BOBO et MOMO: La grange de Mirabel s’exporte en ville

À la fin du mois, l’artiste, qui a fondé le lieu de création artistique La Grange à Mirabel, a présenté une nouvelle version de sa pièce Bobo et Momo à l’Espace Libre à Montréal mettant en scène une marionnette de dimension humaine avec laquelle elle interagit tout au long du spectacle.

La poupée a été confectionnée en 2016 dans l’optique de travailler avec un corps inanimé représentant un mort. « Je ne voulais pas pratiquer avec une personne qui aurait fait le mort », raconte la créatrice. Ce fut une expérience particulièrement saisissante puisque la première pratique avec la marionnette a été la journée des attentats de Bruxelles (trois attentats suicides), une ville où l’artiste a tissé plusieurs liens professionnels et personnels.

Dans la nouvelle mouture du spectacle d’environ trente minutes, le personnage principal marche beaucoup plus lentement, prend beaucoup plus son temps par rapport aux représentations précédentes à La Grange et au Festival ZH. C’est une volonté assumée de l’équipe artistique pour donner le temps au spectateur de regarder le corps, de chercher le sens, de se plonger dans le personnage, dans les détails tant de son costume que de son mouvement.

Suivre le rire

Lors du travail de création pour l’Espace Libre, Morena et ses collaboratrices ont pris la décision de chercher dans les formes mal aimées du théâtre une inspiration nouvelle. Ainsi, l’humour s’est invité rapidement. « J’ai commandé une paire de lunette et une fausse moustache, puis Momo s’est transformé ».

Malgré les rires initiaux des spectateurs devant l’accoutrement de la créatrice, la lenteur et les actions relativement anodines d’un homme s’offrant en spectacle devant une poupée viennent noyer les rires dans une mélancolie et une tristesse nourries aux quelques ruptures dans les dispositifs techniques (une lumière qui s’éteint soudainement, la musique qui se transforme, un rétroprojecteur qui s’arrête soudainement alors qu’un visage était projeté sur la marionnette). Ces jeux que propose Momo à Bobo sont « toutes des variations sur des façon de se reconnaître en l’autre », explique Morena dans la discussion publique après la représentation du 26 février.

Dans une version antérieure du spectacle présentée à La Grange à Mirabel, un deuxième personnage arrivait en camion pour aider Momo à éveiller Bobo, inspiré par Frankenstein. Mais ralentir le rythme et partager la scène avec un autre spectacle auront poussé les créatrices à couper des éléments pour se concentrer sur l’essentiel : ce désir de se reconnaître dans l’autre en interaction avec lui pour affronter la banalité de la vie.

Prochains projets

Les prochaines aventures de la créatrice la feront voyager en Belgique. Alors que l’avenir s’annonçait sombre pour la Grange, avec les coupures et le manque de ressources en culture ces jours-ci, des activités semblent se dessiner pour le lieu de résidence d’artiste et de performances in situ. D’autres détails seront partagés dans les prochaines semaines.