Concrètement, on parle de treize affiches balisant un parcours poétique appelé Une foulée, deux enjambées dans les rues de Sainte-Thérèse. Il faut environ une heure pour en faire le tour et prendre le temps de lire ces poèmes produits dans le cadre de l’épreuve-synthèse supervisée par Roxanne Lajoie, leur enseignante, qui est aussi auteure et qui adhère à un courant artistique appelé géopoétique.
Sortir du livre
«C’est une approche qui s’appuie sur l’exploration du territoire. C’est à la fois de la poésie, de la littérature, mais aussi de la géographie. Dans ma façon d’enseigner, je suis habitée par ça. J’aime que les étudiants aient une emprise réelle sur ce qu’ils font. Que ça ne se passe pas juste dans leur tête», de dire Roxanne Lavoie.
«Il fallait donc faire sortir la littérature du livre et la diffuser de manière à ce que leurs proches puissent y avoir accès», de poursuivre l’enseignante. Et ça tombe bien puisque la finalité de ce programme demeure habituellement la production et le lancement public d’un recueil, ce que la crise sanitaire actuelle rendait évidemment impossible.
Investir les lieux
Il faut savoir que la géopoétique demeure une approche multidisciplinaire (des praticiens en arts visuels y adhèrent également) proposée par le poète écossais Kenneth White dans les années 1970. Au Québec, la chose est apparue au début des années 2000. Elle a donné naissance à un groupe appelé La Traversée, dont Roxanne Lajoie est la vice-présidente.
La démarche consiste alors à investir des lieux et de les considérer pour leur caractère géographique, historique et culturel. «Il s’agit de voir comment ces couches-là se superposent et nous interpellent. Comment le regard qu’on y pose peut nous amener à voir ces lieux différemment», explique l’enseignante qui a invité ses étudiants (10 filles, trois gars) à se mettre dans cet état d’esprit en parcourant cet itinéraire qui part du Collège Lionel-Groulx et fait une boucle par différentes rues des plus vieux quartiers de Sainte-Thérèse (vous trouverez l’itinéraire détaillé au [www.clg.qc.ca]).
«Ouvrez tous vos sens: l’ouïe, l’odorat, le toucher», leur a-t-elle suggéré, chemin faisant. Après coup, il s’agissait de se demander ce qu’on pourrait écrire à partir des impressions recueillies ou de ce qu’on avait ressenti en cours de route.
Ainsi, des lieux comme le parc Richelieu, le cimetière, des bâtiments comme l’église de Sainte-Thérèse et même des constructions qui ont littéralement disparu du paysage résonnent dans ces poèmes qui contiennent tous, sans exception, un élément de contrainte, c’est à dire une phrase, un vers emprunté à une autre œuvre, histoire d’inviter des poètes établis dans cette dynamique migratoire.
Publication d’un recueil
L’une des finissantes, Maude Alarie-Blondin, dit avoir apprécié la liberté que lui procurait cette démarche, qui se voulait un acte de création, certes, mais aussi un exercice académique, deux réalités qui ne sont peut-être pas forcément faciles à arrimer. «Nous étions évalués sur l’évolution de notre poème. Nous étions toujours en contact avec Roxanne, qui nous aidait à améliorer notre poème. On ne sentait pas enfermés dans un cadre académique», dit-elle.
«En plus, c’est un projet qui nous demandait de sortir de la classe!», de renchérir la jeune femme, sur un ton qui en dit long et qui, par ailleurs, nous fait voir cette évidence : la pandémie n’aura teinté d’aucune façon les textes qui ont été produits dans le cadre de cet exercice. Nostalgie? Espérance? L’un ou l’autre, mais pas d’apitoiement.
Les poèmes demeureront accrochés jusqu’au 31 mars, et seront éventuellement regroupés dans un recueil illustré (une centaine d’exemplaires), qui sera lancé (virtuellement, sans doute) à la fin de la session et qui contiendra d’autres textes produits par les mêmes auteurs.
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