William Monette a beau n’avoir que 19 ans, c’est le discours d’un vétéran qui sort de sa bouche. Normal, dès l’âge de six ans, il courait déjà les plateaux de télévision et de cinéma. Et pas les moindres, puisqu’il a notamment tourné sous la houlette de Podz, Robert Morin, Luc Picard, Éric Tessier et Philippe Falardeau. Il chante, aussi, il joue de la guitare comme un vieux pro et propose un premier EP intitulé Home, accessible depuis peu sur toutes les plateformes.
Il fait dans la soul, le blues et le R & B, interprétant de sa belle voix feutrée, un tantinet rocailleuse quand il le faut, des chansons fort bien tournées, bien produites, composées et en bonne partie arrangées par lui-même, lui qui a touché sa première guitare il y a cinq ans à peine.
«Au fond, je fais des chansons pop. Je prends du Ed Sheeran et je fais en sorte que Stevie Ray Vaughan vienne jouer un solo de guitare dessus» , énonce-t-il comme une sorte de recette tout en identifiant clairement ses influences (John Mayer, aussi). Ce sont des chansons d’adolescence, des chansons de peines d’amour, que le jeune homme présente, dit-il, dans leur version achevée.
Dans la langue de…
Avec des titres comme Home, Care, Fall et Hate, vous aurez bien compris que le chanteur ne s’y exprime guère en français, mais dans une tout autre langue qui n’est pas de Shakespeare, détrompez-vous, mais plutôt celle de Carolyn Murphy, sa mère. Celle aussi de son parcours scolaire qui s’est déroulé exclusivement en anglais, jusqu’à la fin du secondaire, avant qu’il ne s’inscrive en musique au collège Lionel-Groulx. C’est de l’institution thérésienne, d’ailleurs, que sont issus ceux qui l’accompagnent sur scène et sur disque («Ce sont les meilleurs» , dit-il en parlant du guitariste Jérémie Dallaire, du bassiste Joël Rheault, du claviériste Samuel Gray et des batteurs Damien Muller et Thomas Mongrain).
«Je suis plus anglophone que francophone» , dit-il, pour en revenir à nos moutons. «Je n’ai pas vraiment les moyens de bien écrire en français. L’anglais, c’est ma langue première» , ajoute celui qui ne renie pas pour autant la part du Monette qui compose 50 % de son code génétique, lui qui dit aimer le Canada et le Québec d’un amour égal (fin du chapitre identitaire).
Ironiquement, c’est sa mère qui le pousse à chanter parfois en français et qui lui avait un jour proposé le défi de mettre en musique le texte d’une chanson qu’elle lui soumettrait. Ç’a donné une très bonne version blues de La Dame en bleu, de Michel Louvain, dont il n’avait jamais, jure-t-il, entendu la version originale!
Sur écran, sur disque et sur scène
«Si ça vient en français, et si c’est ressenti, je ne retiendrai rien» , affirme en substance celui qui transporte tout de même quelque 200 chansons dans sa besace, qui en écrit de nouvelles chaque semaine et qui voudrait bien (la tâche sera pour le moins ardue) en retenir une dizaine pour produire un premier album, idéalement au cours de l’été prochain. Une bonne chanson, répond-il à la question posée en ce sens, en est une qui, partant d’une émotion précise, parcourt le chemin qu’il faut pour l’exprimer totalement, que ce soit en quelques secondes ou en 25 minutes.
Et sur une scène, William Monette, ça déménage. Le jeune homme qui s’exprime posément en entrevue, avec une certaine douceur, prend résolument des allures de fauve devant un public. «C’est une autre facette de ma personnalité, dit-il. Il y en a qui stressent à l’idée de monter sur une scène. Moi, ce qui me stresse, c’est de ne pas être dessus. Alors quand j’arrive, c’est ce que ça donne.»
Sans compter que cette réaction à chaud que lui sert le public, impossible de l’avoir quand on joue au cinéma ou à la télé. «J’adore les deux!» , affirme-t-il, et si les applaudissements ne viennent pas saluer son jeu d’acteur, il y a d’autres formes de reconnaissance qui viennent a posteriori, mais qui sont tout aussi satisfaisantes. Quand on lui dit, par exemple, qu’on a oublié le comédien et qu’on a cru au personnage. Quand on l’interpelle sur la rue, par exemple, en l’appelant Jimmy (Pee-Wee 3-D) ou Alex Vadnais (District 31). «Quand ça arrive, je me dis que j’ai bien fait ma job» , dit-il.
Chanter, jouer, voilà qui peut sonner comme une double vie, mais qui représente une seule et même carrière pour William Monette. «Si je peux faire les deux pour le restant de ma vie, je serai un homme comblé» , de dire celui qui attend avec fébrilité la sortie de la comédie apocalyptique Avant qu’on explose, scénarisée par Éric K. Boulianne et réalisée par Rémi St-Michel. Il y tient un premier rôle, celui de Samuel qui, alors que la 3e Guerre mondiale semble imminente, aide son ami Pierre-Luc (Etienne Galloy) dans sa quête de perdre sa virginité avant qu’il ne soit trop tard. Le film, tourné dans la région de Baie-Saint-Paul, l’automne dernier, sortira vraisemblablement vers la fin de l’été. On a déjà pris rendez-vous pour en discuter avec lui.
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