Un dernier hommage au porte-voix des expropriés

Rappelons que dès l’annonce des expropriations en 1969, un rassemblement s’est organisé pour faire front contre l’initiative du gouvernement fédéral d’y installer « le plus grand aéroport du monde ». Elle rejoint Jean-Paul Raymond, André Bouvette et Françoise Drapeau Monette qui dirigeront le Centre d’information et d’action communautaire (CIAC) qui a orchestré la riposte des expropriés. Mme Léonard-Lafond s’occupait des communications en tant que porte-parole pour l’organisme aidant les expropriés dans la défense de leurs droits.

Lors des funérailles, son fils Yvon Lafond a servi un émotif témoignage abordant la place que prenait l’engagement social de sa mère : « Elle en a brassé ben des patentes. Une veillée, une soirée de cartes, une tombola, toujours pour apporter de la joie autour d’elle ». Il poursuivit en soulignant la solidarité qu’elle inspirait dans son entourage : « Ma mère disait aux autres : Regardez, nous sommes tous dans le même panier. Ne vous méfiez pas de votre voisin ! » Il a conclu son discours en comparant la vie de sa mère à « une saga, une grande odyssée ».

Donavan Lauzon a suivi avec un hommage plus cérébral pour sa grande-tante : « Elle était une femme de cœur et de conviction et ce sont ses valeurs et sa profonde sensibilité humaine qui se dégagent de ses textes et son engagement citoyen ». Sa fille Marie-France a aussi fait parvenir une lettre mentionnant la combativité, la détermination et la force de caractère de sa mère.

Le prêtre a poursuivi l’hommage à Rita Léonard-Lafond en mentionnant ses engagements communautaires après sa participation au Comité d’information et d’animation communautaire (CIAC). Elle a entre autres fondé le Mouvement d’entraide de Bellefeuille, l’organisme La Bellefeuilloise, le groupe Femmes d’ici et d’ailleurs ainsi que le Réseau des femmes.

Après la cérémonie, Marie-Thérèse Labranche-Lemay a confié que Mme Léonard-Lafond était « la sorte de sœur que je me serais fabriquée ». Les deux femmes ont collaboré dans divers organismes après son départ du CIAC. Elle décrit son amie comme une rassembleuse tourmentée qui se nourrissait de l’énergie de ceux qu’elle aidait. « Nous souhaitions apporter notre contribution lorsque quelque chose bloquait », se rappelle Mme Labranche-Lemay à propos de leur action communautaire et pastorale auprès des femmes et des Autochtones.

Un dernier message à Ottawa

Le député du Bloc québécois, Jean-Denis Garon, a livré un poignant hommage à la Chambre des communes à propos de Rita Léonard-Lafond quelques jours auparavant : « Femme de conviction et de courage, elle aura dédié toute sa vie à défendre sa communauté au cœur de la saga des expropriations de Mirabel. En nourrissant de ses interventions les luttes citoyennes qui ont mené à la rétrocession de 85 000 acres de terres, elle aura été la voix et le visage des expropriés. Par sa ténacité, elle aura inspiré citoyens, élus et intellectuels à exiger des enquêtes sur le dossier de l’aéroport de Mirabel. […] De là-haut, sa droiture continuera longtemps d’inspirer mon engagement politique. »

La mairesse de Mirabel Roxanne Therrien nous a également partagé avoir rencontré Mme Léonard-Lafond à quelques reprises : « C’est une idole pour moi. Une grande dame qui a marqué notre histoire et pour qui nous avons beaucoup de respect. Elle a brisé des plafonds de verre. Elle était toute petite, mais avait tellement de courage. J’ai trouvé en elle une force inspirante. »

Le Comité Transmission, composé de Louise Lachapelle, Denis Brouillard, Rolande Nadon, Sylvie Deschambault et Denise Proulx, a colligé, sélectionné, organisé et mis en contexte les écrits de la défunte. Le fruit de ce travail se retrouve dans l’ouvrage « Rita Léonard-Lafond : parcours et paroles de solidarité » publié aux Éditions du Grand Élan.