logo journal leveil
icon journal
Pour que cessent ses maux de tête: Lorsque se rendre aveugle devient la seule solution

Geneviève Poirier a récemment dû renoncer à la vue en raison des terribles maux de tête qui l’affligeaient.

Pour que cessent ses maux de tête: Lorsque se rendre aveugle devient la seule solution

Publié le 08/12/2014

Maman de trois enfants, mariée et auteure-compositrice-interprète, Geneviève Poirier, 35 ans, est née albinos. Il y a un peu plus d’un mois de cela, son médecin lui a prescrit le port de lunettes opaques pour que cessent enfin les maux de tête dont elle était affligée depuis plus de deux ans.

En raison de son albinisme, Geneviève a toujours été affectée par des troubles de vision, mais pouvait tout de même, jusqu’à tout récemment du moins, fonctionner adéquatement en société, travaillant longtemps comme adjointe administrative pour une entreprise de la région qui avait adapté son poste de travail.

Pour voir, toutefois, pendant toutes ces années, elle n’avait autre choix que de forcer ses yeux au maximum, entraînant ainsi d’extrêmes maux de tête qui étaient devenus insupportables, ne lui laissant d’autres options que de laisser son emploi.

«On a essayé plusieurs traitements avec ma neurologue, mais rien ne fonctionnait, sauf de me rendre aveugle fonctionnelle. C’était la seule solution pour soigner cette céphalée chronique réfractaire», explique la jeune femme qui, depuis, réapprend tranquillement à vivre avec sa condition.

«J’ai vécu un gros deuil, affirme Geneviève. J’ai eu beaucoup de peine et ressenti beaucoup de colère. C’est toute une réadaptation. Me déplacer, faire le budget, cuisiner, je dois tout réapprendre. C’est difficile. Même si j’essaie d’être le plus autonome possible, il y a beaucoup de choses que je ne peux faire seule», poursuit celle qui, d’une vision 6/24, c’est-à-dire que pour voir à six mètres devant lui, le sujet doit être 24 fois plus près qu’une personne normale, sa vision est passée à 6/60. Sans cette cécité complète prescrite par un professionnel, sa vue continuerait de s’affaiblir jusqu’au point où elle ne pourrait plus voir du tout.

«À 6/60, je suis considérée aveugle légale. Si j’enlève mes lunettes, oui je peux voir un peu, mais étant donné que ma vue continue de baisser et que je veux conserver le peu qu’il me reste, je préfère porter les lunettes.»

Membre du RHVL

Mise en contact avec le Regroupement des handicapés visuels des Laurentides (RHVL) par le Centre de réadaptation en déficience physique Le Bouclier, Geneviève y a trouvé des gens de la région qui comme elle souffrent d’un handicap visuel. Ils sont plus de 150 à bénéficier des services du RHVL.

«Quand je suis arrivée au RHVL, je me suis tout de suite sentie accueillie. Ça fait du bien de rencontrer des gens qui vivent la même réalité que moi parce que j’ai toujours été seule dans mon entourage, à vivre mon handicap, et de briser cet isolement-là est nécessaire pour s’accepter et avancer.»

Le chant comme échappatoire

Geneviève est tellement impliquée au sein du regroupement qu’elle est devenue directrice de la chorale Les yeux du cœur, composée de membres du RHVL et qui se produit en spectacle dans les résidences pour personnes âgées notamment.

«Ça fait du bien d’avoir des projets, de se dépasser ainsi en apprenant des chansons par cœur», dit à ce sujet la jeune maman qui était prédestinée à occuper cette fonction de directrice de chorale, elle qui a participé à de nombreux concours de chant, dont celui d’American Idol… à Disney World.

«Mes proches connaissent mon talent pour le chant et sachant que j’avais étudié en musique, m’ont convaincue de participer à American Idol Experience. Après plusieurs auditions, j’ai finalement atteint la finale!», lance fièrement Geneviève, avant d’ajouter que c’est alors qu’elle interprétait la chanson Vision of love, de Mariah Carey sur la scène à Disney World, qu’elle a pris conscience que sa vie, bien qu’elle devra la passer privée de sa vue, était loin d’être terminée.

«Je venais d’avoir ma canne blanche et j’étais dans une période où je me demandais ce que j’allais faire de ma vie. En interprétant cette chanson, certaines paroles m’ont frappée et m’ont fait réaliser qu’avec ou sans yeux, on ne pourra jamais m’enlever ce don que j’ai pour le chant! Ça fait partie de ma mission, de ce que je suis. Ma place dans la vie, c’est de chanter et c’est ce que je vais faire!»

Pour en connaître davantage au sujet des services offerts par le RHVL, il suffit de visiter le [www.rhvl.ca] ou d’appeler au 450 432-9689.