Tout a commencé deux ans et demi plus tôt, en 2007, alors que M. El Hajj, alors résident de Trois-Rivières, travaillait comme ingénieur. Lors d’une réunion, il a soudainement eu de la difficulté à s’exprimer et à entendre ses collègues. Quelque chose n’allait pas.
«On m’a transporté à la clinique et d’un examen à l’autre, le médecin m’a dit qu’il ne pouvait plus rien faire pour moi, que mon cœur était fini et qu’on devait le remplacer. J’avais 27 ans», raconte celui qui réside maintenant à Blainville.
Les nombreux examens qu’il a alors passés révèlent qu’il est atteint d’hypercholestérolémie, un trouble métabolique héréditaire qui affecte les artères du cœur et qui est reconnu comme l’un des nombreux facteurs de risque de maladie cardiaque. Il faut dire que sa mère avait été opérée à cœur ouvert dans la trentaine.
«Je n’étais pas au courant que j’étais atteint de ce trouble. Tout à coup, mes veines ont fermé. On m’a dit d’aller à Montréal pour me faire suivre. C’est là qu’on m’a annoncé que j’aurais besoin d’une greffe cardiaque».
Joseph El Hajj a attendu deux ans et demi après son nouveau cœur. Tout ce qu’on lui a révélé à propos de celui-ci est qu’il venait de Québec et qu’il appartenait à un homme cinq ans plus jeune que lui.
«Quand j’ai appris que je devais être greffé, c’était triste. Ça m’a bouleversé. Ça a changé ma vie. J’étais démotivé au début, mais j’ai décidé de me battre! Ces deux ans et demi en attente d’un cœur ont représenté la période la plus difficile de ma vie».
Une vie normale
C’est pour se rapprocher de Montréal que Joseph a choisi de déménager à Blainville en 2010. C’est cette même journée qu’on lui a appris que son coeur était en route pour Montréal.
«La première soirée où je dormais chez moi à Blainville, j’ai reçu l’appel come quoi mon cœur était prêt. Cette nuit-là, je suis resté réveiller toute la nuit».
La première année fut très difficile, son corps rejetant le nouvel organe, mais les choses se sont heureusement placées par la suite.
«Tout est ensuite rentré dans l’ordre. Un an après, je commençais à nager à Blainville. J’ai même participé et gagné des médailles d’or à la nage aux Jeux canadiens des Greffés à Vancouver en 2018. Mon cœur est solide!».
Parce que oui, Joseph El Hajj vit aujourd’hui une vie qu’il qualifie de normale. Il a troqué sa carrière d’ingénieur pour celle d’un travailleur de bureau où il est moins à risque de contracter quelque maladie. Il a aussi fait une croix sur la possibilité d’avoir des enfants puisque ceux-ci auraient 50 % des chances d’être atteints, l’a-t-on prévenu, mais il est en vie.
«Je vis une vie normale. Je suis chef d’entreprise. Je fais des voyages. C’est certain que je vis dans une bulle car je peux attraper des bibittes plus rapidement. Ce que l’on vit présentement avec la pandémie, je le vis depuis 12 ans! »
Lorsqu’il rencontre des gens en attente d’une greffe, Joseph leur dit de garder le moral, de rester actif et de faire confiance à la technologie.
«Si l’on demeure positif, cela nous aide à passer à travers. Les gens de Transplant Québec savent ce qu’ils font! », a-t-il conclu.
Semaine nationale du don d’organes et de tissus
Soulignons que le Québec fait des progrès au chapitre du don d’organes. Au cours de la dernière année, 390 personnes ont pu être transplantées et le nombre de personnes en attente de poumons est à son plus bas depuis 15 ans. Mais les efforts doivent continuer, car 802 personnes sont toujours en attente d’un don d’organe, rappelle Transplant Québec alors que déroule, du 18 au 24 avril, la Semaine nationale du don d’organes et de tissus.
En 2020, 48 % des donneurs étaient âgés de 50 à 70 ans. Le plus âgé avait 92 ans. L’organe pour lequel il faut attendre le plus longtemps est le rein (538 jours), suivi des poumons (372 jours), du foie (314 jours) et du cœur (234 jours). Une personne peut, de son vivant, en aider une autre par le don d’un de ses reins ou d’une partie de son foie.
Selon un sondage mené par Transplant Québec, 92 % des Québécois sont favorables au don d’organes. Pourtant, 20 % des familles ont refusé le don d’organes d’un de leurs proches au cours de la dernière année, malgré le consentement écrit du donneur.
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