Cette fois, le pianiste et compositeur blainvillois propose Taïga, un micro album contenant sept pièces minimalistes, qui se donnent pour cadre l’hiver, le vrai, le froid, celui des contrées boréales où, quand elles ne sont pas gelées, les rivières transportent de gigantesques blocs de neige ou de glace (des floebergs) qui progressent lentement en ajoutant un peu de verticalité dans le portrait.
Une saison, un album
En septembre dernier, Mathieu Bourret nous éblouissait déjà avec ses Léonides, qui lançaient résolument le cycle du Climatologue, une sorte de quadriptyque musical qu’il portait en lui depuis toujours et que son amoureuse et gérante, Véronique Boucher, qui est aussi musicienne et entrepreneure, l’a convaincu de concrétiser.
«On parle de quatre microalbums répartis sur un an, en suivant les saisons. Le Climatologue s’inspire des éléments de la nature, mais aussi des éléments du comportement humain», résume Mathieu Bourret qui cherche alors à transposer, sur le clavier, ce qu’il perçoit et ressent des gens qui l’entourent, sans nécessairement les situer dans un courant d’actualité. Encore et toujours, chacune des pièces musicales qu’on nous donne à entendre est née de l’improvisation (la plupart sont retravaillées, mais certaines sont livrées telles quelles, après une seule prise), un mode de création que le compositeur privilégie entre tous. «Quand je m’assois au piano, sans idée préconçue, c’est là que les meilleures choses arrivent», dit-il simplement.
Chaleur et réconfort
Dans le cas de Taïga, ces «meilleures choses» participent à une œuvre que l’artiste présente comme un album de douceur et de bien-être. «Je voulais que ça sonne chaud et réconfortant», exprime le compositeur qui s’est aussi lancé dans une recherche de textures nouvelles, allant même jusqu’à trafiquer son instrument, avec l’aide de son ingénieur de son, pour lui donner une sonorité un peu plus feutrée. Ça peut aller jusqu’à coller du ruban-cache adhésif (le bon vieux «masking tape») sur les cordes du piano ou même les emmitoufler dans une couverture.
On entend bien, par ailleurs (et ça fait partie de la conception sonore), tous les éléments mécaniques de l’instrument, un peu comme si le piano était lui-même une pièce d’horlogerie dont l’artiste se sert pour marquer le temps. «Le temps, c’est mon leitmotiv», confirme le compositeur, qui rend aussi hommage à cet instrument vieux de 400 ans en nous rapprochant de lui, en nous invitant à y coller l’oreille.
Chacune des pièces, par ailleurs, s’appuie sur une pulsation maîtresse autour de laquelle le compositeur crée des motifs, dans une progression qui part volontairement de l’épuration et du dépouillement, pour culminer dans des exécutions plus denses et plus touffues (Lanterne et Spirographe), qui répondent aux silences proposés plus tôt.
Chemin faisant, vous entendrez aussi la très belle voix de Lucie Martel, qui participe à la pièce Humani, laquelle vous est offerte en échange d’un don à l’Association québécoise de prévention du suicide, et ce, jusqu’au 24 février.
Écoutez notre balado
Pour ce qui est de Taïga, l’album paraîtra le vendredi 5 mars et, à moins d’un déconfinement surprise, fera vraisemblablement l’objet d’un lancement virtuel.
Éventuellement, Mathieu Bourret puisera à même sa réserve bien garnie de compositions musicales pour élaborer le troisième volet du Climatologue, ce qui nous mènera au printemps.
Pour en savoir davantage sur Mathieu Bourret, visitez le site : [www.mathieubourretpianiste.com]. Vous trouverez également, au [www.nordinfo.com], une entrevue balado, entrecoupée d’extraits musicaux, que nous avons réalisée avec l’artiste. (Notez que nous avons éprouvé de petits ennuis lors du transfert de ces extraits musicaux, ce qui en a altéré la qualité. Pour dire les choses autrement: l’original sonne beaucoup mieux).
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Taïga
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