être un père de famille.
« Je vais garder mes distances d’ICAR car je ne veux pas avoir de contravention pour rien », de dire un jeune amateur de voiture ‘’montée’’.
Ce sont d’ailleurs des commentaires comme ce dernier qui choque ICAR estimant être le bouc émissaire.
« Nous voulons être très clairs, nous ne savions pas que cette opération devait avoir lieu et nous déplorons le fait que celle-ci ciblait directement notre clientèle causant ainsi des conséquences monétaires à nos clients et des répercussions négatives importantes sur le futur de notre entreprise », jure Élie Arsenault, le directeur d’ICAR Route 66.
Ce dernier croit que les policiers font fausse route. « Notre intention n’est nullement de discréditer les corps policiers mais plus de les sensibiliser sur l’approche qu’ils ont choisi, une approche que nous considérons plus destructive que constructive, qui nuit non-seulement à notre entreprise mais aussi à leur image auprès des jeunes. Pourquoi ne pas choisir la collaboration et la sensibilisation plutôt que l’oppression?», se demande-t-il.
Sensibilisation et collaboration
Le porte-parole de la police de Mirabel refuse ses reproches. « Dès le mois de mai, nous rencontrons les commerçants de la région pour les informer qu’il est interdit de modifier un silencieux. Nous réalisons des campagnes d’information et de sensibilisation, notamment sur Facebook, auprès des jeunes durant l’été, mais vient un temps où il faut passer à la répression si le message n’est pas compris », de dire M. Caza.
N’en demeure pas moins que la direction d’ICAR se pose de sérieuses questions : « Qu’est-ce qui se passe avec la campagne publicitaire; ”Les rues ne sont pas une piste de course!” ? On envoie les gens qui écoutent, qui vont sur des pistes de courses, pour ensuite leur donner des milliers de dollars en contraventions parce qu’on fait une trappe à ticket en face de l’endroit même où on les envoie? ».
Peu importe, Élie Arsenault, espère qu’il s’agit d’un cas isolé et qu’au prochain événement tout se passera bien. Il est persuadé qu’il doit faire partie de la solution et non du problème.
« On s’entend, les courses et les modifications de voitures ne vont jamais disparaître. La seule chose qu’on peut contrôler, c’est l’endroit où les gens vont le faire ».
Dans une optique de police de proximité, les policiers soulignent avoir rencontré la direction d’ICAR dans le but d’entreprendre des campagnes de prévention au niveau de sa clientèle, notamment pour rappeler l’importance de se conformer au Code de la sécurité routière et de circuler sur le réseau routier avec un véhicule conforme et sécuritaire.
« Nous sommes toujours prêts à collaborer avec les corps policiers, que ce soit afin d’améliorer nos opérations ou sensibiliser nos clients à respecter les règles sur la route. En réalité notre passion c’est de donner à nos clients un endroit où ils peuvent vivre la leur ».
Notons que depuis la fermeture de l’Autodrome St-Eustache, à l’automne 2019, ICAR Route 66 est l’un des derniers endroits de la province où les passionnés de sports motorisés peuvent « pousser à fond leur machine pour connaître ses limites » de manière sécuritaire.
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