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L’UPA dénonce les dérives de l’agrotourisme

Photo : Iona Mousli

Quelques sympathisants et producteurs agricoles étaient sur place, affiches à la main, pour soutenir l’UPA.

L’UPA dénonce les dérives de l’agrotourisme

Publié le 15/08/2025

« Ce qu’on dénonce aujourd’hui, ce n’est pas un spectacle ou un promoteur. C’est un glissement plus large. Une brèche qui s’ouvre. » L’Union des producteurs agricoles (UPA) condamne les « dérives en matière d’agrotourisme » dans la province, au moment où Mario Pelchat persiste à donner des spectacles sur son vignoble malgré l’interdiction de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ).

La multiplication des usages de terres cultivables à des fins touristiques plutôt qu’agricoles met en péril la protection des terres agricoles au Québec, a revendiqué l’UPA en conférence de presse à Saint-Eustache le 18 juillet. Le président général de l’UPA, Martin Caron, le président du Syndicat de l’UPA Deux-Montagnes, Philippe Leroux, ainsi que le président de la Fédération de l’UPA Outaouais-Laurentides, Stéphane Alary, ont tour à tour dénoncé le phénomène sur un ton revendicateur.

La notion d’agrotourisme est mal interprétée, jugent-ils. « Le vrai agrotourisme, c’est l’activité touristique qui vient soutenir l’agriculture, qui met en valeur le travail de la ferme, le produit, le terroir et le savoir-faire. C’est une activité complémentaire à l’agriculture », explique Philippe Leroux.

Depuis les dernières années, trop de projets dits agrotouristiques naissent sur les terres cultivables alors qu’ils ne mettent pas réellement en valeur une production agricole. « On détourne l’usage des terres agricoles tranquillement, un projet à la fois. On rend flou ce qui est agricole et ce qui ne l’est pas », soutient M. Leroux. La CPTAQ accepte déjà 75 % des demandes reçues pour de tels projets, rappelle l’UPA.

« Au Québec, il nous reste 2 % de terres cultivables. Deux petits pour cent ! On ne peut pas se permettre d’en perdre », considère Philippe Leroux. « Il ne faut pas oublier pourquoi on protège ces terres. Ce n’est pas pour préserver une carte postale. C’est pour préserver notre capacité de produire ici au Québec, pour assurer notre autonomie alimentaire », dit Stéphane Alary.

Photo Iona Mousli

Pelchat ignore la CPTAQ

Mario Pelchat continue à donner des spectacles sur son vignoble tout l’été, même si la Commission l’en a interdit dans une décision rendue le 27 mai dernier. À l’été 2024, la CPTAQ avait aussi interdit les spectacles au Domaine Pelchat Lemaître-Auger, causant l’annulation de 45 spectacles sur une période de trois mois.

L’UPA se range du côté de la CPTAQ et croit que Pelchat devrait cesser ses spectacles. « Le projet de l’entreprise s’éloigne beaucoup trop de la pratique de l’agriculture et de sa valorisation », a indiqué le président général Martin Caron dans un communiqué le 10 juin. Étant un syndicat, l’UPA n’a pas de pouvoir décisionnel ou institutionnel — lorsque la CPTAQ rend une décision, l’UPA étudie la situation et publie son avis sur celle-ci, sans plus.

Le syndicat somme le gouvernement Legault et le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, André Lamontagne, de « faire appliquer les décisions de la CPTAQ ». « La Commission a été créée pour protéger les terres et les activités agricoles. Mais quand elle rend une décision, il faut qu’elle soit appliquée, sinon à quoi bon? », lance Philippe Leroux.

Léa Lemieux
Journaliste stagiaire