Passionné d’astronomie, Tristan Leblanc, 17 ans, de Blainville, a mis plusieurs semaines à plancher sur un projet dont l’objectif était d’envoyer une pomme de terre dans la stratosphère à l’aide d’un ballon de six pieds de diamètre gonflé à l’hélium. Le 30 septembre, il a mis son plan à exécution.
C’est l’éclipse solaire du 21 août 2017 qui a déclenché chez Tristan ce désir d’apercevoir ce phénomène de l’espace plutôt que du sol, avec un télescope.
«Mon voisin et moi regardions l’éclipse, de la Terre, mais dans ma tête, ç’aurait été encore plus impressionnant de voir l’ombre créée sur la Terre par le passage de la Lune devant le Soleil. J’ai pensé y avoir accès avec un drone, un avion, une fusée, mais la façon la plus simple était de prendre un ballon d’hélium, de lui attacher une GoPro et de l’envoyer dans les airs.»
La prochaine éclipse solaire n’étant prévue que dans huit ans, Tristan n’avait pas la patience d’attendre tout ce temps pour passer à l’action. «Je voulais avoir du fun maintenant!» , affirme à ce sujet celui qui étudie actuellement au cégep de Saint-Jérôme.
C’est ainsi que dès janvier dernier, il s’est affairé à construire une nacelle, faite d’une glacière en styromousse, dans laquelle il a déposé deux caméras GoPro, un GPS, de même qu’une montre Garmin, pour calculer la vitesse et l’altitude. La boîte contenait aussi des «HotShots» et des batteries supplémentaires pour recharger les caméras.
«Tous ceux qui ont tenté l’expérience avant moi, comme la NASA et des universitaires américains, ont investi des milliers de dollars dans ce projet alors que de mon côté, j’ai utilisé des choses que j’avais déjà chez moi. Je n’ai acheté que le GPS qui m’a coûté 50 $» , d’ajouter Tristan qui se définit comme «un patenteux de nature» .
Et pour ajouter un côté original à son projet, pourquoi ne pas attacher à la nacelle une pomme de terre et l’appeler Billy?
«C’est ce qui fait en sorte que le projet est unique. Tu ne verras jamais une patate dans l’espace. Envoyer des GoPro dans le ciel et filmer la stratosphère, ça se fait assez facilement. Tu n’as qu’à inscrire
Le jour J
Après avoir calculé une foule de paramètres, tels le temps de vol et la direction probable, c’est du haut d’une colline située à Pointe-au-Chêne, dans le secteur de Montebello, que Tristan a lancé son engin, le dimanche 30 septembre. S’il a choisi cet endroit, c’est que de là, le point d’atterrissage, selon ses savants calculs, devait être quelque part en Estrie, loin des plans d’eau et des forêts.
«Je me suis rendu dans le stationnement d’une école et à 7 h 04 j’ai laissé aller le ballon. À chaque 30 secondes, je recevais ses coordonnées et sa vitesse sur mon téléphone, mais après 34 minutes, à 7 h 38, j’ai perdu toute communication!»
Déçu de cette situation, Tristan rentre à la maison. Il se rappelle avoir dit à son ami qu’il aurait peut-être des nouvelles dans une semaine, deux mois ou dix ans, un peu comme lorsqu’on envoie une bouteille à la mer, mais trois semaines plus tard, il recevait un appel.
«Ça a pris 20 jours avant que je reçoive des nouvelles. Un homme de Saint-Georges-de-Windsor, en Estrie, m’a appelé pour me dire qu’il avait trouvé une boîte près de son tracteur. Il était 9 h du matin, un samedi. Je capotais! Je suis tout de suite parti!»
À sa grande surprise, en arrêtant dans un Tim Horton’s sur le chemin du retour, il réalise que l’une des deux caméras a fonctionné pendant une heure et demie et qu’il a bel et bien l’image de la patate Billy dans l’espace.
Évidemment, plusieurs personnes ont tenté de le décourager en lui répétant que ça ne fonctionnerait pas, mais Tristan ne les a jamais écoutées.
«J’ai appris avec ce projet que ce n’est pas parce que des gens te disent non que ça ne peut pas marcher! Il faut aller au bout de ses rêves. J’avais l’idée d’envoyer une patate dans l’espace et je l’ai fait. Ce n’est pas tous les jours qu’on envoie une patate dans l’espace!»
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