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Déplacer ou non sa production au sud de la frontière

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Déplacer ou non sa production au sud de la frontière

Publié le 14/04/2025

Le 26 mars dernier, KPMG offrait à Mirabel une conférence sur les tarifs douaniers instaurés par Donald Trump aux entreprises et aux médias de la région.

C’était avant la journée du 2 avril, décrétée par le président américain comme le jour de la libération des États-Unis.

Il faut avoir échoué plusieurs cours d’économie pour considérer qu’un écart à la balance commerciale (la différence entre les exportations et les importations) constitue une barrière ou un tarif douanier désavantageux. Les États-Unis n’ont pas les ressources naturelles nécessaires pour produire tous les biens qu’ils consomment et qu’ils vendent au reste du monde en exportation.

Malgré tout, le président Trump est allé de l’avant avec l’imposition de droits de douane contre ses principaux partenaires commerciaux. Si le Canada n’a pas été mentionné lors de cette rencontre, les menaces à notre intégrité territoriale et économique ont teinté tout le début du deuxième mandat du président américain.

S’installer aux États-Unis ?

Alors que presque tout ce qui entre aux États-Unis aujourd’hui sera taxé, plusieurs entreprises se demandent s’il ne serait pas avantageux de produire leur produit aux États-Unis afin de contourner les droits de douane imposés mercredi dernier. Plusieurs réponses ont été offertes lors de la conférence sur les tarifs douaniers.

Une des façons de diminuer l’impact des tarifs serait de diviser les activités de production des activités de distribution. Ainsi, pour un produit d’une valeur de 100 $, lorsqu’il traversera les États-Unis, l’Américain qui veut l’acheter payera 125 $ dans un scénario de tarifs de 25 % puisque 25 % de 100 $ donne 25 $, et la facture est complètement refilée au consommateur.

Une des règles économiques du premier prix vendu considère que si le produit a déjà été vendu une première fois, c’est à ce prix que les tarifs s’appliqueront. Si le produit en question est vendu 70 $ à une société de distribution qui l’amène aux États-Unis pour la vendre 100 $, le pourcentage des tarifs s’appliquera au 70 $ plutôt qu’au 100 $, ainsi 25 % de 70 donne 17,50 $, ainsi le consommateur pourrait payer 117,50 $ plutôt que 125 $ dans l’exemple précédent.

Une troisième option serait de produire directement aux États-Unis. L’idéal serait d’avoir les matières premières du produit en question sur le territoire américain. Sinon, des droits de douane seraient payés sur les matières à importer, alors le calcul sera encore plus compliqué. L’objectif assumé du président américain est mis en lumière ici : ramener l’industrie manufacturière aux États-Unis. Si le produit est fabriqué et distribué aux États-Unis, aucun droit de douane ne s’appliquera.

Mesurer ses ambitions

Malgré les avantages qu’une telle situation peut sembler miroiter, le processus d’expansion et de transfert de chaîne de production aux États-Unis doit être réfléchi sérieusement. Seules les entreprises très riches pourraient avoir assez de moyens pour tenter l’aventure américaine, surtout si elles n’y avaient pas songé auparavant. Il faut aborder la question avec ses conseillers financiers et fiscalistes pour s’assurer que la stratégie est arrimée avec la situation de l’entreprise et ses ambitions.

Étaient réunis sur place des conseillers de la Caisse de dépôt et placement du Québec, d’Investissement Québec, de la Banque de Développement du Canada (BDC), de Mirabel économique et de KPMG pour assister les entreprises dans leur démarche et leurs incertitudes.