Dans une ambiance festive, dix numéros de souches variées ont été présentés à un jury composé des comédiens Nicolas Gendron, Olivier Aubin et Debbie Lynch-White, de l’auteur-compositeur-interprète Rudy Caya, puis de la journaliste Thérèse Parisien.
C’est donc après une délibération musclée, de l’avis de Debbie Lynch-White, que le jury a finalement décerné la troisième place à l’auteur-compositeur-interprète Maxence Lapierre, la seconde à la pianiste Sabrina Côté Maldonado, et les grands honneurs au duo musical Max et Marine.
En accordant la troisième place à Maxence Lapierre, les juges ont voulu souligner son aisance, son contact particulier avec le public. En effet, l’auteur-compositeur-interprète établit d’emblée un lien étroit avec les spectateurs, qu’il conquiert par son charisme indéniable et sa voix nuancée, qu’il pimente parfois de vocalises jazzées. Seul à la guitare, Lapierre confère une atmosphère décontractée et lumineuse à sa performance, dont les textes abordent le lâcher-prise et la nostalgie de l’enfance envolée, la recherche de soi au seuil de l’âge adulte. Son passage sur scène est chaleureusement applaudi, un public charmé saluant longuement sa présence scénique et ses qualités vocales.
Sabrina Côté Maldonado rafle quant à elle la seconde place, laissant une forte impression sur le jury et le public par sa virtuosité, son intensité et sa relation particulière avec son instrument, le piano. En effet, elle entoure habilement son interprétation de la Sonate pathétique de Beethoven d’une mise en scène originale. Sur les paroles de La petite voleuse d’Olivia Ruiz, elle se glisse subrepticement sur le banc d’un piano que l’on devine «emprunté». Emportée par la musique, elle n’en sera chassée que par les sirènes de la police, mais pas avant d’avoir subtilisé d’ultimes notes, au risque d’être prise en flagrant délit. D’abord intrigué par le personnage, le public est ensuite captivé, puis complètement soufflé, par le doigté vertigineux de Côté Maldonado, qui plaque les accords ou égraine les notes cristallines de la sonate aux contrastes marqués.
Enfin, le duo Max et Marine remporte la palme, les juges récompensant la chimie entre les membres du duo, leur présence sur scène et aussi leur humour. Marina Pilote Flores et Maxime David font la paire, pour un numéro alliant théâtre et musique, dans un esprit rappelant le cabaret. Lui au piano, elle à la voix, ils proposent deux compositions et deux univers sous forme de dialogue, illustrant leur polyvalence dans l’interprétation. La première se fait aérienne, tout en douceur et en harmonies vocales limpides, alors que la seconde s’empreint d’un humour cynique, dépeignant les tribulations de «la fille qui travaille au guichet du métro, qui trouve sa vie longue et qui cherche l’amour». Le public est particulièrement séduit par cette dernière, en appréciant le rythme soutenu et la touche humoristique.
Rappelons que Max et Marine auront la chance de présenter leur numéro lors de la finale régionale du 14 mars prochain, au cégep de l’Outaouais, en plus de mettre la main sur une bourse de 350 $.
La 36e finale locale en détail
En ce 14 février, il semblait tout indiqué que le thème de la soirée de cette finale locale de Cégeps en spectacle soit la fête de l’amour.
Les animateurs de la soirée en grande tenue, l’estrade de l’orchestre maison encadrée de ballons rouges, vox pop et quiz sur le couple, le tout soulignait à la fois la Saint-Valentin et l’ambiance de gala que Maude Tellier-Bélanger, Samuel Bouchard et Sara Déziel ont voulu donner à la soirée.
Avec humour et la participation du comédien Samuel Landry, de même que du «technicien» maladroit Guillaume Choinière-Émard, le trio d’animateurs guide le public entre les numéros, appuyé par la présence solide et efficace de l’orchestre maison et de l’équipe technique. Au cœur de l’événement, bien entendu, les dix numéros que le jury a pu se mettre sous la dent, avant de couronner les vainqueurs.
Les Gars du troisième (Guang Jeong, Gabriel Leduc, Jordan Desjardins et Thomas Mongrain) ouvrent le bal de belle façon, avec un rock riche et texturé, tantôt pesant, tantôt exotique. Ils explorent différents rythmes avec fougue et intensité, deux chanteurs se relayant pour créer différentes dynamiques.
Ils cèdent ensuite le micro à Laura Cousineau qui, accompagnée par le guitariste Zachary Boileau, interprète Éblouie par la nuit, qu’elle emprunte à ZAZ. Sur une guitare délicate, elle offre une interprétation sentie de la pièce, d’une voix particulière qui se brise joliment suivant l’émotion.
À leur tour, Marie-Philippe Lemay et Ludovic Jean proposent leur interprétation des pièces La fuite de Karkwa et Tenir debout de David Portelance, elle au violoncelle et lui à la guitare. On les sent habités par la musicalité des mots et la beauté des mélodies, qu’ils livrent avec d’aériennes ou emphatiques harmonies vocales.
Dans un autre registre, Olivier Laurin y va d’un numéro humoristique relatant son expérience comme moniteur dans un camp d’été pour enfants handicapés. Pince-sans-rire, il va, sous le couvert de gags crus, de réflexions sur les jugements de valeur et les masques que l’on porte en société.
Quant à eux, les jumeaux Félix et Samuel Sabourin transportent le public avec un numéro de conte et de musique traditionnelle québécoise, violon, accordéon et podorythmie au menu. Complices, ils rendent hommage, avec l’entraînant Reel du sirop d’érable, aux personnages marquants de leur municipalité de Ripon, mais aussi à tous les porteurs de la tradition orale et de la langue française.
Puis, c’est avec grâce, un esprit ludique et une bonne dose d’exotisme, que le trio Lalluzal (Catherine Faucher, Charlotte Gemme et Éloïse Roy) ferme la marche avec un numéro de baladi empreint de mystère et d’une sensualité dépourvue de vulgarité.
Enfin, si le prix «coup de cœur du public» existait toujours, l’auteure de ces lignes décernerait sans aucun doute le sien à la formation R.A.P, ou Rêves à porter. Les rappeurs Nervens Demosthene, Daniel et David Mulumba, et la choriste Prali Léger roulent leur bosse depuis déjà plusieurs années, offrant des textes intelligents aux vers habilement tournés, sur des rythmes d’une aussi grande qualité. Pour Cégeps en spectacle, ils électrisent la foule avec deux compositions, la touchante Père absent et la dansante Autour du monde, dans une mise en scène sobre et soignée mettant en lumière leur professionnalisme et leur passion.
Pendant la délibération du jury, les spectateurs ont pu compter sur l’humoriste Charles-Antoine Desgranges, anciennement du collège Lionel-Groulx et étudiant de l’École nationale de l’humour. Ce dernier fait crouler la salle de rire avec son autodérision et ses réflexions inattendues, facilitant ainsi grandement l’attente du grand verdict.