Des avancées considérables s’observent au pays en matière de droits des femmes, mais beaucoup de chemin reste à parcourir. Linda Lapointe, députée de Rivière-des-Mille-Îles, présente des chiffres accablants sur les victimes de féminicide. Élue présidente du caucus libéral des femmes, elle entend faire avancer la cause féminine. L’autonomie financière et la lutte contre les féminicides constituent ses principaux chevaux de bataille.
Elle écrit sur sa page Facebook « depuis 2018, plus de 1 000 femmes ont été victimes de féminicide au Canada. En 2024 seulement, 187 femmes et filles ont perdu la vie de façon violente, et environ 50 autres ont été tuées depuis le début de l’année 2025. » Ces chiffres, insiste-t-elle, « nous rappellent pourquoi notre engagement doit rester ferme et constant ».
L’enjeu de l’autonomie financière est central pour l’élue. Elle en veut pour preuve les services de garde abordables, une mesure phare du gouvernement Trudeau qui a permis d’établir des places à 10 $ par jour partout au Canada, alors que les coûts, dans certaines provinces, oscillaient entre 1 500 $ et 2 000 $ par mois par enfant.
« Cette politique a un impact direct sur le taux d’employabilité des femmes sur le marché du travail », souligne-t-elle. « Ultimement, quand les femmes arrivent à la retraite, leur pension est meilleure. Elles sont moins en situation de pauvreté. »
Selon Linda Lapointe, cette autonomie financière est fondamentale, car elle permet aux femmes de « choisir leur vie » et d’être « dans des situations qui leur conviennent par désir et non par obligation ».
Une vision systémique du changement
Linda Lapointe a une conception globale de la condition féminine. Elle estime que la stratégie pour freiner les reculs passe par un front commun de toute la société. « Si on fait améliorer le sort des femmes dans notre société canadienne, ça touche les hommes aussi. »
« Il n’y a pas de femmes, il n’y a pas d’hommes. On est interreliés », soutient Mme Lapointe, soulignant son ouverture aux alliés masculins « [..] actifs dans cette cause. Ils sont présents, engagés, et jouent un rôle important au sein de notre caucus. »
Déterminée à transformer les enjeux féministes en priorités gouvernementales plus concrètes, celle qui était vice-présidente du caucus de 2015 à 2019 décrit la structure qu’elle dirige comme « unis par une même volonté d’avancer ensemble. »
Sur les 169 députés libéraux, 68 sont des femmes, soit 40 % de l’effectif, ce qui place le parti dans la « zone paritaire ». Actuellement, huit hommes participent régulièrement aux travaux du caucus national. La députée est convaincue que cette collaboration est essentielle pour faire progresser les droits des femmes.
Cette inclusion se reflète avec la nomination de Tim Louis comme vice-président, incarnant cette alliance masculine, aux côtés de Viviane Lapointe, vice-présidente francophone, Emma Harrison, vice-présidente anglophone et Alana Hirtle, trésorière.
Des droits menacés au sud de la frontière
L’évolution des droits des femmes aux États-Unis, particulièrement en matière d’accès à l’avortement, constitue une véritable inquiétude pour la nouvelle présidente du caucus libéral des femmes. « Dans plusieurs États, aux États-Unis, on a remis en question le droit à l’avortement, le droit de choisir », déplore-t-elle, craignant que cette situation influence les décisions au Canada.
« Ce qui se passe au sud de la frontière a un impact sur nous présentement. Et on sent qu’il y a un vent d’aller plus vers la droite sur les droits de la femme. »
D’ailleurs, elle observe des tentatives similaires au pays, affirme-t-elle. « Les projets de loi privés des conservateurs qui sont de la droite religieuse ont continuellement essayé d’amener des projets de loi sur les droits de choisir pour mettre une brèche au niveau du droit de l’avortement ».
Madame Lapointe annonce que le caucus organisera cet été une retraite stratégique pour « définir nos priorités stratégiques à mettre à l’agenda gouvernemental. »
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