Pour le Regroupement, la non-préservation du boisé du centre-ville illustre ce retard. Sa présidente, Sylvie Clermont, réclame que la Ville acquière cette parcelle de terrain :
« Si la Ville arrivait à préserver le boisé du centre-ville, elle pourrait se hisser parmi les municipalités où les élus prennent des décisions courageuses, comme Vaudreuil-sur-le-Lac ou Pincourt », souligne-t-elle.
En 2021, le promoteur GBD Construction, propriétaire du terrain, y avait abattu illégalement environ 1 400 arbres, provoquant une onde de choc au sein de la population. En 2023, une nouvelle coupe dite « de nettoyage » a eu lieu.
Un boisé à préserver
Aucun projet officiel n’a été déposé à la municipalité. Le Regroupement plaide pour l’achat du terrain par la Ville ou un troc avec le promoteur, une pratique courante au Québec. Saint-Jérôme, par exemple, a récemment cédé trois terrains asphaltés contre six millions de pieds carrés d’espaces naturels, doublant la superficie du parc du Lac-Jérôme.
Sainte-Marthe-sur-le-Lac ne détient que 7 % de couverture végétale, rappelle Mme Clermont. Poursuivre le développement du centre-ville au détriment du peu de verdure restante affaiblirait encore la ville sur le plan environnemental.
« Je pense que la réelle volonté du maire et des élus, c’est de développer le centre-ville et d’utiliser ce boisé-là. On demande l’ouverture des élus. D’abord, il faudrait s’asseoir, penser possiblement à acheter le boisé », estime-t-elle, tout en reconnaissant la crise du logement actuelle.
Mais, dit-elle, « nous sommes directement touchés par les changements climatiques et la nécessaire transition socioécologique ». Elle juge incohérent d’utiliser « nos espaces verts pour construire des habitations ».
« La destruction du petit boisé au centre de notre ville, qui agit comme un poumon, un îlot de fraîcheur, qui capte l’eau et le carbone et joue un rôle social et psychologique pour la santé des citoyens, irait à l’encontre d’un plan de développement durable », tranche-t-elle.
« Pas question », tranche le maire
« Le boisé est un terrain privé », rappelle le maire François Robillard, qui exclut toute acquisition : « On n’est pas dans une volonté d’acheter le terrain, car sa valeur pourrait atteindre plusieurs millions de dollars. La Ville n’a pas les reins assez solides pour un tel investissement. »
Avec ses 20 000 habitants, la municipalité dispose du plus faible budget annuel de sa catégorie. « Nos dépenses sont calculées au cent près », souligne le maire, évoquant un important retard d’investissements.
Il assure toutefois maintenir un dialogue constant avec le Regroupement écocitoyen, qui a contribué au plan d’urbanisme et au plan directeur des parcs récemment adoptés. Ensemble, ils ont déjà mis sur pied plusieurs initiatives, comme un jardin collectif et une forêt nourricière pour diversifier les essences végétales et favoriser la durabilité.
Des projets pour le centre-ville
Le conseil municipal a adopté un plan particulier d’urbanisme (PPU) couvrant tout le centre-ville, incluant l’hôtel de ville et le secteur des promenades.
François Robillard mise sur la densification : « Il fut un temps où nous avons contribué à l’étalement urbain. Mais aujourd’hui, ce n’est plus le type de développement que nous souhaitons. » En concentrant les projets dans certains secteurs, la Ville espère limiter l’expansion urbaine et préserver d’autres espaces naturels pour les citoyens.
Les citoyens en faveur des boisés
En 2022, le Regroupement écocitoyen a mené une enquête qui a recueilli 4 161 signatures réclamant la protection des boisés de la MRC de Deux-Montagnes. Dans un mémoire remis à la Ville, il souligne l’importance pour les municipalités dont le couvert forestier est inférieur à 30 % de lutter contre la déforestation et de favoriser le reboisement.
Mme Clermont indique que le groupe souhaite maintenant mandater une firme de biologistes afin de démontrer que le boisé conserve un potentiel de régénération, même après deux coupes successives. « On pourrait parler d’un projet de reboisement et faire du centre-ville un carrefour nature citoyen plutôt que de l’imperméabiliser et de le bétonner », conclut-elle.
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