Profondément touchée par les enfants victimes de négligence et de violence physique, psychologique et sexuelle, Linda Provost a créé à leur intention un lieu leur permettant de rencontrer sous supervision leur parent à qui l’on refuse le droit de visite. Le but? Offrir aux jeunes de 0 à 17 ans un espace neutre leur permettant de garder le contact avec leurs deux parents séparés.
Dans cet espace neutre, les 13 intervenantes supervisent les rencontres hebdomadaires et en profitent pour analyser le comportement du parent supervisé. Ce qu’elles observeront de l’attitude du parent s’ajoutera à l’expertise psycho-légale devant la cour.
Ce type de ressource était pratiquement inexistant au Québec en 1995 et c’est ce qui a poussé Linda Provost à ouvrir son petit local, situé à l’arrière de la bibliothèque de Deux-Montagnes. Aujourd’hui, SOS Jeunesse est bien connu des centres jeunesse et de la Cour supérieure.
Dévouée, Linda Provost a, peu à peu, aménagé le petit local, s’est ajusté aux différents horaires des parents, organisant même des fêtes à diverses occasions.
Les gens qui l’ont côtoyée au fil des ans la définissent comme une femme de cœur et de conviction, qui a su faire d’une petite organisation, une ressource nécessaire.
Le député de Deux-Montagnes, Benoit Charette, qui a jadis œuvré dans le milieu communautaire, l’a bien connue alors qu’il était sur le conseil d’administration de l’organisme, voilà une douzaine d’années. Il se souvient encore du parcours du combattant mené par Linda Provost pour faire reconnaître l’organisme et assurer son financement. «Ç’a été beaucoup d’acharnement et de persévérance de sa part, mais elle l’a fait et aujourd’hui l’organisme est une référence», de dire le député, ajoutant: sans cette ressource, ce sont des jeunes qui n’auraient pas accès à leurs parents, alors autant pour les parents que pour les enfants c’est une ressource importante.»
Même son de cloche de la psychologue Carole Beauchamp-Leroux, experte en analyse psycholégale, qui connaît bien Linda Provost et qui a eu l’occasion d’observer quelques rencontres parent-enfants. Cet organisme est un bon outil, selon elle: «C’est une façon de rétablir des ponts entre l’enfant et le parent et de permettre qu’ils perdurent malgré les litiges et les procédures en cours. Un parent qui va faire en sorte de briser le contact avec l’autre parent, on ne devrait jamais laisser faire ça.»
Faussement accusé d’abus sexuel sur ses deux filles, l’Eustachois Luc Latreille assure que SOS Jeunesse lui a été d’une aide certaine. «Avec leur expertise, l’organisme a aidé à accélérer le processus à déterminer s’il y avait réel abus sexuel, car les intervenantes m’observaient durant les visites», confie le père.
Et lorsque son ex-conjointe s’est suicidée, Linda Provost l’a accompagné pour l’annoncer à ses filles. Plusieurs années après, il se dit encore stigmatisé: «Se faire accuser de quelque chose d’aussi odieux et ne pas pouvoir se défendre, ça marque à vie. L’aliénation parentale, c’est destructeur pour le parent qui essaie d’avancer.»
(Voir autre texte en page 5.)