Au moment de mettre sous presse, 25 horaires de huit heures n’étaient pas comblés à ce centre de communication santé basé à Blainville, là où sont transférés tous les appels 911 des deux régions concernant les urgences médicales. Une crise sans précédent.
Les répartiteurs médicaux d’urgence sont au bout du rouleau. Ils ont lancé des alertes au gouvernement il y a plusieurs mois, mais pas de réponse de la Coalition Avenir Québec (CAQ).
Ceux-ci tiennent incidemment à rappeler au ministre de la Santé et des Services Sociaux du Québec, Christian Dubé, le rôle d’un répartiteur médical d’urgence (RMU). Il répond au téléphone logé par une personne en détresse. Il redirige l’appel aux paramédics et le temps que l’ambulance arrive, il rassure, renseigne et guide sur les marches à suivre et les techniques de premiers soins à appliquer, et ce, avec un calme exemplaire.
« Sur un appel pour un problème cardiaque, cela peut avoir un impact sur le patient (golden hour) ou chaque seconde compte. À certaines occasions, nous devons raccrocher d’urgence pour un autre appel en attente sans avoir terminé le massage cardiaque. Nous expliquons à l’appelant que nous allons l’appeler dans pas longtemps. Imaginez le degré de stress qui augmente avec l’interlocuteur au bout de la ligne », raconte avec stupéfaction, Stéphane Rainville, président de la Fraternité des répartiteurs médicaux
d’urgence Laurentides-Lanaudière.
Une vidéo qui fait réfléchir
Si le premier ministre François Legault ne voit pas encore l’urgence d’agir, M. Rainville l’invite à regarder la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=tSv5QUN5x_4 dans laquelle une femme entourée de ses enfants voit son mari partir à petit feu devant sa famille, victime d’un infarctus. La dame se bute à une centrale 911… vide.
« Que fera le premier ministre Legault lorsqu’un appel sera logé au 911 et que personne ne répondra dû à un manque de ressources afin de déployer et de diriger une ambulance sur le lieu d’un accident ? », demandent, sans prendre de détour, les répartiteurs en s’adressant directement au chef de la CAQ. « Après avoir entendu ces témoignages et visionné la vidéo qui ne laisse personne indifférent, le premier ministre ne peut plus faire la sourde oreille. »
Un taux de 21,37 $ de l’heure
Les employés du RMU demandent au gouvernement de les reconnaître à leur juste valeur. La promesse du gouvernement « d’être un employeur de choix » ne concorde pas avec la réalité pour l’instant, disent-ils..
« En tant que travailleurs de la santé, nous nous questionnons sérieusement sur la volonté et la véracité des propos du ministre Dubé. Ce dernier mentionne à répétition, à qui veut bien l’entendre, que le gouvernement se doit d’être un employeur de choix en santé » déplore le président de la Fédération des employés du Préhospitalier du Québec, Daniel Chouinard.
Comment être cet employeur en offrant « seulement un salaire de 21,37 $/h à nos travailleurs? », se demande M. Chouinard.
Dans le même sens de cette contradiction, le président rappelle que même le premier ministre Legault tenait récemment des propos à l’effet qu’il est difficile de trouver un équilibre financier avec un salaire oscillant autour de 18$/h.
« McDonald’s offre 20 $ l’heure pour faire tourner des boulettes. À moins de changements et d’actions prises concrètement par le gouvernement, nous nous dirigeons directement dans le mur », abonde dans le même sens, M. Rainville.
Ce dernier assure que ses équipes sont fatiguées et que certains matelots ont quitté le navire avant de couler avec. Les cadres doivent assurer la relève.
Les employés sont sans convention collective depuis mars 2022. Ils se disent sous-payés, en tenant pour compte les compétences exigées et les conditions de travail, eux qui doivent être disponibles 7 jours sur 7, 24 heures sur 24.
« Nos conditions de travail doivent être plus intéressantes pour attirer des jeunes. Il n’est pas rare de voir de nos employés faire 70 heures par semaine. Certains s’excusent auprès de confrères car ils ne peuvent pas être dispos pour faire du temps supplémentaire obligatoire. On se sent coupable parce qu’on a besoin de repos. C’est très difficile mentalement », conclut M. Rainville.
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