Par cette phrase, l’autrice révèle l’une des forces de son recueil : une poésie simple, vraie, qui va droit au cœur. Avec Une âme adoucie par le temps, Katia Saab rassemble des fragments de vie marqués par l’exil, la perte et la résilience. Installée à Saint-Eustache, elle s’implique également auprès d’ABL Immigration, où elle contribue à la création de conférences sur l’immigration. Son écriture porte la mémoire du Liban, pays d’origine, tout en célébrant la gratitude envers le Québec, terre d’accueil où sa famille a pu se reconstruire.
Interrogée sur ce thème qui traverse une partie de son œuvre, l’autrice confie :
« Pour moi, l’exil, c’est apprendre à valser entre deux mondes : c’est apprivoiser un déracinement que je n’avais pas choisi, mais qui s’est imposé comme un passage nécessaire vers la paix intérieure. Accueillir avec respect la culture québécoise sans renier la mienne […], et trouver, quelque part entre les deux, un espace où je peux être entièrement moi-même. »
Sans chercher la complexité, elle propose une poésie libre et accessible. Le recueil laisse place à une grande sincérité, même pour les lecteurs qui ne sont pas familiers avec la poésie.
Le recueil rassemble des fragments qui prennent la forme de souvenirs. Plusieurs poèmes sont accompagnés de photos, renforçant l’impression de feuilleter un album intime où chaque image dialogue avec les mots.
« Ce cycle de vie qui continue,
La peine avec le temps diminue.
Mon esprit restera imprégné,
De ton adieu à tout jamais. »
— extrait de « L’Ultime séparation », p. 37
Les thèmes de la guerre, de l’exil et de la perte sont abordés avec pudeur. Katia ne raconte pas frontalement la violence de ce qu’elle a vécu : elle en expose plutôt les traces, les échos, les fragilités. Cette dimension intime et retenue reflète ce qu’elle souhaite transmettre : une résilience qui permet de renaître, de se relever, de réapprendre et de reconstruire.
Ce regard lui permet de témoigner, à sa manière, de la réalité de nombreuses familles immigrantes pour qui le passage vers un nouveau pays est à la fois une rupture et un renouveau.
« Avec ma famille, tu m’as réunie,
J’en étais séparée depuis des nuits.
Tu nous as reçus avec hospitalité,
Tu nous as couverts de ta générosité. »
— extrait de « Ode à mon Québec », p. 70
Enfin, l’autrice résume ainsi ce qu’elle espère offrir en partage :
« J’aimerais que les lecteurs sentent aussi la lumière : la chance de pouvoir recommencer ailleurs, dans un lieu où la paix n’est pas un luxe rare, mais une manière d’habiter le monde. »
Avec Une âme adoucie par le temps, Katia Saab offre un recueil où la mémoire devient un lieu de passage plutôt qu’un fardeau — une œuvre qui rappelle autant la fragilité que la lumière retrouvée, à offrir ou à s’offrir, pour encourager une voix d’ici.

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