Ce lieu permanent, auquel rêvait le PTDN depuis des lustres, on venait tout bonnement de le lui offrir, après que la Ville de Boisbriand eût fait l’acquisition, puis achevé la transformation de l’église Notre-Dame-de-Fatima en salle de théâtre. Le Centre de création de Boisbriand (c’est ainsi qu’on le nomme), entièrement conçu autour du PTDN, qui en assume désormais la gestion, est fonctionnel depuis plusieurs mois, mais demeure pratiquement inutilisable en raison de la pandémie. Enfin presque.
Une main tendue vers l’ÉTP
Ce serait mal connaître les artisans du PTDN, à commencer par sa directrice générale et comédienne, Mélanie St-Laurent, que de penser qu’on allait laisser ce lieu vide et inanimé jusqu’à ce que le docteur Arruda en autorise l’ouverture, d’où ce partenariat qui s’est tissé, depuis l’automne, avec l’École de théâtre professionnel (ÉTP) du Collège Lionel-Groulx, qui y a tenu différentes activités pédagogiques et de création, et qui poursuit l’exercice pour la présente session.
«Ça s’est fait de façon tout à fait naturelle puisque nous avons toujours eu un lien très vivant avec cette école», exprime Mélanie St-Laurent, rappelant que le PTDN, depuis sa fondation en 1998, se fait un point d’honneur d’embaucher des finissants de l’ÉTP en production et en conception, sinon des anciens qui sont devenus acteurs, metteurs en scène et même auteurs, comme c’est notamment le cas pour Simon Boulerice, dont on devait jouer la dernière création, Nous nous sommes tant aimés, en 2020, et qu’on a bien l’intention de présenter l’été prochain, dans une mise en scène de Charles Dauphinais.
Programme territorial des Laurentides
Ce qui compte, pour l’instant, c’est de faire vivre ce lieu, et l’un des rares effets positifs de la COVID aura été d’agir comme un accélérant en ce sens, alors qu’on s’est tourné vers l’ÉTP pour offrir le Centre de création comme un plateau d’expérimentation pour les étudiants. En amont, on a pu bénéficier des fonds consentis dans le cadre du Programme territorial des Laurentides, issu d’une entente entre le Conseil des arts et des lettres du Québec, la MRC de Thérèse-De Blainville et le Conseil de la culture des Laurentides.
C’est ainsi qu’on a pu accueillir trois groupes de finissants en interprétation, dont l’un a pu suivre un stage de jeu en compagnie de Jean-Simon Traversy, codirecteur artistique de la Compagnie Jean Duceppe. Un autre a pris part à l’écriture et au tournage d’un film, Projet Pigeon, sous la direction d’Emmanuel Schwartz. Le troisième groupe a pris part à une création, avec Steve Gagnon, d’un spectacle construit à partir de textes poétiques et qui sera présenté devant un public sélectionné de professeurs.
«Ce sont tous des projets qui sont nés à cause de la pandémie», s’exclame Mélanie St-Laurent. Ça permettra aux étudiants de présenter leur travail devant des êtres vivants, ce qui demeure tout de même la raison d’être de l’art théâtral.
Un mandat qui se précise
Quoi qu’il en soit, la salle du Centre de création de Boisbriand a résonné de ses premières répliques, en décembre, alors que les finissants en théâtre musical de Lionel-Groulx, sous la direction de Ghyslain Filion, ont livré un spectacle intitulé Et puis la neige vint. Il s’agissait alors d’une location de salle, ce qui entre aussi dans le mandat du PTDN, à titre de gestionnaires du Centre de création.
«La salle sonne super bien», confirme la directrice générale, qui relève néanmoins qu’il faudra s’ajuster à la réalité des spectacles nécessitant une amplification, puisque cette salle, faut-il le rappeler, a été vraiment conçue pour faire résonner la voix humaine, sans autre outil que le corps et son appareil naturel de soufflerie.
Chose certaine, ces premières expériences de partenariat en feront naître d’autres, affirme Mélanie St-Laurent. «Nous souhaitons être un incubateur de talent, le lieu de premières expériences, autant pour les artistes que pour le public. Un endroit de découverte», soumet la directrice qui précise en ce sens, le mandat du Centre de création de Boisbriand, qui se veut complémentaire à tout ce qui existe aux alentours: «Ça ne sera pas un lieu de diffusion au sens où on l’entend, mais un endroit qui accueillera des projets triés sur le volet, qui pourraient mettre en lumière, par exemple, la première étape d’une production devant un public-témoin.»
En fait, tout cela demeure à préciser, mais on voit peu à peu se dessiner ce mandat, axé sur la découverte pure, auquel le public du PTDN, de toute manière, a été habitué depuis plus de vingt ans, en accueillant des auteurs émergents, sans jamais savoir de quoi il retournerait, d’une année à l’autre. Et qui a toujours répondu: présent.
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