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Les coopératives d’habitation : Une solution pour la crise du logement

Photo Christophe Godon –

Sonia Bélanger lors de son discours en tant que ministre responsable de l’habitation.

Les coopératives d’habitation : Une solution pour la crise du logement

Publié le 10/11/2025

Quand on parle de bâtisseurs, on pense souvent à l'immobilier. Malgré le boom démographique sur la rive-nord ces dernières années, un élément manque toujours dans le paysage : les coopératives d'habitation. Les Laurentides sont parmi les régions où leur nombre est au plus bas.

Plus de 250 personnes se sont réunies à Laval au début octobre pour le Congrès d’orientation du mouvement des coopératives d’habitation, un rendez-vous attendu depuis plus de dix ans.

La directrice générale de la CQCH, Sandra Turgeon, se réjouit de la mobilisation : « Nous avons vu des avancées majeures pour l’avenir de l’habitation. Ce congrès, c’était enfin l’occasion d’inviter toutes les coopératives d’habitation à adresser ensemble la crise du logement. Chaque coopérative et fédération a répondu à l’appel et participé activement à l’exercice de prospection 2050. Nous sommes fiers d’appartenir à un mouvement solidaire, qui œuvre chaque jour à bâtir et prendre soin des coopératives d’habitation pour l’avenir. Nous avons confiance en notre capacité de contribuer à lutter contre la crise du logement. »

Des orientations pour bâtir autrement

Avec la fin du programme Accès Logis, la CQCH mise désormais sur de nouveaux modèles de développement. Mme Turgeon souligne l’émergence de projets immobiliers mixtes, combinant logements et commerces de proximité :

« Aujourd’hui, on parle davantage de projets immobiliers mixtes, avec des commerces de proximité au rez-de-chaussée comme une épicerie solidaire, une coopérative de santé, une garderie, puis du logement aux étages. »

Le congrès a d’ailleurs recommandé la création de coopératives développeuses dans chaque grande ville, capables d’accompagner les groupes citoyens et d’alléger la tâche des fédérations. Les projets intergénérationnels, l’usage de la construction modulaire et la mise sur pied d’un fonds dédié au démarrage de projets figurent aussi parmi les pistes retenues.

Pour pallier le manque d’expertise dans certaines coopératives, le mouvement propose d’élargir le modèle à des coopératives de solidarité, où des professionnels externes, tels que des comptables, des gestionnaires, des urbanistes, pourraient siéger au conseil d’administration et prêter main-forte aux membres.

Photo Christophe Godon
Catherine Fournier, la mairesse de Longueuil et présidente du Comité sur l’habitation de l’Union des municipalités du Québec.

Des alliés politiques à mobiliser

Les municipalités apparaissent comme des partenaires essentiels. La mairesse de Longueuil et présidente du Comité sur l’habitation de l’Union des municipalités du Québec, Catherine Fournier, a rappelé leur rôle stratégique :

« Les municipalités s’imposent comme des alliées naturelles du mouvement coopératif. Partout au Québec, les initiatives qui prennent forme démontrent la force de notre engagement collectif à bâtir des partenariats durables, capables de répondre concrètement aux enjeux d’abordabilité et d’accessibilité au logement. Le milieu municipal demeure engagé à soutenir l’essor des coopératives, en mobilisant les leviers à sa portée. »

Mais c’est surtout le discours de la ministre Sonia Bélanger qui a marqué le congrès. Visiblement bien informée, elle a livré un message empreint de réalisme :

« Avoir un toit sur la tête, de qualité, en sécurité, c’est la condition numéro 1 pour avoir une vie heureuse. Les coopératives jouent un rôle essentiel. Il faut assurer leur avenir et le développement de ce précieux modèle. Le choix des moyens appartient à chaque milieu de façon volontaire, mais il faut renforcer les capacités organisationnelles et stabiliser la gouvernance. Tout ça parce que les capacités des plus petits organismes sont limitées, parce que la gestion immobilière est de plus en plus complexe, parce que les programmes sont de plus en plus complexes et parce qu’il y a une relève à assurer. Il faut être lucide et regarder le chemin parcouru, mais il aussi se projeter vers l’avenir et regarder quelles sont nos forces et comment on peut continuer de s’améliorer. »

Ce vent de fraîcheur politique suffira-t-il à relancer le mouvement? Le départ de Lionel Carmant et la nomination de Caroline Proulx à l’Habitation soulèvent des attentes.

La CQCH, qui regroupe plus de 1300 coopératives et 60 000 membres à travers le Québec, espère que le gouvernement tiendra sa promesse d’appuyer le développement de ce modèle solidaire et durable afin de continuer à bâtir un Québec plus humain.