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Oka et Saint-Eustache dénoncent l’atteinte à l’autorité municipale

Photo : Courtoisie –

Plusieurs centaines de manifestants étaient réunis la semaine dernière devant les installations de Stablex à Blainville, pour dénoncer l’expropriation du terrain par le gouvernement.

Oka et Saint-Eustache dénoncent l’atteinte à l’autorité municipale

Publié le 01/05/2025

Pascal Quevillon, maire d’Oka, et Pierre Charron de Saint-Eustache, n’en reviennent pas que le gouvernement de la CAQ adopte sous bâillon, envers et contre tous, le projet de loi 93, autorisant l’expropriation du terrain de Blainville pour l’enfouissement de déchets dangereux. Ils dénoncent le manque flagrant de respect du gouvernement pour l’autonomie municipale.

Exprimant sa solidarité envers la mairesse de Blainville, Liza Poulain, le maire d’Oka décrit le gouvernement actuel comme « un gouvernement qui gère sous la pression médiatique et avec des œillères […] C’est comme un train qui déraille, mais au lieu de faire en sorte de ramener le train sur les rails, on continue à rouler en dehors de la track », figure M. Quevillon.

Ces dernières semaines, plusieurs voix de la société se sont élevées, sans succès, pour dénoncer l’expropriation du terrain de Blainville. Le gouvernement ne semble reculer devant rien. Ni les nombreuses oppositions à sa décision, ni le Conseil des préfets et des élus de la région des Laurentides (CPERL), encore moins les groupes de pression environnementaux, ne semblent pouvoir l’en dissuader. M. Quevillon se désole qu’autant de voix réunies ne puissent avoir un quelconque impact sur cette décision gouvernementale.

« Honnêtement, concède le maire, je ne crois pas que ça va les influencer. Ils ont une forte majorité au gouvernement, puis par expérience, dans d’autres dossiers, quand ils ont une idée derrière la tête, ils vont à fond. Peu importe ce qu’on leur dit, les arguments qu’on donne, il n’y a aucune écoute ».

Le manque d’écoute du gouvernement, un constat unanime

Pascal Quevillon se montre résolument critique envers le manque d’écoute du gouvernement envers les autorités municipales.Il juge que cet entêtement à aller jusqu’au bout, malgré les oppositions, pose un sérieux problème démocratique. Cela s’apparente à de la dictature, lâche-t-il, sans détour.

« Quand c’est rendu qu’un gouvernement provincial exproprie une municipalité, puis la municipalité dit non, on n’est pas d’accord, et continue d’aller de l’avant, ce n’est pas de la collaboration. On n’appelle pas ça de la collaboration, c’est presque de la dictature. » – Pascal Quevillon, maire d’Oka

C’est une chose de désigner les municipalités comme des gouvernements de proximité, mais c’en est une autre de vouloir piétiner leur autorité, fait valoir, quant à lui, le maire sortant de Saint-Eustache, dénonçant un dangereux précédent dans les relations gouvernementales.

« C’est sûr que la façon dont s’est fait, c’est un peu, selon moi, irrespectueux du milieu municipal. » – Pierre Charron, maire sortant de Saint-Eustache

Voix des maires, voix du peuple

La décision du gouvernement fait totalement fi des inquiétudes environnementales, déplorent l’ensemble des opposants au projet. Ils soulignent que le terrain visé présente une haute valeur écologique.

Ces préoccupations environnementales étaient d’ailleurs au cœur d’une mobilisation citoyenne qui a réuni, il y a plusieurs jours, quelques centaines de manifestants devant les installations de Stablex à Blainville, pour dénoncer le projet d’expansion. Or, refuser d’écouter la voix des maires et des mairesses, fait valoir Pascal Quevillon, c’est refuser d’écouter la voix du peuple qui les a élus.

Le maire ne pense pas qu’il y ait de solution possible pour établir un dialogue constructif avec le gouvernement.

« Honnêtement, ça va prendre un changement de gouvernement. Parce qu’avec le gouvernement actuel, ça fait plusieurs années qu’on négocie avec eux. Puis je crois que c’est peine perdue ».

Pas que Blainville

Le manque d’écoute du gouvernement ne se limite pas qu’à Blainville. Pascal Quevillon se rappelle avec peine les nombreux dossiers de sa municipalité qui moisissent sur la table du gouvernement.  Il en veut pour preuve le crime organisé qui, déplore-t-il, prend de l’ampleur à Oka, dénonçant l’inaction gouvernementale. Les gens de la communauté, affirme-t-il, sont les premières victimes de cette inaction. « Ils craignent de parler, ils ont peur des représailles, ils n’ont pas de sécurité sur leur territoire […] »

Par ailleurs, il dénonce le sous-financement du transport en commun qui crée, selon lui, « un déficit très important ».