C’est une nouvelle réjouissante pour le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation qui souligne une progression de la participation des femmes à ces élections.
Pour le professeur Rémy Trudel, expert en affaires municipales, ce résultat n’est pas aussi décevant qu’il n’y paraît, compte tenu du contexte particulier de ce scrutin.
Selon l’expert, la méthode de calcul du taux de participation comporte plusieurs biais qui faussent l’interprétation des résultats. Il considère qu’environ 500 municipalités ont vu leurs maires et conseillers municipaux élus par acclamation. Ce qui, selon lui, représente un taux de participation théorique de 100 % qui n’est pas comptabilisé dans les statistiques officielles.
Par ailleurs, ajoute l’expert, la liste électorale inclut des entreprises qui ont le droit de vote municipal lorsqu’elles possèdent une propriété, mais qui exercent rarement ce droit. « Si on décortiquait les propriétaires qui sont [la plupart du temps], extérieurs à la municipalité, il faut les éliminer de la liste », précise-t-il.
Une progression de la représentation féminine
La ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Geneviève Guilbault, se réjouit des progrès en matière de représentation féminine dans les conseils municipaux, soulignant que des efforts restent à faire.
Les femmes occupent maintenant 37,9 % des sièges et 26 % des postes à la mairie, soit près du double d’il y a vingt ans. Elles représentent 39,8 % des membres des conseils municipaux. L’objectif de parité, situé entre 40 % et 60 %, est désormais à portée de main, précise un communiqué du ministère à la suite des élections municipales.
Les Laurentides ont élu 220 conseillères municipales et 22 mairesses. La proportion de femmes parmi les élus est de 43,1 %.
« Les résultats montrent qu’on avance dans la bonne direction. La participation remonte, la présence des femmes continue d’augmenter et de plus en plus de jeunes s’impliquent. C’est encourageant, mais il reste du travail à faire, surtout pour mobiliser les jeunes. Comme gouvernement, on va continuer d’appuyer les municipalités et de valoriser ceux qui s’engagent », affirme la ministre dans le communiqué.
Les 18 à 34 ans demeurent sous-représentés, à 7,5 % des élus, déplore Mme Guilbault, qui insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts pour encourager les jeunes à s’intéresser à la politique locale et leur faire voir l’impact concret des décisions municipales sur leur quotidien.
Disparités locales
Le taux de participation dans les Laurentides, selon des données compilées par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, est de 39,0 % en 2025, contre 35,1 % en 2021. Il est de 55,1 % dans les petites municipalités de moins de 2000 habitants, une légère hausse par rapport à 2021, soit un taux de 54,5 %.
Toutefois, plusieurs municipalités de la région accusent un faible taux de participation, comme le cas de Bois-des-Filion (30,29 %) et Pointe-Calumet (25,80 %), entre autres. Des résultats inférieurs à la moyenne provinciale. « Il y a un problème local qui fait en sorte que les gens sont satisfaits et ils n’osent pas aller voter pour l’une ou l’autre des équipes », analyse l’expert, qui met en garde contre toute généralisation hâtive.
Dans la MRC de Mékinac en Mauricie, le taux de participation a largement dépassé la moyenne provinciale, avance-t-il. L’élection s’est transformée en référendum sur l’implantation de 133 éoliennes sur le territoire. « Ce n’était pas une élection municipale, c’était un référendum sur les éoliennes », précise le professeur.
Par ailleurs, l’expert déplore également l’impact négatif d’un Balado largement diffusé par Radio-Canada, dans lequel l’ancien maire de Québec, Régis Labeaume, remettait en question l’intérêt de faire de la politique municipale. « C’est un documentaire déplorable. Ça affecte beaucoup », affirme-t-il.
« Il ne faut pas se décourager, au contraire, il faut l’expliquer, le taux de participation de 37 % en général », relativise le professeur. Selon lui, les efforts déployés pour maintenir ce taux dans un contexte difficile sont « méritoires ».
Toutefois, il insiste sur l’urgence d’une réforme : « Il ne faut pas attendre 2029 avant de réfléchir sur la journée locale de la démocratie. Il faut réfléchir tout de suite dans la foulée de ce qu’on a vu et observé. »

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