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Mirabel célèbre ses saveurs et ses racines

Photo Dany Baribeau –

Le marché public de Mirabel réunit producteurs et familles, célébrant dix ans de rencontres et de découvertes locales.

Mirabel célèbre ses saveurs et ses racines

Publié le 22/08/2025

Dix ans déjà que le marché public de Mirabel sert de passerelle entre producteurs, restaurateurs et citoyens.

Né d’une volonté de rapprocher la ferme et l’assiette, il est devenu au fil des années un moteur d’achat local et un point de rencontre intergénérationnel.

François Bélanger, maire de Mirabel, croit que ce succès repose autant sur la qualité des produits que sur l’expérience humaine : « On repart d’ici enrichi. Les producteurs prennent le temps de nous parler de leurs produits, de nous suggérer des recettes. On revient à la maison avec de nouvelles idées et une fierté de cuisiner local. »

François Bélanger insiste aussi sur l’importance de cette vitrine : « Le marché public, ça permet de stimuler des petits producteurs qui, peut-être, n’auraient pas pris la décision de se lancer. Mais ici, tu les vois : leurs produits partent tellement vite que certains doivent retourner à la ferme chercher des caisses entières de légumes. »

L’achat local, relancé fortement pendant la pandémie, a connu un ralentissement par la suite avec la hausse du coût de la vie. Mais François Bélanger y voit une tendance durable : « Je crois que c’est encore là. Avec des campagnes qui stimulent l’achat local, les gens reviennent. Et surtout, ils comprennent que c’est une façon de combattre l’inflation alimentaire. »

La fierté, pour lui, est aussi politique : « Quand je regarde un produit venu des États-Unis, je m’en passe. Acheter local, c’est aussi une manière de dire non à la dépendance. Si on n’encourage pas nos producteurs, notre marché va disparaître, alors que c’est probablement lui qui va nous nourrir dans deux ou trois ans, vu la situation avec les Américains. »

L’érable, produit identitaire

Au-delà du marché du terroir, Mirabel a bâti sa stratégie sur un symbole fort : l’érable. « C’est notre produit identitaire. On s’est assis avec toute la communauté et c’est l’érable qui s’est imposé comme produit fort », raconte Stéphane Michaud, directeur du parc du Bois-de-Belle-Rivière. La ville se proclame même « capitale internationale de l’érable », et multiplie les initiatives : Mirabel fête l’érable par exemple. Encore une fois cette année, le 20 et 21 septembre, au Parc éducatif du Bois-de-Belle-Rivière, des juges invités détermineront les meilleurs bières à l’érable et sirops d’érable du Québec.

« L’érable, ça nous distingue et ça nous identifie », répète Michaud. « On veut le repositionner dans le calendrier, pas seulement au temps des sucres. À l’automne aussi, il doit être présent, parce que l’érable, c’est un sucre naturel, un produit sain. »

Portrait d’un fidèle : Gérard et ses fils

Parmi les visages familiers du marché, il y a Gérard, fidèle depuis la toute première édition. Derrière son kiosque garni de courges, de poivrons et surtout d’ail sous toutes ses formes — blanc, noir, en poudre — lors d’un rare moment d’accalmi à son kiosque, il nous raconte que l’entreprise est désormais entre les mains de ses fils jumeaux, Alan et Glenn, établis sur la Côte-des-Saints.

Avec passion, il initie les visiteurs à l’ail noir, obtenu par fermentation. « C’est complètement différent, explique-t-il. Le goût est sucré, avec une touche balsamique, et cette saveur umami qu’on retrouve dans la cuisine asiatique. » Une spécialité qui attire les curieux et symbolise bien la créativité des producteurs d’ici.

Une transmission entre générations

Pour François Bélanger et Stéphane Michaud, l’achat local n’est pas qu’une question d’habitudes. « On est dans une logique intergénérationnelle. Quand les enfants s’approprient ces valeurs-là, ça devient naturel. C’est pour ça qu’on multiplie les actions dans les écoles avec la brigade nourricière, ou encore les jardins communautaires », commente Michaud.

Et d’ajouter : « Le marché public, ce n’est pas seulement un lieu de vente. C’est un lieu de souvenirs. Moi, je me souviens d’aller au marché avec ma mère quand j’étais jeune. Aujourd’hui, on recrée ça pour les familles d’ici. »

Le maire partage aussi son propre souvenir : « J’allais au marché central avec mon père. Mon père était épicier, il avait une petite épicerie. On partait à 5 h 30 du matin pour aller chercher des poches de patates, des fraises, et on revenait avec le camion plein. À 13 ans, je préparais déjà les sacs de 5 et 10 livres. C’était une autre époque, mais c’est resté gravé. »

Un marché qui dépasse l’alimentation

Le marché public, c’est aussi un espace qui s’ouvre à d’autres enjeux. Cette année, l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ) y tenait un kiosque. Les visiteurs pouvaient s’informer sur l’électrification des transports et même essayer un véhicule électrique. Une présence qui illustre bien le rôle élargi du marché : un carrefour où alimentation, environnement et innovation se croisent.

En soufflant ses dix bougies, le marché public de Mirabel prouve qu’il est plus qu’un lieu d’achat : c’est un espace de transmission, de fierté et de résilience. « On commence à être un exemple pour les autres régions », croit François Bélanger.

Pour Michaud, l’objectif est clair : « Il faut garder le momentum. On est dans le bon sens. Mirabel peut devenir une inspiration pour d’autres villes. »

Ici, chaque produit raconte une histoire, chaque rencontre nourrit la mémoire collective, et chaque geste d’achat devient une manière de construire l’avenir.